Après la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, Bruxelles crée un nouveau type d'anglais – européen. L'anglais, étant la langue officielle dans plusieurs Etats, est différente selon les pays. La variante la plus répandue, hormis la britannique, est l'américaine. Or il existe également l'anglais canadien, australien, néo-zélandais, sud-africain et ainsi de suite. Et l'UE utilisait l'anglais britannique.
Mais à partir de 2016, quand les Britanniques ont voté pour la sortie de l'UE, les responsables européens se sont demandé ce qui arriverait à l'anglais après le Brexit. Sur décision des pays fondateurs prise au milieu du XXe siècle, chaque pays peut avancer une seule langue dans laquelle seront traduits tous les documents et discours dans différentes structures de l'UE. Ce qui représente 24 langues au total, et l'anglais était attaché à un seul pays, le Royaume-Uni. De cette manière, en théorie, cette langue devrait perdre avec le temps son importance, voire disparaître de la liste des langues officielles de l'UE.
Cependant, cela s'est avéré impossible dans la pratique. Selon les informations du média Politico se référant à ses sources de la Commission européenne, presque 90% des projets de loi et des actes normatifs en UE sont d'abord écrits en anglais, après quoi ils sont traduits dans d'autres langues de l'Union.
D'après la radio BBC, pendant près de 30 ans de participation du Royaume-Uni à la Communauté économique européenne et à l'UE, le français restait la langue de travail principale de la diplomatie européenne et des structures à Bruxelles, à Strasbourg et à Luxembourg. Et seulement après l'adhésion, en 2004, de pays d'Europe de l'Est, ainsi que de Malte et de Chypre, l'accent s'est déplacé vers l'anglais, étudié dans la majorité des écoles des républiques socialistes.
Selon l'agence européenne des statistiques Eurobarometer, cette langue est actuellement utilisée par plus de la moitié des citoyens de l'UE. Suivie par l'allemand, parlé par 32% des Européens, et le français avec 26%. Bien que les Français prônent le retour de leur langue à son rôle initial en UE, et Jean-Claude Juncker ait déclaré à une chaîne française qu'il ne comprend pas pourquoi la langue de Shakespeare doit devenir supérieure à la langue de Voltaire, selon les politiques d'autres pays, il n'existe pas d'alternative à l'anglais à l'heure actuelle.
Et puisque ceux pour qui l'anglais est la langue natale ont déjà quitté leurs bureaux de la Commission européenne, du Conseil européen et du Parlement européen, cette langue reste "à la merci" des étrangers. Au cours de ces années il a déjà subi des changements dans les couloirs de Bruxelles et, selon certains linguistes, il faut la "légaliser" pour que les Polonais, les Estoniens, les Grecs et les Espagnols puissent se comprendre. "Le moment est venu pour les gens en Europe continentale pour qui l'anglais n'est pas leur langue natale de décider de son avenir pour l'Union européenne", estime Marko Modiano, professeur d'anglais à l'Université de Gävle (Suède).
Actuellement, au niveau usuel, dans la communication entre les Européens, c'est plutôt une version simplifiée de l'anglais. Les experts de la BBC affirment que "dans la communication entre les bureaucrates européens c'est une langue avec ses propres dénominations pour les réalités de l'UE, avec son officiel particulier et ses propres calques d'autres langues européennes".
Marko Modiano suggère à l'UE d'assumer un rôle leader dans la définition et la diffusion de l'anglais européen qui bénéficiera de ses propres "ponctuation, orthographe, grammaire et vocabulaire".
Alexandre Lemoine
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs