08.09.2022
Les États-Unis sont prêts à déstabiliser les Balkans dans le cadre de leur stratégie d'utilisation de la région balkanique afin de minimiser des pertes de réputation à cause de la crise ukrainienne et réprimer la "dissidence" éventuelle dans les pays de l'UE.
Les Américains renforcent la présence des forces de l'Otan dans la région, notamment au Kosovo. Bien évidemment, disent-ils, cela a lieu à la demande du dirigeant kosovar Albin Kurti "au vu des menaces émanant de la Russie et de la Serbie".
Washington maintient le problème du Kosovo dans un état constamment attisé, car le règlement définitif de cette question ne serait pas bénéfique. Les États-Unis veulent utiliser le conflit qui se consume et d'autres leviers d'influence pour pousser à bout la Serbie et la transformer en un vassal à l'instar de l'Albanie, de la Macédoine du Nord et du Monténégro. D'autant que le problème irrésolu du statut du territoire sème la discorde entre les pays de l'UE et permet à Washington de jouer sur les contradictions des Européens.
Voici le scénario qui se profile. À un moment donné, les Américains profiteront de l'occasion en provoquant à travers Pristina une confrontation avec la Serbie et annonceront la nécessité de s'ingérer militairement en projetant des forces supplémentaires à la base de Bondsteel.
C'est ensuite le tour de la Bosnie-Herzégovine. Les Américains pousseront les Bosniaques à relancer les poursuites pénales contre Milorad Dodik et son fils Igor. La commission électorale bosniaque a annoncé sous ce prétexte l'éventuel retrait de la candidature de Milorad Dodik aux élections. La République serbe explose, les Serbes "démantèlent" toute la présence internationale, y compris le Bureau du Haut représentant et la mission de maintien de la paix en Bosnie-Herzégovine Althea. Les Américains envoient un contingent de l'Otan en Bosnie (notamment par une projection depuis le Kosovo), arrêtent (isolent) Milorad Dodik et transforment la Bosnie-Herzégovine en État centralisé.
La Serbie n'ose pas utiliser la force militaire, reste solitaire et perd définitivement le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine.
Étape suivante: le changement de pouvoir à Belgrade par un régime entièrement subordonné aux Américains, la destruction des vestiges d'autonomie du peuple serbe, son appauvrissement et sa transformation en une colonie. L'UE soutient la propagande américaine sur "l'influence néfaste" de la Russie et verse de l'argent pour un entretien convenable de l'économie des pays des Balkans afin d'éviter une nouvelle guerre.
Il est évident que Belgrade devrait sérieusement songer à sa propre sécurité, défendre fermement les positions des Serbes, ne pas flirter avec l'opposition en République serbe de Bosnie-Herzégovine et, qui plus est, avec les Américains et les "hauts représentants" qu'ils contrôlent.
Alexandre Lemoine
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