05.04.2023
Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a accordé un entretien à des journalistes français dans lequel il a évoqué le programme de réarmement promis par le président français Emmanuel Macron. Le nouveau budget militaire, qui dépassera les 400 milliards d'euros, sera bientôt soumis au Parlement pour approbation. Les opérations militaires en Europe obligent Paris à s'armer, mais le gouvernement devra mener la première bataille à l'Assemblée nationale.
«Le ministre [français] des Armées, Sébastien Lecornu, a défendu mardi, à l'issu du conseil des ministres, la future Loi de programmation militaire (LPM) qui prévoit notamment une hausse du budget des armées durant les prochaines années», rapporte France24. Celui-ci a fait savoir qu' «il n'y a rien de trop» dans la future loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 et que celle-ci prévoit 413 milliards d'euros de dépenses dans la défense.
«La loi de programmation militaire amplifie l’effort de défense engagé par la précédente LPM et traduit la volonté du Président de la République de mettre un terme à plusieurs décennies de diminution de nos capacités militaires», a tweeté Sébastien Lecornu. Dans un autre tweet, il souligne que, la «LPM 2024-2030» a pour ambition de «garantir la crédibilité de notre dissuasion», d’ «assurer notre sécurité collective», d’ «assurer notre défense dans les nouveaux espaces de conflictualité», «anticiper les conflits de haute intensité», «maintenir le rang de la France parmi les premières puissances mondiales».
«Cette LPM acte une hausse du budget défense sans précédent pour atteindre 69 milliards d'euros en 2030 contre 32 milliards en 2017, fait valoir l'entourage du ministre des armées Sébastien Lecornu», signale L’Express. Le projet de loi de programmation militaire 2024-2030 présenté mardi en Conseil des ministres vise notamment à augmenter le budget de défense de 43,9 milliards d’euros aujourd’hui à 69 milliards d’euros en 2030. Sébastien Lecornu a évoqué «une succession de menaces» dont le terrorisme, le conflit ukrainien, la militarisation de l'espace et les cybermenaces. Elle a stipulé que des hausses annuelles de 3 à 4 milliards d'euros du budget des armées étaient prévues.
Fin janvier, le président Emmanuel Macron, chef du pays et commandant suprême, s'est adressé aux militaires sur la base aérienne de Mont-de-Marsan. Il leur a promis des armes, de l'argent, des programmes sociaux - tout le nécessaire pour que l'armée française soit prête à un éventuel «conflit de haute intensité», comme ce qui se passe en Ukraine. Pour cela, le président de la France a dévoilé un budget des armées en forte hausse.
France3 rappelait qu’ «Emmanuel Macron a annoncé un budget en forte hausse avec une enveloppe à 400 milliards d'euros, contre 295 milliards d’euros pour la dernière loi de programmation» et que «l'objectif est de permettre à l'armée française de rattraper son retard en matière de défense. «Après avoir réparé l'armée, nous allons la transformer», a martelé le président de la République. «C'est le prix de la sécurité de nos enfants», a-t-il poursuivi, en évoquant un «investissement inédit». Le média régional précisait que «ce budget doit notamment permettre à la France d'être prête si une guerre venait à la viser directement».
Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, en fonction depuis mai dernier, fait partie de ceux qui doivent désormais faire passer les chiffres record au Parlement au moment où les Français manifestent contre la réforme des retraites et qu’ils ne voient pas en quoi ils devraient supporter le prix d’un conflit voulu par un président et un gouvernement français jugés comme étant dans un monde parallèle.
La France n’aurait pas soutenu l’Ukraine, l’argent envoyé à l’Ukraine aurait servi aux Français. Par conséquent, sa conversation avec les journalistes est une sorte de préparation d'artillerie pour une offensive politique. «Avec le retour de la guerre en Europe, nous avons besoin de poursuivre la réparation de notre défense nationale et de préparer la France pour faire face, demain, aux menaces nouvelles», a déclaré Sébastien Lecornu, expliquant quels seront les principaux domaines de financement.
