15.06.2022
Des réunions certainement fatidiques pour le déroulement du conflit russo-ukrainien sont prévues à Bruxelles ces mercredi et jeudi, 15 et 16 juin. Les États-Unis et leurs alliés décideront s'il faut procéder à des livraisons plus importantes d'armements lourds à Kiev. En cas de mise sur le renforcement de l'aide militaire à l'Ukraine, la puissance de l'armée ukrainienne grandirait et cette dernière pourrait reprendre l'initiative stratégique. Cependant, cela augmenterait également la probabilité d'un affrontement direct entre la Russie et l'Otan.
La capitale belge organisera deux grands évènements internationaux à la fois. Une réunion au format Ramstein se tiendra au siège de l'Otan sous la présidence du chef du Pentagone Lloyd Austin, il s'agit d'un groupe international de soutien militaire à l'Ukraine, avec la participation de 40 chefs d'État.
Bruxelles accueillera également, mercredi et jeudi, une réunion du Conseil des ministres de la Défense de l'Otan. Il y a encore une semaine, le thème principal devait être l'adhésion de la Suède et de la Finlande. Mais à l'issue de la visite du secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg dans ces deux pays, il a admis que leur intégration dans l'Alliance pourrait ne pas avoir lieu au sommet de Madrid fin juin. Et ce, à cause de la réticence de la Turquie. L'Alliance n'a pas encore réussi à s'entendre sur la levée de son veto contre l'adhésion de Stockholm et d'Helsinki, et ce n'est pas prouvé que ce problème sera réglé à court terme. Par conséquent, au Conseil des ministres de l'Otan et à la réunion Ramstein 3, c'est l'aide à l'Ukraine qui sera au premier plan, d'autant que ce dossier nécessite un large consensus, ce qui sera bien plus difficile que de s'entendre avec un seul pays.
La réunion précédente au format Ramstein (baptisé ainsi en raison du nom de la base américaine en Allemagne où la première réunion de ce genre s'est tenue le 26 avril) a été marquée par des accords importants. Une vingtaine de pays étaient convenus d'alimenter l'Ukraine non seulement en armes légères, mais également en armements lourds. Même au congrès américain il n'y avait pas d'une telle unanimité au sujet de ces livraisons. À partir du 23 mai, date de Ramstein 2, l'Ukraine a commencé à recevoir des armes sur lesquelles elle ne pouvait pas compter auparavant. Par exemple, des missiles antinavires Harpoon lui ont été alloués, capables de compliquer sérieusement les activités de la flotte de la mer Noire russe. Les arsenaux de Kiev reçoivent des lance-roquettes multiples (LRM) HIMARS et M270. L'aide la plus conséquente accordée à l'armée ukrainienne à ce jour représente la remise de 108 obusiers M777. Selon certaines informations, c'est ce qui permet à l'Ukraine d'attaquer des cibles à Donetsk.
Selon un rapport publié par le congrès américain, rien que les États-Unis, outre des millions de munitions, ont fourni à l'Ukraine 6.500 missiles antichars Javelin, 20.000 lance-roquettes AT4, 1.500 missiles Stinger, 7.500 armes d'infanterie, des drones indispensables dans les conditions actuelles (Phoenix Ghost et Switchblade, plus de 800 unités au total), et des blindés de transport de troupes M113 (environ 200 véhicules), des hélicoptères Mi-17 (20 appareils), des centaines de véhicules blindés Humvee, sans compter quatre HIMARS d'une portée de 80 km.
Toutefois, l'Ukraine et les adeptes d'une politique dure envers la Russie considèrent cette aide importante mais insuffisante. D'autant qu'il n'existe pas de restrictions juridiques pour augmenter les livraisons, du moins aux États-Unis. Ces derniers ont adopté une loi de prêt-bail accordant au président Joe Biden le droit de fournir à l'Ukraine pratiquement tout ce qu'elle demandera. Cela ne dépend que de la volonté politique des alliés américains et de la logistique, qui inclut le remplacement pour ces alliés des armes qu'ils transmettent aux Ukrainiens.
L'Ukraine a également formulé des revendications à l'Otan. Le conseiller du président ukrainien, Mykhaïlo Podoliak, a jugé utile de les réitérer et concrétiser avant Ramstein 3. D'après lui, Kiev attend 1.000 obusiers de 155 mm, 300 LRM, 500 chars, 200 véhicules blindés et 1.000 drones. En d'autres termes, il demande un soutien décuplé.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky laisse entendre qu'il voit les activités à venir (non seulement sur les questions militaires, mais également dans le cadre de l'UE) comme un moyen de "raisonner" le "parti du compromis" en UE - l'Italie, la France et surtout l'Allemagne. Cette dernière dispose d'un grand parc de chars. Kiev espère qu'au final Berlin acceptera de le partager si le chancelier allemand Olaf Scholz et son gouvernement décidait qu'"on ne peut pas balancer entre l'Ukraine et la Russie" et il faut choisir le "côté de la vérité", a déclaré M. Zelensky dans une interview à ZDF.
L'information obtenue à partir de sources ouvertes
Alexandre Lemoine
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