18.04.2023
Shakespeare, par la bouche d'un Henri IV apeuré, exprime la peur et l'impuissance de l'homme face à l'incertitude face au chaos du changement: «Oh mon dieu! Qu'on puisse lire le livre du destin, et voir la révolution des temps! Aplanissez les montagnes et le continent. Comment les chances se moquent, et les changements remplissent la tasse d'altération avec diverses liqueurs!»
Par chaos nous entendons quelque chose d'imprévisible et qui échappe à la vision myope qui ne peut être esquissée que par nos yeux face à des événements qui échappent à des paramètres connus puisque notre esprit n'est capable de séquencer que des fragments de la séquence totale de l'immense génome du chaos.
Par conséquent, on a recours inévitablement au terme «effet papillon» pour tenter d'expliquer la conjonction vertigineuse des forces centripètes et centrifuges qui finira par configurer le puzzle décousu du chaos ordonné qui se prépare.
L' «effet papillon» précité transféré aux systèmes complexes aurait l'impossibilité de détecter à l'avance un futur immédiat puisque les modèles quantiques qu'ils utilisent ne seraient que des simulations basées sur des modèles antérieurs.
Le biologiste français Jacques L. Monod dans son essai Le Hasard et la Nécessité (1970) explique que les variables logos et hasard de l'évolution humaine seraient des aspects complémentaires de la nécessaire adaptation évolutive des êtres vivants aux changements drastiques pour assurer leur succès reproducteur (survie ) avec lequel on assisterait à l'irruption d'un «scénario téléonomique» par opposition au «scénario téléologique» en vigueur dans les sociétés occidentales.
Le Brexit et le triomphe de Trump ont ainsi marqué la fin du «scénario téléologique» dans lequel la finalité des processus créatifs était planifiée par des modèles finis qui pouvaient inter-modéliser ou simuler divers futurs alternatifs et dans lequel l'intention, la finalité et la créativité prévalaient dans la prévision et son remplacement par le «scénario téléonomique», marqué par des doses extrêmes de volatilité qui affecteront particulièrement les systèmes complexes tels que la macroéconomie et le nouvel ordre géopolitique mondial.
Ainsi, après le conflit en Ukraine, on assistera à l'instauration de l'unipolarité des États-Unis et de son rôle de gendarme mondial, à son remplacement par la nouvelle doctrine de multipolarité, ou à la géopolitique Inter-Peer, formée par la Troïka États-Unis, Chine et Russie ainsi qu’à l'irruption dans le scénario géopolitique de la nouvelle vague de déstabilisation mondiale.
Ladite vague involutive aurait pour origine des causes économiques (le déclin de l'économie mondiale); culturel (le déclin des démocraties formelles occidentales en raison de la culture de la corruption); politique (après la perte de crédibilité démocratique d'innombrables gouvernements de pays occidentaux et du tiers monde) et géopolitique (l'irruption d'un nouveau scénario géopolitique mondial après le retour à l'endémisme récurrent de la guerre froide entre les États-Unis et la Russie).
D'autre part, le phénomène de la mondialisation économique avait fait que tous les éléments rationnels de l'économie étaient liés les uns aux autres en raison de la consolidation des oligopoles, de la convergence technologique et des accords d'entreprise tacites avec les hausses de taux de la Fed et de la BCE et les mesures protectionnistes mises en place par les États-Unis et la Chine. Cela pourrait entraîner la fin de la mondialisation économique et un retour aux compartiments économiques dans les cinq prochaines années.
Germán Gorraiz López, analyste politique
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