28.06.2022
L'éventualité d'une récession dans l'économie américaine est évoquée depuis le début de l'année. Toutefois, on estimait il y a quelques mois que le déclin commencerait seulement l'an prochain. La guerre de sanctions de l'Occident a provoqué une flambée des prix inflationniste dans le monde entier.
La Maison Blanche a déclaré que l'inflation était la menace principale pour la stabilité sociale et a incité la Réserve fédérale américaine (Fed) à augmenter le taux directeur. En juin, sa hausse s'est élevée à 75 points de base (la dernière fois, une augmentation aussi importante avait été enregistrée en 1994). Le taux directeur se trouve déjà à hauteur de 1,75%, alors que le chef de la Fed Jerome Powell promet une nouvelle hausse.
En été, la banque centrale américaine a entamé la vente de titres du Trésor et hypothécaires de son portefeuille. Cela signifie une réduction de la masse monétaire. La manipulation du taux directeur et la vente des titres ont considérablement augmenté le risque d'un déclin économique. Jerome Powell a reconnu pour la première fois, le 23 juin, qu'il n'écartait pas l'éventualité d'une récession dans le pays.
La chef du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva s'est exprimée avec prudence quant à la probabilité d'une crise dans l'économie américaine. Le FMI ne prédit pas de récession, mais constate qu'il y aura une baisse notable de la croissance économique. Kristalina Georgieva a insinué prudemment la probabilité d'une récession: "Nous attendions un ralentissement de l'économie américaine. Nous comprenons que la voie pour éviter une récession aux États-Unis se rétrécit."
L'incertitude des appréciations est due à la politique économique floue et contradictoire de l'administration Biden. Les sanctions ont porté sérieusement atteinte à l'Occident, dont les États-Unis, sous la forme d'une inflation sans précédent. Une lutte se déroule actuellement en Amérique autour de l'initiative de Joe Biden d'interdire les exportations de pétrole et de produits pétroliers afin de faire baisser les prix de l'essence dans le pays. Cependant, cette démarche ne fera qu'exacerber l'inflation dans d'autres pays occidentaux.
L'administration Biden se focalise uniquement sur le problème de l'inflation. Alors que la récession est quelque chose de lointain pour eux. Les élections de mi-mandat au Congrès se tiendront le 8 novembre et, selon l'équipe de Joe Biden, les sentiments de l'électorat sont déterminés en grande partie par les prix dans les magasins, les stations-service et les restaurants.
Par ailleurs, la plupart des experts pensent que la crise commencera cette année. C'est notamment l'avis des analystes de la banque Wall Street Goldman Sachs et du professeur de l'université de York Nouriel Roubini, qui avait prédit la crise financière de 2008.
Le 1er juin (avant la dernière hausse du taux directeur par la Fed), le patron de la banque américaine JP Morgan Chase Jamie Dimon, lors d'une conférence financière à New York, était particulièrement préoccupé par le ciel qui s'assombrissait au-dessus de l'économie américaine: "Cet ouragan approche. Simplement nous ignorons encore s'il sera faible ou très violent."
L'avis de Donald Trump était le plus résonnant parmi tous les pronostics concernant le déclin économique aux États-Unis. Le 20 juin, il a constaté: "Ce n'est pas quelque chose qui pourrait se produire dans deux ans… Nous sommes déjà en état de récession." Cette déclaration de Donald Trump n'est pas une exagération. L'ancien président américain a exprimé ce que ressent la majorité des Américains.
Le 17 juin, Newsweek a publié les résultats d'un nouveau sondage mené dans le cadre de l'évaluation de l'indice d'optimisme économique IBD/TIPP. En juin, selon cet indice, 53% des Américains pensent que leur économie est déjà entrée dans la récession, 25% ont hésité à répondre et seulement 20% estiment qu'il n'y a pas de récession dans le pays.
Cela correspond tout à fait à d'autres sondages qui cherchent à déterminer l'opinion des Américains concernant le pouvoir et les partis politiques. Les Américains s'inquiètent de plus en plus de l'incapacité de Joe Biden de gérer l'économie. Même les démocrates ne font pas confiance à ce dernier: selon un sondage, seulement 45% sont favorables aux actions du président, soit une forte baisse en glissement annuel, quand 80% des démocrates pensaient que le président gère bien l'économie.
Cela signifie qu'en novembre les démocrates pourraient perdre leurs avantages déjà fragiles au Congrès.
Toute la communauté internationale suit inquiète la récession économique qui s'abat sur les États-Unis. Car si une crise d'envergure y éclatait, comme ce fut déjà le cas, elle se répandrait à travers le monde.
Alexandre Lemoine
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs
Abonnez-vous à notre chaîne Telegram: https://t.me/observateur_continental