26.04.2022
La Slovénie a changé de gouvernement. La victoire aux législatives a été remportée par le parti vert libéral Mouvement pour la liberté, fondé il y a moins d'un an par Robert Golob. Il a obtenu 34,5% des voix et a l'intention de créer une coalition avec les forces de gauche modérée. Le premier ministre de droite, Janez Jansa, ne pourra pas occuper son poste pour la quatrième fois, car son Parti démocratique slovène est deuxième avec 23,5% des voix.
Les législatives dans ce pays de 2,1 millions d'habitants auraient pu passer inaperçues si leur résultat n'avait pas été aussi inattendu. A l'issue du vote, le Mouvement pour la liberté a obtenu 41 des 90 sièges du parlement, alors que le Parti démocratique slovène n'en a reçu que 27 places. Cependant, les vainqueurs sauront très probablement former une coalition avec le Parti social-démocrate, qui a remporté 6,7% des suffrages et sept sièges, ainsi qu'avec La Gauche (4,48% et cinq places). Ensemble, l'union des forces de gauche libérale recevra 53 sièges. À noter que formellement le Mouvement pour la liberté pourrait se choisir en tant qu'allié un seul de ces deux partis, ce qui suffirait pour une majorité absolue.
La troisième place revient au parti conservateur Nouvelle Slovénie - Chrétiens-démocrates avec 6,9% des voix. Les forces de gauche libérale n'ont pas l'intention de se coordonner avec lui, tout comme avec le parti de Janez Jansa.
Le Mouvement pour la liberté créé le 8 mai 2021 prône des principes de politique libérale et verte avec sa transition énergétique. Le parti plaide pour une décentralisation maximale, une taxe sur les émissions et les déchets non recyclables, ainsi que pour une nourriture saine - ses membres ont également promis d'imposer une taxe spéciale sur les boissons gazeuses. De plus, le parti a l'intention de poursuivre la création d'une économique transparente compétitive où il est facile d'ouvrir une nouvelle entreprise.
Il est à noter la sérieuse préparation des élections en Slovénie. Le taux de participation s'élève à 69%, ce qui est le plus grand indicateur depuis 20 ans. Robert Golob, qui a remercié les Slovènes pour leur confiance, a promis d'entamer le travail dès lundi. Il a déclaré qu'il était temps de "rendre au pays la liberté".
Janez Jansa était activement critiqué pour ses manières autoritaires. Certainement pas au même niveau que le premier ministre hongrois Viktor Orban, mais c'était suffisant pour unir l'opposition. De plus, le Parti démocratique slovène avait des problèmes dans la politique nationale. Par exemple, la pandémie avait sérieusement touché le pays: presque un Slovène sur deux a été malade.
Bien que Janez Jansa ait réussi à maintenir ou à reprendre le poste de premier ministre, dans l'ensemble le Parti démocratique slovène ne dominait jamais. Il avait reçu 24,9% des voix aux législatives de 2018, et M. Jansa était devenu premier ministre en grande partie parce que l'opposition dans le pays était divisée. Et en 2011, le Parti démocratique slovène avait même perdu les élections en s'inclinant face à la Slovène Positive, mais finalement c'est Janez Jansa qui a tout de même été nommé premier ministre.
Le Mouvement pour la liberté a obtenu un véritable succès: 34,5% des voix pour la Slovénie est un chiffre sans précédent même pour le vainqueur des élections. Cependant, précise The Guardian, un travail difficile attend la nouvelle coalition, car le parti vainqueur n'a pas beaucoup d'expérience dans la grande politique.
Il y a peu de chance que la Slovénie change d'attitude envers la Russie. Puisque dans l'ensemble Ljubljana suit la position de Bruxelles, il ne faut pas s'attendre à des changements dans le dialogue avec Moscou. Et les électeurs sont bien plus préoccupés par la politique nationale qu'étrangère.
Alexandre Lemoine
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