La pandémie de Covid-19 a été la plus importante mise à l'épreuve pour les relations internationales. Les crises précédentes (financières, la lutte contre le terrorisme, les conflits régionaux, etc.), malgré toute leur gravité, étaient principalement temporaires et limitées de par leurs conséquences.
La pandémie de coronavirus a affecté tous les États sans exception, indépendamment de leur système politique et social, indépendamment de leur puissance économique et militaire. Elle a mis en évidence la fragilité du système mondial actuel, la montée des risques et des défis capables de plonger le monde dans un profond processus d'autodestruction si rien n'était fait pour l'empêcher.
La pandémie se poursuit, et il reste encore à tirer des conclusions définitives sur ses conséquences pour le système des relations internationales. Cependant, certaines conclusions préalables peuvent déjà être faites.
Premièrement, la mondialisation a déjà irréversiblement changé notre monde, le rendant véritablement interdépendant. Les vagues de la pandémie de Covid-19 ont submergé tous les pays. Et cette situation se répétera de plus en plus souvent avec d'autres défis si on ne prend pas conscience de cette réalité évidente et on ne commence pas à songer comment les États doivent agir dans la nouvelle réalité.
Deuxièmement, le système international, en dépit des serments alarmistes périodiques de son effondrement imminent, dans l'ensemble a résisté à la première frappe de la pandémie. Après une première période de confusion générale et de sentiment d'impuissance, l'Onu, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la Banque mondiale, le G20 et d'autres organisations régionales et mondiales ont plus ou moins réussi à se mobiliser pour prendre des mesures urgentes visant à contenir la pandémie. En même temps, la lutte contre la pandémie a montré que certaines structures internationales étaient à la traîne et n'arrivaient pas à réagir efficacement dans un monde en évolution rapide.
Troisièmement, au vu de l'affaiblissement du rôle des institutions internationales, des tendances centrifuges se sont renforcées lorsque les pays, notamment les puissances, ont commencé à promouvoir leurs intérêts nationaux. Le monde est revenu de facto aux "règles" de la Guerre froide, où les pays ayant des systèmes sociopolitiques différents cherchaient à prouver à tout prix leur supériorité, sans se préoccuper des intérêts communs de sécurité et de développement.
Quatrièmement, face au défi de la pandémie, plusieurs dirigeants politiques ont tenté de profiter de la situation pour renforcer le rôle de l'État au détriment des principes démocratiques fondamentaux et des engagements internationaux pris plus tôt. Une telle politique pourrait devenir un obstacle insurmontable pour la formation d'un nouveau modèle contemporain des relations internationales basé sur la prise en compte des nouvelles réalités qui se mettent en place dans le monde, supposant une union des efforts des États au profit de la sécurité générale et du développement.
Cinquièmement, les regards de la communauté internationale, comme à l'époque de toute grave crise, sont tournés sur les puissances mondiales et leurs dirigeants. Un point de départ important pour la réflexion et l'élaboration d'un avancement pourrait être marqué par la mise en œuvre de l'initiative du président russe Vladimir Poutine afin d'organiser un sommet des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.
Igor Ivanov, ministre russe des Affaires étrangères (1998-2004)
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