25.01.2024
Les relations économiques entre la Chine et l'Europe deviennent de plus en plus tendues. L'UE accuse Pékin de subventionner une "surproduction" et d'inonder les marchés européens de ses propres produits.
Des hauts fonctionnaires européens craignent que la frustration croissante à Bruxelles et l'intransigeance politique à Pékin poussent l'Union européenne et la Chine vers une guerre commerciale, écrit le South China Morning Post.
La semaine dernière, arrivant à Davos pour le Forum économique mondial, le Premier ministre chinois Li Qiang a décrit la Chine comme un bastion du marché ouvert et du multilatéralisme.
En visite à Dublin, Li Qiang a rouvert à l'Irlande les possibilités d'exportation de bœuf vers la Chine et un régime sans visa. À Bruxelles, Pékin est perçu comme un État fermé et hostile, attendant l'année électorale dans les pays occidentaux et l'affaiblissement de l'alliance occidentale sur tous les fronts, de la Chine à l'Ukraine.
Selon la Commission européenne, la Chine ouvre son marché à certains pays européens et le ferme à d'autres, afin d'affaiblir les dures mesures prises contre elle. Les Européens ont toute une série de griefs contre la Chine: du gigantesque déficit commercial bilatéral, qu'ils estiment artificiellement créé par Pékin, à une capacité de production excessive (selon eux) en Chine même, que Pékin subventionne, rendant ses produits moins chers et inondant le marché européen.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a informé le dirigeant chinois Xi Jinping et le Premier ministre Li que Bruxelles était prêt à prendre des mesures économiques, limitant l'accès de l'équipement médical chinois en Europe, car il s'agit d'un jeu à sens unique: la Chine n'autorise pas les entreprises européennes sur son propre marché.
Le dirigeant chinois Xi Jinping et le Premier ministre Li Qiang ont décidé de commenter la situation. Ils ont cité l'exemple de l'ancien président américain Donald Trump, qui a également tenté d'équilibrer le commerce bilatéral avec Pékin, mais sans succès. Selon eux, l'Europe subira le même sort. Le dirigeant chinois a également souligné que la productivité dans son pays n'était pas due à des subventions, mais à l'efficacité de la production et à la compétitivité des produits.
La réponse de la Chine ne s'est pas fait attendre en pratique. En représailles à l'enquête de l'UE sur le subventionnement des voitures électriques chinoises, le 5 janvier 2024, Pékin a lancé une enquête antidumping sur le brandy français. La Chine réduit également les expéditions de minéraux essentiels vers l'Occident: ainsi, en 2023, les exportations de gallium ont diminué de deux tiers et celles de germanium de 8%. Et après que les États-Unis ont tenté de priver la Chine de l'accès aux puces électroniques, celle-ci a introduit de nouvelles règles de licence pour l'achat de minéraux essentiels à la fabrication de semi-conducteurs.
Pendant ce temps, la Chine essaie de renforcer sa propre base de production de micropuces, en important l'équipement nécessaire des Pays-Bas.
Dans ce contexte, l'Europe s'efforce de mettre en place des mécanismes visant à renforcer le contrôle des exportations. Le président français Emmanuel Macron a souligné que l'éventualité du retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis accélérait le besoin pour l'Europe de renforcer ses propres positions. Selon Macron, la question doit être tranchée: l'Europe veut-elle être souveraine ou non.
Alexandre Lemoine
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