11.04.2022
Les acteurs et membres de l'alliance AUKUS passent à un autre niveau en se préparant à orienter des missiles hypersoniques contre la Chine. Dans cette organisation occidentale, Washington promet de partager des secrets militaires avec Londres et Canberra.
L'Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, les membres de la nouvelle alliance militaire AUKUS, ont convenu de coopérer au développement des armes hypersoniques et à celles employées dans la guerre électronique. Cela a été annoncé par les dirigeants des trois Etats - Scott Morrison, Boris Johnson et Joe Biden. Le communiqué indique, également, que le plan australien de sous-marins à propulsion nucléaire, adopté l'année dernière, progresse bien. Canberra, Londres et Washington ont lié l'intensification des préparatifs militaires à l'opération russe en Ukraine. Mais, Pékin a souligné que ces mesures sont clairement anti-chinoises. Selon Reuters l'administration Biden investit dans la recherche et le développement de missiles hypersoniques qui se déplacent à cinq fois la vitesse du son (Mach5).
Ces travaux ont été accélérés par le souci de viser à la sécurité de l'Europe dans le contexte des événements ukrainiens. La création de l'alliance AUKUS en septembre 2021 a conduit l'Australie à annuler le contrat avec la France pour la construction de sous-marins conventionnels. Cela a provoqué le mécontentement et les protestations du président français, Emmanuel Macron. Il a dit que Scott Morrison lui avait menti au sujet du contrat avec la France. «Je sais que Scott Morrison m'a menti», a-t-il ainsi affirmé à des journalistes australiens. La France s'est sentie trahie et a, ensuite, retiré ses ambassadeurs de Washington et de Canberra en signe de protestation.
Cependant, quelle que soit l'évolution des relations entre Paris et Canberra après la formation du nouveau pacte militaire AUKUS, cela a provoqué la réaction la plus vive à Pékin. Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a souligné que cette alliance entraîne cinq dommages à la région Asie-Pacifique. «Premièrement, elle augmente le risque de prolifération nucléaire; Deuxièmement, elle contribue au lancement d'un nouveau cycle de course aux armements; Troisièmement, cela compromet la stabilité dans la région; Quatrièmement, cela augmente la possibilité de frappes contre la création d'une zone dénucléarisée en Asie du Sud-Est; Cinquièmement, cela conduit à la renaissance de la mentalité de la guerre froide».
Des journalistes à New York ont demandé à l'ambassadeur chinois auprès de l'Onu, Zhang Jun, ce qu'il pensait de l'accord des trois pays sur les armes hypersoniques. L'ambassadeur a répondu: cela déclencherait une crise similaire à celle de l'Ukraine.
«Quiconque ne veut pas voir la crise ukrainienne devrait s'abstenir de faire des choses qui pourraient entraîner les autres parties du monde dans une crise comme celle-ci», a déclaré Zhang Jun aux journalistes. Il a rajouté: «Comme le dit le proverbe chinois: si tu ne l'aimes pas, ne l'impose pas aux autres». Les observateurs constatent que l'inquiétude de la Chine concernant le pacte trilatéral est fondée.
De plus, il s'avère que, puisque les projets d'équiper l'Australie d'armes hypersoniques ne seront pas mis en œuvre dans un avenir proche, Canberra souhaite obtenir rapidement les missiles à longue portée dont dispose le Pentagone. Le ministre australien de la Défense, Peter Dutton, a déclaré que l'installation de ces armes sur les avions et les navires sera accélérée. Cela coûtera au Trésor australien 2,6 milliards de dollars. L'Australie a accéléré ses plans d'achat de missiles de frappe à longue portée des années plus tôt que prévu en raison des menaces croissantes posées par la Russie et la Chine, rapporte l'AP.
Auparavant, il était prévu que les chasseurs-bombardiers américains FA-18F Super Hornet soient équipés de missiles air-sol d'une portée de 900 km en 2027. Il a, maintenant, été décidé que les travaux devaient être achevés d'ici 2024. Pourquoi cette accélération est-elle nécessaire?
Peter Dutton a donné deux justifications comme l'AP l'indique: «Il y avait une hypothèse de travail selon laquelle un acte d'agression de la Chine contre Taïwan pourrait avoir lieu dans les années 2040. Je pense que cette chronologie a maintenant été considérablement comprimée» ; «Quand on regarde ce qui s'est passé en Ukraine, il y a la perspective que les Russes entrent en Pologne ou ailleurs en Europe». Ainsi, selon, lui, «pour éviter que cela ne se produise, nous devons de toute urgence réarmer».
Les experts notent que l'Amérique met en œuvre indépendamment un programme de création d'armes hypersoniques. L'Australie et le Royaume-Uni ne pourront pas apporter un potentiel scientifique et technique sérieux à ce programme. Le Royaume-Uni est un membre permanent unique du Conseil de sécurité de l'Onu et il ne fabrique même pas de missiles balistiques. Londres a échoué dans son programme dans les années 1960. Les Britanniques pourront, cependant, participer au programme américain en tant que sous-traitants. Et, les Australiens ne peuvent pas faire ça non plus. Il y aura, donc, un cofinancement. Les Britanniques et les Australiens recevront de petits contrats pour produire des composants et des matériaux individuels pour un futur système que les Américains sont en train de développer. Et, ce système sera déployé en Asie.
Philippe Rosenthal
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