Le parlement italien a soumis un projet de loi suggérant d'envoyer les adolescents accrocs au smartphone dans des centres de réhabilitation.
Ce texte a été proposé par la députée Vittoria Casa du Mouvement 5 Etoiles (M5E), qui fait partie de la coalition gouvernementale. "La situation empire de jour en jour, c'est pourquoi il faut la considérer comme une dépendance aux drogues", affirme Vittoria Casa. Elle cite de statistiques inquiétantes: la nomophobie (de l'anglais no mobile phone phobia) est très répandue en Italie, ce qui signifie la peur excessive d'être séparé de son portable.
8 adolescents italiens sur 10 vivent dans la crainte de perdre leur portable ou l'accès à l'internet. La moitié des Italiens âgés entre 15 et 20 ans vérifient leurs téléphones au moins 75 fois par jour, et 62% écrivent des messages la nuit. "Les adolescents passent des nuits entières sur les réseaux sociaux et les messageries, et de jour ils se comportent de manière extrêmement passive, et parfois agressive. Cela affecte les études, la concentration baisse", estime la députée, qui travaillait en tant qu'enseignante avant sa carrière politique.
Il est préconisé de combattre cette pathologie à l'aide de méthodes assez radicales. La recherche d'adolescents dépendants doit être prise en charge par la police, le ministère de la Santé, la Commission pour les enfants et la jeunesse, ainsi que les associations d'étudiants. Les soins devraient être pris en charge par l'Etat. La décision d'hospitalisation sera prise de concert avec les parents.
En outre, dans les écoles italiennes des formations de prévention et d'élimination de l'addiction au smartphone auprès des enfants seront organisées pour les enseignants. On prépare également une campagne pour les parents, qui sous-estiment souvent la nuisance de l'utilisation inconsciente et incontrôlée des smartphones pour leurs enfants.
Le problème de l'usage excessif des gadgets par les enfants est global. La France a déjà interdit leur usage pendant la journée scolaire – le smartphone doit rester dans la poche. L'Allemagne pourrait adopter des restrictions similaires: un sondage mené en automne dernier par l'institut Kantar Public a révélé que 86% des personnes interrogées étaient favorables à une telle interdiction. En Suisse, les cantons prennent cette décision de manière autonome: cette interdiction est en vigueur à Genève, il est également prévu de l'étendre aux récréations pour que les enfants se reposent et communiquent entre eux au lieu de se plonger dans l'écran. Lausanne se limite pour l'instant aux services de psychologues d'école.
Les spécialistes européens se réfèrent souvent à l'exemple des personnes très aisées qui ont fait fortune dans les technologies informatiques. Ainsi, le patron de Microsoft Bill Gates a reconnu dans une interview qu'il n'avait pas permis à ses trois enfants d'utiliser un smartphone avant 14 ans. Le fondateur d'Apple Steve Jobs préservait également ses enfants contre l'addiction aux gadgets – dans la famille il était convenu de se réunir le soir ensemble à table pour parler de sa journée ou des livres lus.