Donald Trump remportera la victoire en novembre parce que les mêmes forces qui l'ont fait élire en 2016 font encore plus parler d'elles en 2020. Cette année promet d'être la plus tumultueuse dans l'histoire américaine, du moins depuis 1968, voire depuis 1941: nous vivons à l'époque de "cygnes noirs". Si vous les voyez constamment, ils ne sont donc pas si rares, n'est-ce pas?
Peut-être que je devrai retirer mes propos dans une semaine, mais je prendrai le risque d'exposer mes arguments au profit de la victoire de Donald Trump.
En 2016, ce dernier a gagné pour une bonne et simple raison: la réaction négative à huit ans de politique expansionniste continuelle et de surtension sous l'administration Obama, ainsi qu'à 25 ans de faible leadership républicain. Donald Trump est un macho inculte, sans retenue, qui ne dispose pas de compétences professionnelles nécessaires et complètement inapte aux fonctions présidentielles. Cependant, il a été élu presque uniquement pour ces mêmes raisons.
Donald Trump a gagné parce qu'un grand nombre d'électeurs détestaient à tel point l'élite qu'ils étaient prêts à voter pour un tel homme simplement pour humilier le parti républicain et l'establishment politique pendant les primaires. Trump a gagné à cause de la déception de l'électorat, et c'est ici que doit commencer et se terminer toute analyse rétrospective des élections de 2016 par rapport à la situation actuelle l'année de la présidentielle.
Une simple conversation avec la plupart des partisans de Donald Trump montrerait que très souvent il s'agit de centristes laïques ou de conservateurs qui trouvent le comportement personnel et non professionnel de Trump repoussant, le soutenant pour la plupart en l'absence d'une meilleure alternative. En effet, la base de soutien de Trump la plus puissante aux primaires était composée de gens de facto considérés comme démocrates, mais qui ont voté pour le républicain. C'était en général des "représentants blancs de la classe ouvrière" laissés sur la touche du progrès économique par la société technologique mondialisée et politiquement isolés par le parti démocrate obsédé par des idées progressistes. C'est bien plus révélateur que le niveau de soutien de Trump dépassait à peine 30%, et seulement quand le champ électoral aux primaires s'est réduit à 3,5 candidats il a réussi à se faire élire.
On estime que "les supporters de Trump ne sont pas racistes, mais ils ont décidé que le racisme n'était pas un problème pour être d'accord", et que le soutien de Trump ne signifiait pas d'être d'accord avec sa pire rhétorique et avec les représentants les plus répugnants de son électorat. Le soutien d'un politique dont la position vous semble la plus proche ne signifie pas l'acceptation sincère de toutes ses opinions: le soutien politique est un compromis, pas un mariage. La plupart des personnes de centre-gauche ne sont pas des antisémites ou des marxistes; cependant, l'antisémitisme et le soutien ouvert du néomarxisme au sommet de l'organisation Black Lives Matter n'empêche pas certains représentants du parti démocrate, dont les candidats à la présidence, de soutenir ouvertement ce groupe. L'assimilation du soutien politique de Donald Trump au racisme est une faible perspective basée sur une mauvaise compréhension des gens avec d'autres opinions et l'absence d'empathie. L'idéologie politique est entièrement déterminée par la socialisation, l'expérience personnelle et les intérêts mercantiles; le déni de ce fait signifie une ignorance enveloppée dans la prétention et le fanatisme.
Les républicains et les centristes privés de représentation sont venus soutenir Donald Trump pour exprimer leur attitude négative à ce qui se passait ces dix dernières années. Cette négativité s'accumulait en deux étapes. La première était une réaction à l'adoption du projet de loi de Barack Obama sur la stimulation de l'économie soutenu par les congressistes démocrates et seulement par trois sénateurs républicains, dont le "rebelle solitaire" mentionné. La seconde étape était l'adoption de la loi sur les soins accessibles, qui n'a été soutenue par aucun républicain au congrès. L'adoption de ces lois a accéléré la formation du Tea Party, a conduit les républicains à la plus grande victoire au congrès depuis le changement de sa composition à cause de la récession sous Roosevelt en 1938 et, enfin, a engendré une version idéologiquement chargée bien plus réactionnaire du conservatisme par rapport au néoconservatisme qui lui précédait.
La seconde étape de réaction négative a pratiquement coïncidé avec le début de la campagne électorale de Donald Trump. Fin juin 2015, la Cour suprême a émis sa décision sur l'affaire Obergefell contre Hodges, en légalisant le mariage homosexuel à l'échelle nationale, ainsi que sur l'affaire King contre Burwell, quand a été soutenu le projet de loi de Barack Obama sur les soins médicaux accessibles, alors que l'assurance médicale obligatoire se transformait en taxe. La décision sur l'affaire Obergefell a été prise quand le mouvement pour la légalisation du mariage homosexuel s'élargissait partout dans le pays. Mais pour les fondamentalistes religieux craignant ce que cela signifierait pour la liberté de religion et pour les gens qui rejettent encore cette idée, la décision de la Cour suprême a été un rappel que même le tribunal qui tend vers la droite ne garantit pas des décisions conservatives. La décision concernant la réforme de santé de Barack Obama a également soutenu le paradigme juridique impopulaire avec une argumentation alambiquée, ce qui a fait penser aux conservateurs que le président de la Cour suprême Roberts cherchait un prétexte pour se ranger du côté libéral au lieu de prononcer un verdict conforme à la Constitution.
Ajoutez à cela la gestion catastrophique de la guerre en Irak par l'administration Bush, la crise financière de 2008 et la mauvaise gestion des épargnes, la hausse exponentielle des dépenses publiques dans les années 2000, l'embarras de McCain pendant la campagne électorale et les conséquences encore plus destructives de la transformation de Sarah Palin en figure nationale.
C'est la toile de fond sur laquelle Donald Trump a commencé sa campagne le 16 juin 2015. Faut-il s'étonner de sa montée en flèche dans les sondages avant les primaires du parti républicain? Tandis que Jeb Bush ajoutait des points d'exclamation à son prénom pour détourner l'attention de son nom, et Marco Rubio est resté sans voix quand il parlait espagnol, Donald Trump s'insurgeait contre la Chine, l'immigration, les élites libérales hautaines et le politiquement correct. Les autres membres du parti républicain s'excusaient pour tout ce que le conservatisme avait fait ces trente dernières années en cherchant à contrer les accusations permanentes de racisme, de sexisme ou d'homophobie des médias et de la twitter-sphère, mais pas Trump. Sans ambages ni excuses il s'est armé de tous ces stéréotypes sans craindre de paraître devant les médias et le grand public tel qu'il est.
à suivre
Isaac Lopez, chroniqueur au magazine Telos
Source: http://www.telospress.com/author/ilopez/
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs