La Sibérie souffre du réchauffement climatique. La fonte du pergélisol provoque des effondrements de sol. Mais ce n'est pas tout: en six ans les chercheurs ont déjà recensé 16 cratères qui se sont formés à cause des explosions de gaz. Selon une version, il s'agit des explosions d'hydrate de méthane, un gaz explosif conservé dans le pergélisol qui a fondu à présent. Or si la quantité de ce gaz dans le sol devenait critique, à quoi faudrait-il s'attendre?
Les scientifiques ont observé pour la première fois ce phénomène naturel il y a six ans. Cela se produit aujourd'hui en Sibérie avec une fréquence effrayante. Le sol explose subitement et avec une force immense en laissant des cratères jusqu'à 30 mètres de profondeur.
Cela ressemblait au départ à un mystère, mais les chercheurs ont rapidement déterminé que les effondrements dans l'Extrême-Nord de la Sibérie occidentale apparaissent à cause du gaz souterrain, et la succession d'explosions ces dernières années pourrait être liée au réchauffement climatique.
La nature de telles explosions n'est pas entièrement connue. Mais c'est très probablement lié à la structure géologique de cette région, car de tels effondrements n'apparaissent pas ailleurs en Sibérie ou dans les zones de pergélisol au Canada et en Alaska, qui subissent également les conséquences du réchauffement climatique.
Des explosions surviennent sous des collines et des élévations dans la toundra, où sous la terre s'accumule le gaz qui se forme suite à la décomposition de substances organiques. Sous une couche de glace entourée par le pergélisol le gaz crée une pression qui gonfle le sol. Une explosion se produit quand se renforce la pression ou fond la couche de glace qui se brise soudainement.
On ignore exactement l'origine de ce gaz. Le pergélisol est une couche mélangée de sol dans le désordre sous basse température, de glace et de plantes préhistoriques, où des mammouths gelés sont parfois retrouvés. Cette couche recouvre 67% de la surface terrestre en Russie. Dans certaines régions le pergélisol se trouve également au fond de l'océan Arctique.
Dans ce réfrigérateur polaire l'eau balaye des rives de fleuves des fragments et même des carcasses entières de mammouths, d'ovibos, de rhinocéros laineux et d'autres animaux ancestraux gelés. Cependant, aucune dépouille d'animaux n'a été découverte dans le sol gelé qui est remonté par les explosions.
La couche de pergélisol est généralement profonde de plusieurs centaines de mètres, mais dans certaines régions de la Sibérie elle descend à plus de 1,5 km. Sa partie qui se trouve près de la surface est connue comme la couche active, et elle fond chaque été.
Les étés deviennent de plus en plus chauds, et la couche active s'approfondit. Il se pourrait que cela soit la raison de la fonte et de l'amincissement de la glace qui recouvre des gisements de gaz.
Les gaz provoquant des explosions pouvaient accumuler leur pression pendant des dizaines et des centaines de milliers d'année, parce que la composante organique du pergélisol d'abord se décomposait, puis gelait.
Il existe également une autre probabilité. Le méthane accumulé dans des couches plus profondes du pergélisol sous forme cristallisée est connu comme l'hydrate de méthane. Au fur et à mesure de la fonte du sol à cause du réchauffement climatique il revient à l'état gazeux. Selon cette théorie, les explosions dans les poches de gaz ne se produisent pas à cause de la fonte de la surface, mais suite à la hausse de la pression.
Un an ou deux après l'explosion, les fossés se remplissent d'eau et ressemblent à un petit lac qui ne suscite aucun soupçon.
Andrew E. Kramer
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