06.07.2022
Les ministres des Affaires étrangères du G20 se réunissent jeudi et vendredi à Bali en Indonésie. Le groupe des 20 économies les plus développées est constitué des pays occidentaux qui ont accusé Moscou de crimes de guerre en Ukraine et qui lui ont imposé des sanctions. Cependant, il y aussi des pays comme la Chine, l'Indonésie, l'Inde et l'Afrique du Sud ou le Brésil qui n'ont pas suivi ces décisions politiques et commerciales. La réunion du G20 pourrait, donc, conduire à des divisions plus larges sur le conflit en Ukraine.
Rappel. Le G20 a été créé en 1999 en réponse aux crises financières qui ont frappé les pays émergents à la fin des années 1990. Le G20 réunit les 19 pays les plus développées plus l'Union européenne. L’ensemble représente tous les continents habités, 80% du PIB mondial, 75% du commerce international et 60% de la population mondiale. Les pays membres du G20 estiment que la prospérité mondiale et les défis économiques font partie d'un réseau interdépendant nécessitant une coopération constante avec un développement. Ainsi, le G20 se réunit régulièrement tout au long de l'année au sein de réunions ministérielles, de groupes de travail et de groupes d'engagement et d'événements spéciaux pour discuter du système économique et financier international.
Cette année, le G20 réunit des puissances comme la Chine ou l'Inde qui ne partagent pas les visions occidentales vis-à-vis du conflit en Ukraine. Observateur Continental a indiqué que le risque de pénurie menace la cohésion sociale l'hiver prochain et c'est dans ce contexte de fragilité extrême des pays occidentaux que la rencontre a lieu. Durant cette réunion à Bali, les ministres des Affaires étrangères des plus grandes nations du monde cherchent à aborder le conflit en Ukraine et son impact sur la sécurité énergétique et alimentaire mondiale. Pourtant, au lieu de fournir l'unité, les pourparlers pourraient bien exacerber les divisions existantes sur le conflit en Ukraine.
A Bali, cela sera la première fois que Antony Blinken et Sergueï Lavrov se retrouveront dans la même pièce, sans parler de la même ville, depuis janvier. Rien n'indique que les deux se rencontreront séparément, mais même sans tête-à-tête avec le ministre russe des Affaires étrangères, son homologue américain pourrait se retrouver dans des discussions difficiles. Le département d'Etat des Etats-Unis a annoncé mardi que Antony Blinken tiendra des pourparlers séparés avec le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, à un moment où les relations américano-chinoises, déjà extrêmement tendues, ont été aggravées par les liens amicaux de Pékin avec Moscou.
Etats-Unis face à la Chine et l'Inde. Matthew Lee, analyste pour AP signale que «contrairement aux récentes réunions au niveau des dirigeants avec des partenaires de l'Otan et d'autres partenaires partageant les mêmes idées, Antony Blinken se retrouvera parmi des diplomates de pays méfiants à l'égard de l'approche américaine de l'Ukraine et préoccupés par son impact sur eux». Les responsables américains disent qu'en dehors de Wang Yi, Antony Blinken aura des pourparlers bilatéraux à Bali avec des homologues de pays qui n'ont pas été d'accord avec l'Occident sur l'invasion russe, notamment l'Inde, qui a augmenté ses achats de pétrole russe alors même que les Etats-Unis et l'Europe ont essayé d'étouffer ce flux de revenus pour Moscou.
Les Etats-Unis ne veulent pas rencontrer Lavrov, mais une rencontre spontanée n'est pas exclue. En annonçant que Antony Blinken rencontrerait Wang Yi à Bali, le département d'Etat n'avait rien dit sur la possibilité d'une rencontre avec le ministre russe des Affaires étrangères. Les Etats-Unis évitent de le rencontrer depuis l'invasion de l'Ukraine en février. Les Etats-Unis, accusant de manque de sérieux le chef de la diplomatie russe, explique l'AP, trouvent des excuses pour éviter une discussion entre les diplomates. L'administration Biden soutient qu'il ne peut y avoir de «business as usual» avec Moscou tant que le conflit continue. Mais ni le porte-parole du département d'Etat, Ned Price, ni d'autres responsables américains n'ont pu exclure la possibilité d'une rencontre fortuite Blinken-Lavrov à Bali.
Contrairement aux sommets du G7 et de l'Otan dominés par l'Occident qui se sont tenus en Europe la semaine dernière, le G20 aura une saveur différente. La Chine et de nombreux autres participants, dont l'Inde, l'Afrique du Sud et le Brésil, ont résisté à la signature de l'opposition farouche des Etats-Unis et de l'Europe à l'invasion de la Russie. Certains pays ont catégoriquement refusé les supplications occidentales de se joindre aux condamnations du conflit, que les Etats-Unis et leurs alliés considèrent comme une attaque contre l'ordre international fondé sur des règles qui prévaut depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Les vœux des Etats-Unis tenus en échec. Il pourrait, ainsi, être difficile de parvenir à un consensus du G20 sur les efforts visant à atténuer les impacts alimentaires et énergétiques liés au conflit ukrainien, en particulier avec la Chine et la Russie dans la salle. Cela n'empêchera pas les Etats-Unis d'essayer, selon des responsables américains.
Les Etats-Unis veulent voir le G20 appuyer une initiative soutenue par l'Onu pour libérer quelque 20 millions de tonnes de céréales ukrainiennes à exporter principalement vers le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Asie et ils souhaitent que le G20 tienne la Russie responsable, rapporte l'AP. Avec la Chine, l'Inde et le Brésil, la capacité de manœuvre des Etats-Unis se trouve limitée.
Philippe Rosenthal
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