L'armée de l'air américaine a récemment organisé un exercice de projection des chasseurs furtifs F-22 stationnés en Alaska sur un petit aérodrome éloigné.
Dans le cadre des exercices Agile Combat Employment des avions F-22 ont effectué une projection depuis la base conjointe d'Elmendorf-Richardson à Anchorage, qui est la base principale du Pentagone en Alaska, jusqu'à l'aéroport de King Salmon, qui se situe à 480 km au Sud-Ouest.
"En opérant à partir de sites opérationnels avancés, tels que King Salmon, nous vérifions notre flexibilité stratégique, notre liberté de manœuvre, ainsi que notre capacité de réaliser des actions proactives et évolutives dans le cadre de futures missions", a déclaré le général de brigade William Radiff, commandant adjoint de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord en Alaska.
Une application opérationnelle flexible est une nouvelle approche importante de la guerre dans les airs. Au lieu de concentrer les chasseurs sur plusieurs bases grandes mais vulnérables, les exposant au risque d'une attaque, l'armée de l'air construit de nouvelles petites pistes d'atterrissage, ainsi que réparent et modernisent les anciens aéroports hors service où il est possible de déployer des escadrilles de l'aviation de chasse.
En éparpillant les chasseurs sur de nombreuses petites bases aériennes, ils se retrouveront plus près de la zone des opérations et compliqueront le travail de planification de l'ennemi éventuel.
L'armée de l'air entame seulement la construction de nouvelles pistes d'atterrissage en Alaska. King Salmon est un bon début. Si et quand l'armée de l'air relancera l'exploitation du site aérien d'Eareckson sur l'île Shemya, ce sera un événement réjouissant.
C'est la raison pour laquelle l'armée de l'air a installé à Shemya un puissant radar d'avertissement Cobra Dane. Cette île d'une superficie de 15 km² se trouve à seulement 300 km de la Russie.
Les chasseurs qui décollent de l'aérodrome d'Eareckson se retrouvent dans des conditions parfaites pour intercepter des avions militaires russes en mer de Béring. Mais il y a un prix à payer pour cela. La base d'Eareckson est un endroit éloigné, froid et brumeux.
L'électricité y est produite grâce aux générateurs. Les tempêtes meurtrières arrachent parfois les toits des maisons. La météo y est si terrible que même en tant qu'aéroport de secours pour les avions qui passent à proximité l'utilité d'Eareckson est très minime. La moitié de l'année la piste d'atterrissage de trois kilomètres est recouverte par le brouillard.
L'ancienne base aérienne d'Eareckson est si terrible que quand l'armée de terre américaine veut organiser des entraînements ou des exercices dans les conditions froides austères, c'est ce site qu'elle utilise. Les équipages d'hélicoptères Chinook s'entraînent à rejoindre l'île depuis la partie continentale. Récemment, sur l'ancienne base aérienne ont atterri des C-17 qui s'entraînaient à projeter rapidement des batteries de missiles.
Mais, malgré tous ses inconvénients, Eareckson possède une immense valeur stratégique.
L'armée de l'air le sait. Mais bien que dans le cadre du concept d'application opérationnelle flexible les escadrilles soient éparpillées de plus en plus souvent sur des bases, l'armée de l'air ne s'est toujours pas décidée à ouvrir entièrement Eareckson.
Néanmoins, le commandement entretient ce site. En 2012, l'armée de l'air a dépensé 200 millions de dollars pour l'éclairage d'Eareckson, de King Salmon et d'un autre aérodrome éloigné sur l'atoll de Wake dans le Pacifique. Et en 2016, le gouvernement a versé 10 millions de dollars à un sous-traitant pour installer de nouveaux toits sur le hangar et sur d'autres bâtiments d'Eareckson.
Aucun aérodrome américain (il n'est pas question de porte-avions) ne peut déployer des chasseurs à une telle proximité de la Russie.
David Axe
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