08.07.2022
La vie a repris dans l'Assemblée nationale. La déclaration de politique générale de la première ministre, Elisabeth Borne, a, de nouveau, montré la volonté de «bâtir des majorités de projet» en obtenant une coalition pour mener, au final, la politique macroniste.
Une pierre noire pour la démocratie. Le discours de Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire LFI-Nupes, en réponse à la Première ministre, Elisabeth Borne, le 6 juillet 2022 à l’Assemblée nationale, vient dézinguer le plan présidentiel. «Le Président (Emmanuel Macron) a été élu sans mandat, et voici venue sa Première Ministre sans confiance», a débuté Mathilde Panot. «Ce mercredi 6 juillet est une date à marquer d’une pierre noire pour la démocratie. Madame Elisabeth Borne vous devenez officiellement la Première Ministre d’un gouvernement minoritaire. Vous êtes, bel et bien, chargée de conduire la politique de la Nation par le seul fait du prince. Vous ne devez votre place qu’à un Président de la République lui-même élu par défaut», a-t-elle rajouté. Mathilde Panot argue que «l’exercice auquel nous nous prêtons ici est une mascarade» car «nous parlerons chacun une dizaine de minutes, avant que vous ne rentriez tranquillement à Matignon». C'est qu'Elisabeth Borne a refusé de se soumettre au vote de confiance, de peur de ne pas l’obtenir. «En Macronie, l’essentiel est de simuler la démocratie pour mieux la bafouer», a encore rajouté la députée LFI du Val-de-Marne.
Une minorité de blocage. Mathilde Panot annonce que la Macronie veut «la guerre sociale» en adoptant «la retraite à 65 ans» et «le conditionnement du RSA au travail gratuit» et que, donc, son groupe parlementaire doit être une minorité de blocage aux projets de lois d'un gouvernement minoritaire d'autant plus que la Macronie avec Ensemble considère LFI comme étant «hors du champ républicain». La déclaration du nouveau ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, affirmant que «certaines attitudes de la France insoumise (LFI) la plaçaient à la ''limite'' du camp démocratique et républicain» révèle le mépris profond de la classe politique au gouvernement actuellement envers l'opposition et la vie démocratique. En effet, ces députés ont été élus durant les dernières élections législatives par les citoyens français. Cette sortie confirme l'existence d'un basculement dans le fonctionnement de la démocratie en France. Le ministre de l’Education nationale a, d'ailleurs, renvoyé dos à dos l’attitude des députés de la France insoumise et du Rassemblement National (RN).
Pap Ndiaye n'est pas le seul à traiter des partis politiques démocratiquement élus à l'Assemblée nationale comme étant à la limite du camp démocratique. Mathilde Panot évoque le Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui «nous désigne comme ''ses ennemis''». La députée LFI martèle que le parti politique d'Elisabeth Borne a «en horreur tout ce qui s’apparente à une opposition démocratique et qui permet de faire vivre l’alternative dans ce pays». Gérald Darmanin, alors qu'il était invité de RMC/BFMTV, a expliqué considérer les députés du Rassemblement national (RN) et de La France Insoumise (LFI) comme des «ennemis».
Le camp présidentiel a, par l'intermédiaire, de ministres clairement annoncé sa position concernant la présence de partis politique pourtant élus démocratiquement dans le pays. Le refus d'Elisabeth Borne d'engager le vote de confiance devant le Parlement rajoute au discrédit du fonctionnement démocratique en France. Mathilde Panot a mis le doigt où cela fait mal en déclarant que «l’exercice auquel nous nous prêtons ici est une mascarade».
Philippe Rosenthal
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs
Abonnez-vous à notre chaîne Telegram: https://t.me/observateur_continental