05.04.2022
La tension a grandi à cause de la situation pétrolière et la guerre en Ukraine.
Les relations se sont détériorées entre les États-Unis et les pays du Golfe, y compris l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU), écrit le quotidien Washington Post. Parmi les raisons du conflit: l'invasion russe en Ukraine ainsi que la réticence des EAU et de l'Arabie saoudite à augmenter la production de pétrole et substituer les livraisons russes sur fond de hausse des prix d'hydrocarbures en Occident. La Maison Blanche a qualifié d'insuffisamment articulée la "condamnation de Moscou" par les pays du Golfe, indique l'article.
Les pays arabes ont eux aussi des reproches envers l'administration Biden. Selon eux, les États-Unis sont incapables de réagir aux frappes de roquettes lancées par les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran, contre les pays du Golfe.
Tout aussi négativement a été perçue la volonté de la Maison Blanche de signer un nouvel accord nucléaire avec Téhéran "qui ne mentionne pas l'agression iranienne dans la région". En outre, les EAU déplorent le retard de livraison des chasseurs F-35 américains. Ce pays ne soutient pas non plus le dialogue qui se poursuit sur le Plan d'action global commun (PAGC), souligne le Washington Post.
Avant cela, les autorités américaines déclaraient que les sanctions des États-Unis contre l'Iran n'empêchaient pas le retour au PAGC. "En effet, ces sanctions ne sont pas liées à l'accord nucléaire iranien. Elles ne font que montrer ce que nous disions toujours: nous tiendrons responsable l'Iran pour l'élargissement de son programme balistique et la proxy-activité, soulignait la directrice des communications de la Maison Blanche Kate Bedingfield. Cela restera en vigueur indépendamment de notre retour ou non dans l'accord nucléaire."
Comme le rapportait l'agence Bloomberg, certains pays arabes ont fait part de leur volonté de signer un accord écrit avec les États-Unis qui leur garantirait un soutien militaire dans la lutte contre les Houthis du mouvement rebelle Ansar Allah. Les principaux initiateurs de cette décision, l'Arabie saoudite et les EAU, voudraient signer avec la Maison Blanche un accord global garantissant leur sécurité. Mais dans la situation géopolitique actuelle ils étudient également la possibilité de signer des accords bilatéraux séparés dans le secteur de la défense.
L'initiative des monarchies sunnites est liée aux attaques de plus en plus fréquentes de Houthis ainsi qu'au processus de retour à l'accord sur le nucléaire iranien. Cela pousse les adversaires régionaux traditionnels de l'Iran à s'entendre avec les États-Unis sur la création d'une nouvelle stratégie de sécurité pour le Moyen-Orient. Les propositions envoyées à la Maison Blanche par les pays du Golfe expriment des craintes pensant que le retour à l'accord nucléaire permettrait à l'Iran de renforcer le soutien militaire des Houthis.
Cependant, indique Bloomberg, les partisans d'un nouvel accord pourraient être confrontés à des difficultés, car pour ce faire il faudrait le soutien des deux tiers des sénateurs américains. Ce qui paraît difficile vu la situation politique extrêmement tendue à Washington. Les États-Unis avaient déjà reçu plusieurs fois de telles demandes, sans pour autant pouvoir obtenir un résultat concret.
Les médias écrivaient plus tôt que depuis le début du conflit en Ukraine les autorités émiraties et saoudiennes rejetaient résolument les requêtes de la Maison Blanche d'organiser des pourparlers téléphoniques. C'est d'autant plus significatif dans le contexte de la préparation d'une visite du président américain à Riyad afin de persuader le royaume de compenser les livraisons de pétrole russe. Or même si les monarchies du Golfe ne s'empressent pas d'aider l'Occident dans l'adoption d'un embargo sur le pétrole russe, ils profiteront forcément de la réduction imminente de la part russe sur le marché pétrolier européen. Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie a rencontré des problèmes pour vendre du pétrole, le pays pourrait même devoir réduire la production d'hydrocarbures.
Et en même temps les pays arabes refusent à l'Occident d'augmenter les exportations de pétrole, car ils sont membres de l'Opep et de l'Opep+, qui s'efforcent de ne pas utiliser les problèmes politiques et économiques les uns contre les autres pour élargir leur propre production.
Alexandre Lemoine
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