La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), sans interdire de suite les centrales dangereuses, donne raison aux deux associations écologistes belges Inter-Environnement Wallonie et Bond Beter Leefmilieu Vlaanderen qui ont saisi la Cour constitutionnelle (Belgique) d'un recours en annulation de la loi adoptée sans évaluation environnementale et sans procédure associant le public pour prolonger la durée de vie des centrales nucléaires de Doel 1 et de Doel 2. Au delà, trois autres réacteurs nucléaires belges menacent le pays et les pays voisins selon les associations écologistes.
La Cour de justice de l'UE confirme dans son arrêt https://curia.europa.eu/jcms/upload/docs/application/pdf/2019-07/cp190100fr.pdf du 29 juillet que «l’adoption d’une loi prolongeant la durée de la production industrielle d'électricité par des centrales nucléaires requiert des évaluations des incidences sur l’environnement prévue par la directive EIE». Elle constate que «fin juin 2015, le législateur belge a cependant prolongé l’activité de production industrielle d’électricité de la centrale nucléaire de Doel 1 pour dix années supplémentaires (jusqu’au 15 février 2025) et a également reporté de près de 10 ans la date de fin de production industrielle d’électricité de la centrale de Doel 2 (au 1er décembre 2025)» sans tenir compte de la directive EIE alors qu'«en 2003, le législateur belge a adopté un calendrier d'arrêt progressif de la production nucléaire d’électricité». «Ces mesures étaient assorties de travaux d’envergure sur ces deux centrales, destinés à les moderniser et à garantir le respect des normes de sécurité, pour un montant de 700 millions d’euros» ce qui est «comparable à la mise en service initiale des centrales» dit l'arrêt européen. «De plus, les centrales de Doel 1 et de Doel 2 étant situées à proximité de la frontière belgo-néerlandaise, un tel projet doit également être soumis à la procédure d’évaluation transfrontière prévue par cette directive».
Francis Leboutte, ingénieur civil et président de l'ASBL Fin du nucléaire, a évoqué en avril 2019 l'existence de cinq réacteurs nucléaires dangereux en évoquant les conséquences de l'après Tchernobyl où «les enfants sont malades à plus de 80 % dans cette région là»: «Pour nous, il y a cinq réacteurs dangereux, deux fissurés et trois obsolètes» qui «nous menacent d'un accident majeur. Et un accident majeur en Belgique, c'est la fin de la Belgique» https://www.facebook.com/kairospresse/videos/vb.157089411084184/1084312268423109/?type=2&theater .
Francis Leboutte dénonce aussi les partis écologistes «même eux sont en recul. En fouillant un petit peu dans leurs documents et sur leur site, je n'ai pas trouvé une proposition concrète par rapport à ça. C'est extrêmement décevant de la part de ces partis écolos. Sur le site de l'ASBL Fin du nucléaire, on lit: «les deux fissurés sont les réacteurs Tihange 2 (T2) et Doel 3 (D3) qui ont été arrêtés pendant près de 3 ans, de 2012 à 2015, suite à la découverte de nombreuses fissures dans leur cuve», «des fissures d'une longueur de près de 18 centimètres pour les plus importantes» et qu' «avec bientôt 45 années de fonctionnement, les trois réacteurs obsolètes sont Tihange 1 (T1), Doel 1 (D1) et Doel 2 (D2)». «Pour pouvoir justifier le redémarrage des réacteurs T2 et D3, l’AFCN (Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire belge) a éliminé les résultats désastreux de certains des tests réalisés sur des échantillons d'acier en les qualifiant ''d'aberrants''». Deux jours avant l'arrêt européen, l'AFCN publiait sur son site que «les microbulles d’hydrogène dans les parois de la cuve du réacteur n'ont pas d’impact sur les structures en acier et n'évoluent pas avec le temps» https://afcn.fgov.be/fr/actualites/microbulles-dhydrogene-dans-la-cuve-du-reacteur-de-doel-3-une-inspection-de-suivi-ne . «Ces cinq réacteurs ont indéniablement en commun de faire partie des «bons» candidats au monde pour un accident au plus haut niveau de l’échelle INES, ce qui place la Belgique et les zones frontalières des pays voisins en tête des régions du monde les plus densément peuplées menacées de destruction par la contamination nucléaire mortifère» écrit le site de l'ASBL Fin du nucléaire https://findunucleaire.be/doc/nucleaire/-articles/Collectif_Pour-arret-immediat-de-5-reacteurs-belges_18avril2019.pdf
La Cour constitutionnelle belge doit maintenant résoudre l'affaire car pour la Cour de justice de l'UE «il n’est cependant pas exclu de maintenir provisoirement les effets de la loi de prolongation en cas de menace grave et réelle de rupture de l’approvisionnement en électricité». La Belgique doit démontrer que l'approvisionnement en électricité présente un caractère d'urgence justifiant l'absence d'une telle évaluation.
En France, Emmanuel Macron a annoncé en 2018 l'arrêt de 14 des 58 réacteurs nucléaires français d'ici 2035 tout en n'excluant pas un renouvellement partiel du parc de centrales. Réduire de 50 % la part du nucléaire dans la production d'énergie française était une des promesses du candidat François Hollande.