La candidate, Valérie Pécresse, à la présidentielle 2022 a perdu le soutien des membres de son parti avant les élections. La candidate a organisé dimanche un rassemblement de ses partisans et s'est prononcée durement sur les questions de la politique migratoire et d'adhésion aux principes d'un Etat laïc.
Elle détient fermement la deuxième place en popularité après Emmanuel Macron et a une chance de le battre au second tour des élections. Cependant, cette femme conservatrice, qui a remporté de manière sensationnelle les primaires du parti, est confrontée au fait que tous les membres du parti et ses anciens collègues de travail ne sont pas prêts à la soutenir.
Lors d'une réunion d'électeurs de 6 000 personnes dimanche dernier à la salle de concert du Zénith en Ile de France, Valérie Pécresse a déclaré que les migrants illégaux doivent être expulsés et qu'elle est prête à prendre des mesures extrêmes pour arrêter le flux de migrants illégaux.
«S'il faut bâtir des murs comme le font certains Etats, je les soutiendrais. Je veux qu'ensemble, nous luttions contre l'immigration qui débouche sur des zones de non-France. Si un pays refuse de reprendre ses clandestins, ce sera avec moi zéro visa», a déclaré la candidate LR. La référence aux «murs» à la manière de Donald Trump est un slogan utilisé comme l' autre candidat, Eric Zemmour, qui a fait une proposition similaire.
Séparément, Valérie Pécresse a conduit le «bulldozer» (ce surnom lui a été littéralement attribué) sur des musulmans croyants. Elle a déclaré que si elle était élue, elle interdirait l'utilisation du «burkini» - des maillots de bain qui couvrent presque tout le corps. Elle a, également, déclaré que le couvre-chef est un symbole inacceptable de la soumission d'une femme au 21e siècle, et a critiqué Emmanuel Macron pour son refus d'interdire aux filles de se couvrir la tête lors des compétitions sportives (les Républicains ont initié un projet de loi sur cette question).
Son meeting a aussi concerné le sujet de la Russie. En général, Valérie Pécresse a une bonne attitude envers ce pays puisqu'elle a participé à des séjours organisés par l'URSS pour y apprendre le russe. Bien qu'elle s'exprime pour la prise de sanctions en cas d'invasion de l'Ukraine, un certain nombre d'autres déclarations indiquent clairement son attitude loyale envers les intérêts russes. Ainsi, Valérie Pécresse s'oppose fermement à l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan. Elle a aussi déclaré que, si elle était élue, elle proposerait la création d'une nouvelle organisation de sécurité «de l'Atlantique à l'Oural».
Sur d'autres sujets, la candidate à la présidentielle 2022 a, également, des suggestions intéressantes. Elle promet d'augmenter les pensions, d'embaucher plus de soignants, de réduire les droits de succession et d'éliminer la semaine de travail de 35 heures «afin que les résidents puissent travailler et gagner plus».
Selon un sondage auprès de 12 500 Français réalisé par Ipsos et le cabinet de conseil Sopra Steria, Emmanuel Macron a désormais une cote de 24 %, 15,5 % pour Valérie Pécresse, 15 % pour Marine Le Pen et 14,5 % pour Eric Zemmour. Dans le même temps, les tendances sont telles que Marine Le Pen perd des électeurs. Valérie Pécresse a de réelles chances d'atteindre le second tour. Cependant, en réalité, atteindre cet objectif se heurte désormais à des difficultés.
La candidate russophone est refoulée par plusieurs de ses collègues de son parti et par des collègues de travail comme Nicolas Sarkozy. L'une des icônes du centre-droit a tardé à apporter son plein soutien à l'ancienne ministre du Budget. Selon Le Figaro, l'ancien président de la France était mécontent, entre autres, du déroulement du rassemblement de soutien à Valérie Pécresse. Il estime qu'il fallait choisir une grande ville pour obtenir un soutien beaucoup plus large.
Un autre «déserteur» était un membre éminent du parti, Eric Woerth, qui s'est ouvertement prononcé en faveur de la réélection d'Emmanuel Macron. Il a déclaré que son propre parti misait sur un passé nostalgique irréaliste. Natacha Bouchart (Les Républicains, LR), maire de Calais, étouffée par l'immigration clandestine, y compris par les tentatives de traversée de la Manche, a soudain déclaré qu'elle croyait aux promesses d'Emmanuel Macron pour modérer le flux des migrants clandestins, et le soutient également pour la présidentielle 2022, en refusant de soutenir Valérie Pécresse.
La raison d'un tel tournant à un début de campagne aussi prometteur provient du fait que Valérie Pécresse manque cruellement de qualités de leadership. Les observateurs considèrent que Valérie Pécresse est inférieure en charisme à Eric Zemmour et à Marine Le Pen ou à Emmanuel Macron. Elle a, certes, de l'expérience comme ministre, elle a un bon programme. Mais, elle n'est pas une leader reconnue parmi la droite, c'est pourquoi Nicolas Sarkozy a douté de son succès. Et, il semble que les critiques dans la presse soient positives, mais la campagne est toujours au point mort, et le rassemblement, qui ne peut pas être qualifié de grandiose, le montre.
Quoi qu'il en soit, Emmanuel Macron a réussi à consolider le statut de centriste, ce qui en France semblait presque impossible. Selon un sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match, LCI et Sud Radio publié le 14 février Emmanuel Macron est donné gagnant dans tous les cas de figure au second tour. «Le sondage montre une grande stabilité dans les intentions de vote: toujours pas candidat, le président de la République sortant gagne 0,5 point en une semaine», rapporte Le Point.
Pierre Duval
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