23.11.2022
En cas de crise, la première chose à laquelle tout le monde pense, c'est à sa propre économie. Les Etats-Unis sont un pays déchiré intérieurement. La lutte de pouvoir entre démocrates et républicains menace de paralyser le pays. Et, les camps politiques semblent se radicaliser de plus en plus.
Les Etats-Unis ont voté en en août dernier la loi sur la réduction de l'inflation de 2022 (The Inflation Reduction Act of 2022 (IRA) qui vise à freiner l'inflation en réduisant le déficit, en abaissant les prix des médicaments sur ordonnance et en investissant dans la production d'énergie nationale tout en promouvant l'énergie propre, tout en créant des emplois.
Levée de boucliers en Europe. L'Europe entend «donner une réponse sérieuse» aux Etats-Unis sur l'entrée en vigueur le 1er janvier de cette loi américaine de réduction de l'inflation. Les mesures envisagées par les autorités de l'UE pourraient conduire à une guerre commerciale transatlantique, écrit Politico. Comme le note le média anglophone, en Europe, en général, et en Allemagne en particulier les élites politiques sont «déçues que Washington ne propose pas d'accord de paix». «Les craintes de l'Europe sont liées au paquet de 369 milliards de dollars de subventions et d'allégements fiscaux pour soutenir les entreprises vertes aux Etats-Unis qui entrera en vigueur le 1er janvier», stipule Politico.
La loi sur la réduction de l'inflation de 2022, qui prévoit des réductions d'impôts, des avantages dans le domaine de l'approvisionnement énergétique pour les entreprises s'ouvrant aux Etats-Unis, a été signé par le président américain Joe Biden en août dernier. Pour les Européens, cette loi est dangereuse car elle pourrait inciter les entreprises à déplacer les investissements depuis l'Europe et inciter les clients à «acheter américain» lorsqu'il s'agit d'acheter des véhicules électriques. Cela exaspère les principaux constructeurs automobiles européens de France et d'Allemagne. En effet, la loi sur la réduction de l'inflation de 2022 précise bien que «les 369 milliards de dollars» sont «pour l'énergie propre afin de lutter contre la crise climatique, avec un soutien historique pour les véhicules électriques et l'énergie propre».
Le retour de «l’America First». Le moment de cette mesure protectionniste des Etats-Unis tombe très mal pour les économies des pays de la zone euro et en particulier pour l'Allemagne qui panique ouvertement à l'idée de voir que plusieurs de ses principales entreprises – en partie stimulées par la flambée des coûts de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine par la Russie – ferment leurs opérations sur le sol allemand pour investir ailleurs. Politico avertit: «La dernière chose dont Berlin a besoin, c'est d'encore plus d'encouragements pour que les entreprises quittent l'Europe, et l'UE veut que les Etats-Unis concluent un accord dans lequel leurs entreprises peuvent profiter des avantages américains». D'éventuelles mesures envisagées en Europe, en réponse à la loi américaine, pourraient être des protestations «largement symboliques» auprès de l'OMC.
Cependant, «l'affrontement pourrait facilement revenir aux batailles tarifaires dans l'esprit de vengeance (en faisant une chose similaire) comme ce qui avait été initiée par l'ancien président américain, Donald Trump, à son époque», prévient Politico. A ce moment, l'UE – comme le Business Standard l'indiquait – a envisagé des réponses vengeresses aux tactiques tarifaires de Donald Trump. «Les relations de l'Europe avec les Etats-Unis ont été poussées à l'extrême par la politique étrangère du «America First» du président Donald Trump», relatait, ainsi, le média financier.
Guerre économique. Et, cela est, de nouveau, le cas entre les Etats-Unis et l'UE, annonçant une guerre économique. En effet, en cas de crise, la première chose à laquelle tout le monde pense, c'est à sa propre économie. En 2019, Hosuk Lee-Makiyama, directeur du Centre européen d'économie politique internationale à Bruxelles, avait, selon Business Standard, lancé: «L'Europe est acculée et doit riposter». L'UE est aujourd'hui dans la même position et s'apprête à riposter aux Etats-Unis en répondant à la guerre économique déclarée par les Etats-Unis contre -pourtant- ses alliés, notamment au sein de l'Otan.
Observateur Continental avait analysé avant le conflit actuel entre Moscou et Kiev que «Washington a besoin d'une guerre et cherche à y entraîner la Russie» en provoquant une déstabilisation de l'Ukraine. Encore, toujours avant le conflit en Ukraine, Observateur Continental montrait la position de l'Allemagne, qui voyant le coup manichéen des Etats-Unis, voulait continuer à commercer et travailler avec la Russie: «L'Allemagne tourne le dos aux Etats-Unis au profit de la Russie».
Avant l'arrivée de l'hiver, Berlin a, cependant, sous la pression du fort lobby US dans ce pays, décidé de suivre aveuglément la politique antirusse des Etats-Unis, poussant à refuser l'arrivée de gaz russe via Nord Stream 2 alors qu'il ne suffisait que de tourner le robinet dans le bon sens pour accéder au gaz. Et, alors que la population allemande commençait à réclamer ce gaz pour cet hiver et pour son industrie, le sabotage sous-marin est intervenu. Maintenant, les responsables politiques et les industriels allemands, voyant le jeu américain accouchant d'une traîtrise, commencent à ruer dans les brancards pour menacer les Etats-Unis de rétorsions commerciales.
Pour Politico, «si cette querelle devient incontrôlable, cela conduira à une guerre commerciale, ce qui terrifiera les Européens assiégés». Dans un premier geste, l'UE, donc, devrait protester de manière symbolique à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais, «l'affrontement pourrait facilement retomber précipitamment vers les batailles tarifaires vengeresses de l'époque de l'ancien président américain, Donald Trump», met en garde Politico. Depuis août dernier, les médias allemands ne cessent pas de dénoncer l'action des Etats-Unis contre l'économie européenne.
Déjà en octobre dernier, Heise titrait: «Les Etats-Unis et l'Europe se dirigent vers une guerre commerciale». Le média allemand déclarait que «les USA sont une puissance protectrice avec une date d'expiration».
Olivier Renault
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