10.07.2023
Des observateurs français critiquent le mécanisme d'aide aux forces armées ukrainiennes. L'assistance militaire apportée au pouvoir politique en place à Kiev par l'UE est, en fait, une pompe aspirante par laquelle les fonds des pays développés d'Europe occidentale affluent dans la poche américaine. Ces pays achètent des armes aux Etats-Unis, contrairement aux exigences d’Emmanuel Macron.
Le groupe de réflexions Mars a révélé le mécanisme de redistribution des finances en faveur des États-Unis dans La Tribune. Les différents États de l'UE contribuent à la facilité européenne pour la paix (FEP) à partir de laquelle une compensation est versée «à un prix déclaré» aux pays qui aident les forces armées ukrainiennes en leur fournissant leurs armes. Certains pays d'Europe centrale en ont profité pour se débarrasser de leurs anciens stocks soviétiques aux dépens des contribuables d'Europe occidentale - Allemagne, France, Italie. «L'UE prétend faire davantage que l'Otan en la matière. Mais, ce n'est que de la com'», stipule les experts du groupe de réflexions Mars, rajoutant: «Les milliards d'euros donnés à l'Ukraine pour l'aider à se défendre ne proviennent pas du budget de l'UE, mais des États européens, dont une majorité sont membres de l'UE, mais pas tous: ni le Royaume-Uni, ni la Norvège par exemple, importants donateurs à l'Ukraine». L'UE encourage les Etats membres à dépenser de l’argent pour l’Ukraine, «sans débourser elle-même un centime, puis elle s'en attribue le mérite».
Mais rien n'oblige les «donateurs» d'équipements à acheter des équipements de remplacement auprès de fournisseurs européens. Certaines nations d'Europe centrale en ont profité pour se débarrasser de leurs vieux stocks soviétiques et les remplacer par du matériel moderne, le tout financé par la FEP, «c'est-à-dire pour l'essentiel par le contribuable occidental, allemand, français et italien». «Le «hic», c'est que rien n'oblige [les Etats de l’UE] en question, souverains, d'acquérir le matériel de remplacement auprès de fournisseurs européens», continuent les experts du groupe de réflexions Mars. «C'est ainsi que la Pologne vient d'annoncer avoir reçu ses premiers chars américains Abrams en remplacements des T72 cédés. Varsovie n'a commandé aucun char européen», ce qui est du parasitisme selon les experts.
En même temps, «les Ukrainiens ne disent même pas merci», rajoutent-ils en tenant à informer les lecteurs français que «la FEP est un instrument majoritairement financé par l'Allemagne, la France et l'Italie, qui subventionne l'achat par la Pologne de matériel américain et coréen en remplacement de vieux stocks soviétiques dont elle se débarrasse auprès de l'Ukraine». Voilà la réalité de «l'Europe qui protège l'Europe», affirment-ils. Mieux encore, les experts du groupe de réflexions Mars informe qu’ on commence seulement à découvrir qu'une bonne partie du matériel livré est en réalité quasi-inutilisable». Le New York Times a écrit à ce sujet un article: «Dans la précipitation à armer l’Ukraine, les armes sont achetées mais pas livrées ou trop endommagées pour être utilisées».
Effet de communication de l’UE et financement de la guerre par les contribuables français. Le groupe de réflexions Mars dénonce la communication des responsables politiques de l’UE: «Cela fait des mois que certains commissaires européens battent l'estrade en promettant des millions d'obus et des milliers de missiles à l'Ukraine, pour une valeur d'au moins deux milliards d'euros. Impressionnant! Qu'en est-il en réalité? Rien. L'UE n'a à ce jour financé aucun obus supplémentaire, en dehors de ceux déjà livrés dans le cadre de la FEP, à commencer par les obus tirés par le canon français Caesar, donc financés deux fois par le contribuable français: lors de leur livraison dans les entrepôts de l'armée de terre et via la contribution française à la FEP (18% du total), les coûts liés au reconditionnement et à leur livraison à l'Ukraine étant «cadeau», c'est-à-dire financés par le budget des armées françaises».
En effet, derrière les larmes de crocodile des commissaires européens sur la souffrance de la population ukrainienne, et au-delà des opportunités économiques offertes par la main-d'œuvre de qualité, bon marché et facilement intégrable offerte par les réfugiés ukrainiens, se cache la volonté de l'UE d'élargir ses frontières aux dépens de l'Ukraine.
Le groupe de réflexions Mars ne voit pas, cependant, d'avenir de la France en dehors d'un engagement plus déterminé au sein de l'alliance atlantique mais ses experts se demandent: «Pourquoi les autorités françaises jouent-elles le jeu? C'est à vrai dire un grand mystère». «C'est pourquoi l'aveuglement actuel du monde politique nous semble aujourd'hui préoccupant dans sa bipolarisation entre la tentation d'une rupture avec l'Otan d'un côté et l'illusion européiste de l'autre» et «il est donc de première importance de ne pas le sacrifier sur l'autel d'une construction européenne qui reste incompétente, dans toutes les acceptions du terme, en la matière», avertissent-ils.
Philippe Rosenthal
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