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Les Etats-Unis tentent de prendre la place de la Russie dans l'Opep?

Des compagnies américaines se sont dites prêtes à signer un accord international avec l'Opep à la place de la Russie et à réduire la production du pétrole de schiste afin de maintenir la hausse du prix du baril. Après les négociations avec l'Opep un représentant américain a été invité à la réunion du cartel. Une alliance entre les Etats-Unis et l'Opep est-elle envisageable?

La sortie de la Russie de l'accord avec l'Opep et la chute record du cours pétrolier à cause de la guerre tarifaire déclenchée ensuite par l'Arabie saoudite ont particulièrement affecté les producteurs de schiste américains. Des compagnies du Texas ont même demandé à leur régulateur de réduire la production afin de faire remonter le prix du baril. Et la Railroad Commission of Texas (RRC) a entendu cette requête.

Le représentant du régulateur sectoriel du Texas, Ryan Sitton, s'est adressé au secrétaire général de l'Opep Mohammad Barkindo. Ils ont évoqué par téléphone la demande et l'offre mondiales de pétrole. Les deux interlocuteurs sont tombés d'accord qu'au profit de la stabilité économique mondiale il était nécessaire de "signer  un accord international afin de se remettre du Covid-19", a écrit Ryan Sitton sur Twitter. De plus, le secrétaire général du cartel a invité ce dernier à la réunion de l'Opep à Vienne, prévue pour le 6 juin 2020. Une source de l'Opep a révélé que la discussion a été très productive, et que les parties sont convenues de poursuivre les consultations. Cependant, aucun autre détail n'a été dévoilé.

Au Texas se situe la majeure partie du bassin Permian, qui est la principale province pétrolière et gazière des Etats-Unis. Le pétrole y est extrait depuis les années 1970, et la production n'a pas diminué depuis cinquante ans. Cependant, elle a été impactée par le coronavirus et la rupture de l'accord de l'Opep+.

La Russie, par sa sortie de l'Opep+, aurait-elle poussé les Etats-Unis à entamer les négociations avec l'Arabie saoudite? Depuis que les Etats-Unis sont devenus un acteur important sur le marché pétrolier, ils refusaient absolument de coopérer avec l'Opep. De plus, les Etats-Unis ont accusé à maintes reprises l'Opep de concurrence déloyale. Tandis que la Russie et l'Arabie saoudite réduisaient leur production pour faire remonter le cours pétrolier, les producteurs de schiste américains augmentaient la production du pétrole et ses exportations.

Quand la Russie en a eu assez de céder sa part du marché mondial, et l'Arabie saoudite a jeté de l'huile sur le feu par sa remise et une hausse colossale de la production, les producteurs de schiste américains ne savaient plus quoi faire. Ils ne survivraient pas avec un baril à 25 dollars, parce que le coût de production des projets de schiste s'élève à 40-50 dollars. Or dans la situation actuelle pratiquement aucun projet de schiste américain n'est rentable.

Les experts de Wood Mackenzie pensent que si le baril restait à son minimum depuis 17 ans, c'est-à-dire à hauteur de 25 dollars, au moins 10% de la production mondiale de pétrole deviendraient non rentables. En d'autres termes, les revenus de 10 millions de barils par jour de fourniture mondiale de pétrole ne couvriraient pas les dépenses pour la production et les versements aux gouvernements. Dans la lutte pour survivre les compagnies pétrolières devraient alors réduire la production ou stopper des projets. Et les premiers sur la liste pour quitter le marché mondial sont précisément les projets de schiste aux Etats-Unis et les sables bitumeux au Canada, qui ont besoin d'un baril de 40-50 dollars.

"La production en Arabie saoudite et en Russie fait partie des moins chères dans le monde – 10 dollars le baril ou moins", indique le rapport analytique de Wood Mackenzie, relayé par le journal Financial Times.

D'un côté, le pétrole bon marché a apporté un grand avantage à l'économie américaine – à savoir l'essence bon marché, qui est en corrélation directe aux Etats-Unis avec le cours pétrolier mondial (contrairement à de nombreux autres pays pétroliers). Cependant, la semaine dernière, le gouvernement américain a pris conscience du fait que le pétrole bon marché n'offrait pas que des avantages, mais aussi des problèmes. Premièrement, cela affectera le secteur pétrolier et gazier américain, qui devrait significativement réduire la production du pétrole de schiste, de nombreuses compagnies feront faillite, le taux de chômage augmentera, et les entreprises ruinées seront rachetées par des acteurs plus importants. Le pétrole de schiste représente plus de 60% de la production pétrolière globale aux Etats-Unis.

Deuxièmement, il existe le risque d'une hausse du prix de gaz sur le marché américain intérieur, ce qui entraînerait une augmentation des tarifs d'électricité, affectant la production nationale.

C'est sur cette toile de fond que les Etats-Unis ont commencé à chercher des solutions pour éviter la faillite. Certains ont suggéré de décréter des sanctions contre le pétrole en provenance de Russie et d'Arabie saoudite, afin de réduire l'offre sur le marché. Alors que les producteurs pétroliers du Texas ont opté pour le chemin de la paix, et non de la guerre, et de facto sont prêts à prendre la place de la Russie dans l'Opep.

Les chances des Etats-Unis de trouver une entente avec l'Opep sur la réduction de la production, même formelle, sont très minces. C'est dû à la législation antimonopole et anticartel très stricte aux Etats-Unis. Toute tentative de se mettre d'accord sur le prix du baril aux Etats-Unis mêmes est interdite par la loi.

Il existe également un obstacle politique. Il est peu probable que l'administration Trump se décide à passer un accord avec l'Opep sur une réduction de la production, même en ayant une telle possibilité juridique. Parce que cela signifierait automatiquement une hausse des prix du pétrole et de l'essence aux Etats-Unis. A défaut de se traduire par un suicide politique pour Donald Trump, ce serait tout de même un facteur extrêmement négatif pour une année électorale, auquel les adversaires politiques du président sortant n'hésiteraient pas à s'accrocher.

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