Des chercheurs ont découvert que le plastique avait créé un nouvel écosystème dans l’océan. Il est devenu un abri pour différents organismes, allant des animaux marins aux bactéries qui le "dévorent".
Linda Amaral-Zettler, microbiologiste du Royal Netherlands Institute for Sea Research a qualifié ce phénomène de "plastisphère". Le plastique se trouve pratiquement partout sur la planète, mais dans certains cas ses accumulations représentent déjà un écosystème en soi, un milieu d'habitation maritime à part. C'est ce qu'a écrit le quotidien britannique The Guardian.
La majeure partie des objets plastiques usagés partent à la décharge, mais presqu'un tiers se retrouve en mer. Une partie coule au fond, mais une grande quantité reste à la surface en devenant un lieu d'habitat pour des centaines d'organismes. Contrairement à la majorité de matières organiques, le plastique est très solide et durable, ce qui permet aux organismes de se reproduire en s'y attachant et de se répandre sur une immense superficie.
La plastisphère représente un écosystème, un milieu d'habitation maritime à part. L'exemple le plus connu d'une telle accumulation de déchets est le gyre du Pacifique nord, dont la taille dépasse deux fois la superficie de la France. La scientifique explique que dans la plastisphère il existe des organismes de photosynthèse, des prédateurs et des proies, des symbiontes et des parasites et, en conséquence, tout un spectre d'interactions entre les organismes vivants inhérent à d'autres écosystèmes.
La majeure partie du plastique dans l'océan sont des bouteilles de polyéthylène téréphtalate (PET). Un million de ces objets se retrouvent dans l'eau chaque minute. En juin, la chercheuse Robyn Wright de la chaire de pharmacologie à l'Université de Dalhousie (Canada) a découvert dans l'eau océanique deux bactéries capables de détruire le PET, c'est-à-dire de "dévorer le plastiques".
Ces organismes sont connus sous les appellations Thioclava sp. BHET1 et Bacillus sp. BHET2. Les bactéries pénètrent à l'intérieur du plastique parce que dans l'eau cette matière attire le carbone, le fer, l'azote et le phosphore. A leur tour, ces substances attirent les microbes. L'auteur de l'étude affirme que ces bactéries deviendront une arme clé pour l'humanité dans la lutte contre le plastique.
Plus tôt, des chercheurs de Cambridge (Royaume-Uni) ont proposé d'utiliser du plastique recyclé en tant qu'alternative à la matière première pour le béton. Cela permettrait de réduire la production de sable qui cause un énorme préjudice aux écosystèmes marins.
Alexandre Lemoine
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