Le style gouvernemental du président Emmanuel Macron est de moins en moins populaire auprès des Français. Les idées de Marine Le Pen et ses critiques sur l'UE sont de plus en plus approuvées. Cela est attesté par les résultats d'un nouveau sondage.
La journaliste du quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) souligne que le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a déclaré récemment qu’ il rêve d'élections sans Marine Le Pen. Cette dernière explique qu' en réalité tout est différent car, en fait, la candidate, 52 ans, à la présidentielle de 2022 a toutes les chances de rentrer dans le tour décisif du scrutin du printemps prochain. La pandémie de coronavirus a anéanti les derniers vestiges de l'esprit d’optimisme qui émanait d'Emmanuel Macron lors de sa prise de fonction en 2017. La crise sanitaire a montré que de plus en plus de Français partagent désormais les idées de Marine Le Pen pour fermer, protéger et revenir à une vision nationale de la politique du pays.
Dans un entretien le politologue Bruno Cautrès du Cevipof explique qu'avec la crise sanitaire, «on voit que la lassitude (41 %, +13 points en un an) et la morosité (34 %, +12 points) sont en forte augmentation dans le pays» et que c'est «bien plus haut qu’en avril dernier, lors du premier confinement», rajoutant que «la morosité est aussi plus haute que lors des périodes d’attentats en 2015, cela montre que le climat est lourd et pesant» et qu' «on s’est aperçu que ce climat négatif est plus structurel que dans les autres pays européens».
L'expert annonce que «même s’il y a une confiance plus forte, l’incarnation nationale reste très loin du niveau local» car «65 % des Français font confiance à leur maire (+2), 51 % à leurs conseillers régionaux (+7), mais seulement 44 % font confiance à leur député (+7), 34 % au Premier ministre (+3) et 37 % au président de la République (+7)».
Les manifestations des Gilets jaunes ont révélé une crise de la démocratie représentative. Depuis lors, Emmanuel Macron n'a pas été en mesure de dissiper les doutes à ce sujet. Contrairement à des gouvernements similaires dans des pays comparables à la France, le président français dirige largement l'Etat, contournant le parlement. Les décisions critiques sont prises par un petit cercle du Conseil de défense sanitaire. Les réunions se déroulent dans une atmosphère de «secret militaire», même les membres du cabinet n'ont pas accès aux procès-verbaux des réunions. De plus, la France a déclaré une urgence sanitaire, ce qui donne encore plus de pouvoir à l'exécutif. 55% des personnes interrogées en France, selon l'étude, critiquent les principes de la démocratie dans leur pays.
Les objectifs de renouvellement éthique et moral, après l'arrivée au pouvoir, du gouvernement d'Emmanuel Macron n'ont pas été atteints, constate le FAZ. Le sondage dit que 74% des Français pensent que les hommes politiques parlent trop et n'agissent pas assez, 70% que les responsables politiques sont déconnectés de la réalité et ne servent que leurs propres intérêts, 62% que les différences politiques entre les citoyens ordinaires et les élites sont plus grandes que les différences entre citoyens.
Bruno Cautrès précise dans 20minutes qu' «il y a une insatisfaction sur le fonctionnement démocratique, et sur notre méritocratie par rapport aux autres pays européens. 57 % pensent qu’il faut avoir des relations pour réussir dans la vie. La promesse d’émancipation était pourtant au cœur du projet initial d’Emmanuel Macron».
La pandémie a incité les Français à faire davantage confiance aux institutions publiques. Cependant, en général, les résultats du sondage sont alarmants pour la stratégie électorale de l'actuel président français, souligne le FAZ. 19% des Français veulent s'ouvrir davantage au monde d'aujourd'hui. 44% sont en faveur d'une «meilleure défense contre le monde».
Dans d'autres domaines, le parcours de Marine Le Pen est également plus conforme à la vision du monde de ses compatriotes, note le quotidien germanique . 62% des Français considèrent l'islam comme une menace pour le pays. Elle parie clairement sur le fait que les Français l'ont déjà identifiée comme une combattante contre l'islamisation alors qu'Emmanuel Macron doit encore clarifier son profil.
Pierre Duval
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