Le ministère chinois de la Défense est préoccupé par la décision de la CIA de recruter des Chinois.
Les médias officiels de Pékin, y compris le journal du ministère de la Défense, rapportent que la CIA a commencé à recruter des Chinois se trouvant à l'étranger. C'est arrivé après que le directeur de la CIA William Burns a créé au sein de l'agence le Centre des opérations pour la Chine (China Mission Center, CMC). D'après M. Burns, la Chine est devenue la menace géopolitique la plus importante pour les États-Unis. "Le CMC renforcera davantage notre travail collectif sur la menace géopolitique la plus importante à laquelle nous sommes confrontés au XXIe siècle, un gouvernement chinois de plus en plus accusateur", a déclaré Burns.
L'Otan se prépare également à faire face à la Chine. Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a annoncé que l'Alliance élargirait dans sa nouvelle doctrine le cadre de son activité et considérerait la Chine et la Russie comme un adversaire commun potentiel.
Selon les déclarations de William Burns, le renseignement américain recrute des agents qui parlent les dialectes mandarin, cantonais, shanghaïen et hakka.
Le journal Jiefangjun bao, un organe du ministère chinois de la Défense, écrit que les méthodes utilisées par la CIA sont cyniques et malsaines. "Aucun renard rusé ne pourra battre un bon chasseur, affirme le journal. Afin de se prémunir, nous devoir croire au peuple et compter sur le peuple. Il faut déployer une guerre populaire, dans ce cas les espions ne pourront pas se cacher ni agir."
Dans le même temps, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Zhao Lijian a qualifié la décision de la CIA de symptôme de guerre froide. Un avis difficile à contester. Car, comme l'a déclaré M. Stoltenberg, la Chine influe déjà sur la sécurité en Europe par le biais de cyberattaques, de nouvelles technologies et de missiles à longue portée. Ces menaces seront reflétées dans la nouvelle doctrine de l'Otan pour les dix prochaines années.
"L'Otan est une alliance de l'Amérique du Nord et de l'Europe. Mais cette région est confrontée à de nouveaux défis - le terrorisme, les problèmes dans le secteur cybernétique et la montée en puissance de la Chine. C'est pourquoi quand il est question de notre défense collective, il faut également tenir compte de la montée en puissance de la Chine", a souligné le secrétaire général. L'Otan adoptera son nouveau concept stratégique pour 10 ans au sommet l'été prochain. La Chine n'est pas mentionnée dans le concept actuel datant de 2010.
Le monde restera fragile dans la décennie à venir. Néanmoins, The New York Times s'interroge: la situation actuelle est-elle comparable à l'époque de la Guerre froide entre l'Union soviétique et les États-Unis, comme dans les années 1950? À première vue, bien des choses font penser à cette époque. L'aviation chinoise effectuait des vols dans la zone de défense antiaérienne de Taïwan. Pékin élargit son programme spatial en envoyant trois astronautes en orbite. En même temps, la Chine organise des essais de missiles hypersoniques censés pouvoir contourner la défense antiaérienne américaine.
Mais les collaborateurs du président américain Joe Biden disent que le terme de "guerre froide" ne reflète pas correctement la situation. Le conseiller de chef de Joe Biden pour l'Asie, Kurt Campbell, a déclaré que la définition de la "guerre froide" ne faisait que ternir le défi lancé par la Chine. Les liens profonds entre les deux économies, l'interdépendance dans les technologies et le commerce n'existaient jamais en période de guerre froide. Les États-Unis ont exporté l'an dernier en Chine pour 124 milliards de dollars, et ont importé pour 434 milliards de dollars. La Chine est le plus grand fournisseur de marchandises aux États-Unis.
Cependant, le célèbre expert Joseph Nye, qui dirigeait le Conseil du renseignement national des États-Unis, dit que la métaphore de la "guerre froide" est incorrecte en tant que stratégie, mais cela ne signifie pas que les deux puissances, telles des somnambules, ne s'y engageront pas.
Alexandre Lemoine
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs