06.09.2024
L'annonce faite lundi 2 septembre par Volkswagen de la fermeture de plusieurs usines en Allemagne est une première dans les 87 ans d'histoire du constructeur automobile allemand. De telles fermetures d'usines étaient jusqu'alors hors de question pour l'entreprise de Wolfsburg. Le symbole de la puissance industrielle allemande est en train de s’effondrer, annonçant l’effet domino en Europe dans une crise industrielle sans précédent outre-Rhin.
«Pire encore pour les 680.000 salariés de VW dans le monde, la direction se sent également obligée de mettre fin à son programme de sécurité de l'emploi en place depuis 1994 et qui empêche les suppressions d'emplois jusqu'en 2029», rapporte la Deutsche Welle (DW). La direction estime que l’entreprise se trouve dans une situation précaire. L'année dernière, Volkswagen a lancé un programme de réduction des coûts visant à économiser 10 milliards d'euros (11,06 milliards de dollars) d'ici 2026. Cependant, le constructeur automobile grand public devrait réduire ses coûts de 4 milliards d'euros supplémentaires, selon un rapport du quotidien économique allemand Handelsblatt.
Réduction des coûts et licenciements. Le syndicat allemand IG-Metal s’indigne: «VW veut ouvrir la voie à des fermetures d'usines, à des licenciements opérationnels et à des réductions de tarifs d'entreprise» ; «Jour noir dans l'histoire de Volkswagen : le programme d'austérité s'est intensifié et a donné lieu à un conflit majeur entre la direction et le comité général d'entreprise». Afin de réduire ses coûts, des fermetures d’usines accompagnées de licenciements sont dans les tuyaux rapporte le syndicat IG Metall.
La politique écologique misant sur les voitures électriques tue l’industrie. «La transition énergétique du groupe, orientée exclusivement vers les véhicules 100% électriques à batteries, cumulée à de nombreux changements de stratégie sur certains marchés (en Chine, par exemple) et à la pression des nouveaux entrants low-cost d'origine asiatique sur ce marché du véhicule zéro émission mettent à mal l'équilibre économique de l'entreprise», note Auto Infos. Les voitures électriques de VW ne se vendent pas.
Chômage en croissance. «En 2023, le taux de chômage en Allemagne était en moyenne d'environ 5,7%. Le taux de chômage était en juillet 2024 de 6%». Le dégraissage de VW intervient dans un contexte où le nombre de chômeurs continue d'augmenter en Allemagne. «La situation actuelle du marché n'est pas non plus comparable à celle de l'année précédente: il y a actuellement 2,872 millions de chômeurs, soit 176.000 de plus qu'à la même période en 2023», souligne la ARD.
Avec la mise au chômage des ouvriers de VW, l'économie de l'État en souffrira. Le géant de l'automobile va transférer sa production dans d'autres pays. Cela entraîne aussi la désindustrialisation de l’Allemagne, moteur économique de l’UE provoquant un effet domino obligé dans les pays de l’UE.
L'Europe a pris du retard par rapport à la Chine dans le domaine des voitures électriques et des véhicules hybrides ce qui explique l’échec des ventes des voitures électriques de VW en Chine qui est, dans ce domaine, la première dans le monde. En ce sens, les marques européennes sont en retard. Les responsables politiques en Europe portent, aussi, une forte responsabilité sur cette crise économique et sur les conséquences de la mise au chômage des salariés.
Philippe Rosenthal
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