15.07.2022
Au cours de la dernière décennie, la question de la cybercriminalité est devenue non seulement un sujet familier à travers les gros titres des journaux, mais aussi l'un des plus discutés au sein des communautés d'experts et des organisations internationales. Bien que l'Onu qualifie la cybercriminalité de «crime nouveau ou émergent», elle note que ces phénomènes sont de nature mondiale et incluent des éléments de transnationalité.
Aussi, la coopération internationale est devenue un facteur clé pour lutter de manière efficace contre ces nouvelles menaces. C'est que les approches traditionnelles de la lutte contre la criminalité, fondées sur le principe territorial de juridiction, sont inefficaces. Les Etats-Unis et la Russie ont indiqué se mettre d'accord sur ce point.
Joe Biden et Vladimir Poutine ont convenu d'entamer des consultations sur la cybersécurité. Le 16 juin 2021, le président des Etats-Unis, Joe Biden, et le président russe, Vladimir Poutine ont parlé de la nécessité d'une coopération transfrontalière dans le domaine de la lutte contre la cybercriminalité dans le domaine économique lors du sommet d'alors à Genève. Le magazine financier Capital précisait que «les deux hommes ont affiché leur volonté de poursuivre le dialogue au-delà de ce sommet». Vladimir Poutine a annoncé, après trois heures et demie de discussions, que «nous sommes convenus d'entamer des consultations sur la cybersécurité». De son côté, Joe Biden a rajouté que «nous nous sommes mis d'accord pour demander à des experts des deux pays d'établir ce qui est inacceptable pour chacun de nous, et d'assurer un suivi des attaques émanant de Russie ou des Etats-Unis».
La Russie a déclaré être favorable à l'intensification de cette coopération et certaines réalisations dans ces domaines ont, d'ailleurs, été effectuées. Le président russe a attiré l'attention sur le fait que, même selon des sources américaines, la plupart des cyberattaques dans le monde sont commises depuis les Etats-Unis, ainsi que depuis le Canada et le Royaume-Uni, signalant, ainsi que cela est un phénomène international.
L'incident concernant une cyberattaque contre Colonial Pipeline dans laquelle Moscou était accusée d'être impliquée avait été évoqué. Pour rappel, Colonial Pipeline qui relie raffineries, aéroports et stations-services via un immense réseau de pipelines à travers tous les Etats-Unis, a été contraint, à cause d'une cyberattaque le 7 mai 2021, de bloquer toutes ses opérations de distribution. C'était avant la rencontre entre les deux chefs d'Etat.
La Tribune confirmait que «cette attaque informatique a impliqué un "ransomware" ou rançongiciel, un code qui exploite des failles de sécurité pour encrypter les systèmes informatiques et exiger une rançon pour les débloquer», comme confirmé par le groupe dans un communiqué.
Le magazine informatique suisse IT Markt faisait savoir que l'administration Biden «soupçonne» - sans avoir les preuves - qu'il existe un lien entre le Kremlin et les responsables de l'attaque par rançongiciel contre Colonial Pipeline. C'est là que le président russe avait attiré l'attention sur l'importance des questions de cybersécurité pour la communauté mondiale. IT Markt rapporte que Vladimir Poutine a annoncé qu'il souhaitait des accords de «codes de conduite» sur des questions sensibles telles que les armes nucléaires et la cybersécurité». «En ce qui concerne la cybersécurité, nous avons convenu d'entamer des consultations. Je pense que c'est extrêmement important. Il est évident que les deux parties ont certains engagements à cet égard», a affirmé, d'après le média suisse le chef du Kremlin.
La veille de cette rencontre entre le président russe et le président des Etats-Unis, la porte-parole de presse à la Maison Blanche, Jen Psaki, a déclaré que les autorités américaines étaient prêtes à discuter des cybercrimes lors du prochain sommet américano-russe, y compris contre la société américaine Colonial Pipeline qui auraient été commis depuis la Russie.
Le 19 mai, on a appris que Colonial Pipeline a versé 4,4 millions de dollars aux pirates responsables de la cyberattaque. Cependant, le groupe a pu récupérer la moitié de la somme versée grâce à l'intervention des autorités.
La rencontre entre Vladimir Poutine et Joe Biden a eu lieu le 16 juin 2021 à Genève. Si, il a été affirmé que le groupe de hackers avaient agi de Russie pour Colonial Pipeline, les autorités russes ont, à ce moment, montré leur bonne volonté pour aider les Etats-Unis afin de pouvoir récupérer une partie du butin. Les hackers agissent, en effet, à travers le monde et de manière indépendante d'un Etat.
Cette bonne volonté des autorités russes a été vues sur le terrain en janvier 2022 comme MacGeneration informait ses lecteurs: «Les services de renseignement russe (FSB) ont annoncé avoir démantelé REvil, un groupe de pirates qui s'était notamment fait remarquer pour avoir fait chanter un sous-traitant d'Apple et diffusé des documents confidentiels». Même si le nombre de personnes arrêtées par le FSB n'a pas été clairement donné, le communiqué des autorités russes précise que «le groupe a été neutralisé». REVil s'est fait connaître pour ses attaques basées sur un ransomware. Preuve que la coopération entre la Russie et les Etats-Unis fonctionnent.
L'Onu a mis en garde la communauté internationale en qualifiant la cybercriminalité de «crime nouveau ou émergent», car désormais, les problèmes locaux peuvent facilement devenir des problèmes mondiaux.
La cybersécurité est une affaire qui concerne tous les Etats. Et, la collaboration doit être de mise pour la sécurité de tous.
Pierre Duval
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