Parmi les principaux domaines de financement, il y a, tout d'abord, la modernisation des forces de dissuasion nucléaire, ainsi que l'augmentation de la capacité de l'armée française à opérer hors du territoire national, dans les théâtres d'opérations militaires les plus reculés, afin de soutenir les alliés et de protéger les la paix des «territoires d'outre-mer».
Ils sont nombreux, à la fois départements et régions (Guadeloupe, Guyane, Réunion, Martinique et Mayotte) ou ayant le statut d’une collectivité d'outre-mer (COM) (Polynésie française, Saint Barthélemy, Saint Martin, Saint Pierre et Miquelon, Wallis et Futuna). Ils sont situés dans les Caraïbes, l'océan Indien, en Amérique du Sud, au large du Canada. De l'empire colonial, la France moderne a hérité d'un immense théâtre maritime qu'il faut surveiller avec soin pour qu'il ne se transforme pas en théâtre de guerre si l'occasion se présente.
Par conséquent, une grande attention dans le nouveau programme d'armement est accordée au développement des forces navales, y compris la construction de sous-marins nucléaires et d'un nouveau porte-avions qui remplacera le navire amiral de la flotte française, le Charles de Gaulle, actuellement en service.
Le prochain porte-avions français, d’un coût de 5 milliards d’euros sera réalisé par Naval Group, TechnicAtome et les Chantiers de l’Atlantique et devrait commencer fin 2025. Les essais en mer sont prévus en 2036-2037. Le successeur du Charles de Gaulle, le porte-avions nouvelle génération (PANG), sera à propulsion nucléaire. Ce nouveau porte-avions devrait être capable d’accueillir le Rafale, puis son successeur, ainsi que des drones.
La France annonce allouer 5 milliards d'euros aux drones. «Le PANG s'inscrira dans la continuité des missions déjà assurées par le Charles de Gaulle: des missions dites de liberté de circulation, qui consistent à naviguer dans des zones contestées tout en respectant le droit international régissant la navigation dans les eaux non territoriales, par exemple en mer de Chine», complète Le Point.
Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a twetté que «la LPM pérennisera l’héritage de l'Ordre de la Libération afin que les valeurs et l’exemplarité de ses membres continuent d’irriguer notre société». Le ministère français a notifié que «dans le cadre du voyage présidentiel à Washington, le ministre des Armées Sébastien Lecornu et son homologue américain Lloyd Austin ont signé une Déclaration conjointe d’intention le 30 novembre 2022. Par ce texte, la France et les Etats-Unis [ont réaffirmé] leur volonté d’œuvrer ensemble pour faire face aux menaces qui pèsent sur leur sécurité». L'industrie militaire se développe sur ses propres bases et, de ce point de vue, l'argent pour les armements sera dépensé sur le marché intérieur et n'ira pas aux fabricants étrangers.
Et bien sûr, le pays ne se retrouvera pas dans une situation où il ne peut pas gérer son propre potentiel militaire sans le consentement légal de tiers, comme l'Allemagne l'a récemment vécu lorsqu'elle n'a pas reçu l'autorisation de réexporter des obus suisses vers son propre Gepard, portant des canons antiaériens propulsés.
La France fournira à l'armée ukrainienne (dans les prochaines semaines) des systèmes de missiles de défense aérienne à moyenne portée SAMP/T Mamba:
«Nous allons fournir très prochainement à Kiev un système de défense anti-aérienne sol-air SAMP/T qui permet d’assurer autant la protection du champ de bataille que la population civile dans les villes».
Les hostilités à grande échelle impliquant l'armée française en Europe sont encore un fantasme, mais les batailles commenceront très bientôt pour le gouvernement lorsque le projet de budget ira à l'Assemblée nationale et au Sénat. La discussion sera particulièrement difficile à la chambre basse qui n'est pas prête à pardonner à la Première ministre, Elisabeth Borne, et au président sur la réforme des retraites.
Enfin, il toujours très étonnant de voir la France considérer les Etats-Unis comme un allié. Est-il, en effet, possible de fermer les yeux sur la trahison des Etats-Unis concernant les contrats pour les sous-marins français avec l’Australie? Une trahison cache toujours d’autres trahisons.
Philippe Rosenthal
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