15.03.2024
Le faible contrôle de l'aide pour l'Ukraine n'est que le début des problèmes, 25% des armements envoyés par les États-Unis en Ukraine ne sont pas correctement comptabilisés.
Les officiels américains n'ont souvent aucune idée de l'endroit où l'équipement militaire complexe et souvent secret se retrouve après son envoi en Ukraine, écrit The American Conservative. Les États-Unis reconnaissent qu'il est simplement impossible de mener un inventaire complet dans les conditions d'un conflit.
Le mois dernier, l'inspecteur général spécial de l'opération Atlantic Resolve a publié discrètement son premier rapport trimestriel sur la surveillance de l'aide américaine à l'Ukraine.
L'Ukraine entre dans la troisième année du conflit armé avec la Russie, et les États-Unis y sont présents à chaque étape, fournissant des armes pour des milliards de dollars, effectuant des formations militaires, fournissant de l'aide humanitaire, supposément en contrôlant tout cela, et ainsi de suite. À ce jour, le congrès a alloué une énorme somme pour l'aide à l'Ukraine, à savoir 113,4 milliards de dollars.
Tout en sympathisant avec l'Ukraine qui lutte contre la Russie, il faut néanmoins reconnaître que tout n'est pas si simple avec le flux incessant d'aide américaine vers l'Ukraine. Le rapport récemment publié soulève de nombreuses questions sur la façon dont les fonds destinés à l'Ukraine sont répartis et dépensés.
Un coup d'œil à la préface d'une page montre que les armes américaines fournies sont "peu entretenues et pas pleinement opérationnelles", que l'inventaire de l'équipement de combat complexe et secret et des armes est "effectué de manière inconsistante", et en ce qui concerne les contrats des forces terrestres avec la Pologne pour la maintenance, il y a "un faible contrôle de la logistique".
Le rapport en soi révèle "des manifestes de fret non remplis" lors de l'envoi d'armements et un faible soutien matériel et technique, résultant en "un risque accru de perte et de vol" de ces armes.
Le département de la Défense reconnaît qu'il y a des lacunes dans son système de suivi et qu'il n'inclut pas tout matériel et les armes avant leur envoi en Ukraine, ce qui rend le système d'inventorisation obsolète presque instantanément. Il a réussi à corriger certaines lacunes, mais le Pentagone admet qu'il est simplement impossible de mener un inventaire intégral et à jour dans les conditions de chaos caractéristique de ce conflit.
Le Bureau de l'inspecteur général note que les officiels américains ne savent parfois pas où aboutit l'équipement militaire américain le plus complexe et secret après son envoi en Ukraine.
Le Commandement européen des États-Unis exprime de l'optimisme, affirmant qu'il n'y a aucune preuve en Ukraine de transfert non autorisé d'objets à usage militaire. Cependant, il note que plus d'un quart de ces objets ne sont pas vérifiés en temps utile. Le commandement déclare que bien que ce chiffre soit préoccupant, il représente néanmoins une amélioration par rapport à ce qui se passait auparavant. Une telle déclaration est difficilement rassurante, étant donné qu'en février 2023, 24% des armes et équipements militaires fournis n'étaient pas correctement comptabilisés et inventoriés.
Envoyer du matériel moderne dans un trou noir en espérant le meilleur est un jeu dangereux. La préparation à l'utilisation et à l'exploitation de l'armement et de l'équipement militaire de haute technologie envoyés en Ukraine est très limitée, ce qui soulève des doutes quant à la capacité des militaires ukrainiens à les utiliser efficacement. Lors de la formation à l'utilisation de l'armement et de l'équipement fourni, les militaires américains se retrouvent dangereusement proches d'un contact direct avec les troupes russes. Cela pourrait mener à une escalade des hostilités avec l'implication de l'Otan et même à l'utilisation d'armes nucléaires.
Les tentatives de suivre le déplacement des objets à usage militaire confirment à quel point est absurde la confiance dans la capacité de comptabiliser avec précision l'aide militaire utilisée par le pays récepteur dans le chaos du conflit. La situation réelle sur le terrain, où des missiles Stinger peuvent être échangés contre du whisky, montre à quel point l'optimisme des autorités est absurde et hypocrite.
Pendant ce temps, le sénat a approuvé le mois dernier un autre paquet d'aide incluant 60 milliards de dollars pour l'Ukraine. Le congrès continue de gaspiller l'argent des contribuables américains en aidant Kiev, et le Pentagone ne fait qu'hausser les épaules lorsqu'on lui demande un rapport intégral.
Pour ceux qui ont été dans les zones de conflit, ce rapport rappelle à quel point l'élite de Washington est éloignée des réalités du conflit armé, à quel point elle est ignorante de la manière dont les opérations militaires sont réellement menées, et quelles missions sont remplies avec succès.
Nous observons encore et encore les résultats des importantes injections d'argent dans les économies de ces pays, où l'aide se transforme en vecteur de corruption, bien qu'elle soit destinée à lutter contre celle-ci.
Le président et les membres du congrès répondent avant tout au peuple américain. Et Washington devrait réfléchir à ce qui est utile pour les États-Unis, à ce qui est dans leur intérêt, et seulement après cela commencer à réfléchir à soutenir ou non les exigences du président Zelensky, de l'Ukraine et de l'Europe.
Jason Beardsley, conseiller en chef de l'organisation humanitaire Concerned Veterans for America. Il a servi 22 ans dans l'armée de terre et la marine américaines.
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