Ce n'est pas le titre d'un film de science-fiction d'Hollywood ni celui d'un site inconnu, mais cela se trouve sur le site du Figaro. C'est à se demander si pour relancer son titre, le journal, en cette période estivale, ne serait pas en train de trouver des contenus évoquant des sujets post-apocalyptiques. Les habitants de New-York, eux, comme dans un exode, s'enfuient de la ville la peur au ventre.
Le Figaro du 13 juillet titre: «À New York meurtrie par la pandémie, l'exode a commencé». «Le traumatisme de la pandémie a déjà poussé de nombreux New-Yorkais à quitter définitivement la ville au plus vite, laissant de nombreux appartements vides et faisant flamber les prix de l'immobilier autour de la métropole», écrit le quotidien alors que les Français pensent à se dorer au soleil. Il donne la parole à des New-Yorkais quand le virus a, selon les termes choisis de ce journal, ni plus ni moins «ravagé New York».
Le témoin évoqué se nomme Nick Barnhorst, 41 ans, et il dit qu'il «n'était pas prêt à partir» en février dernier. La panique prend les New-Yorkais à la gorge et aux tripes. L'auteur de l'article écrit toujours fidèle à son discours apocalyptique: «D'un seul coup, c'est devenu: il faut se barrer d'ici le plus vite possible». Nick Barnhorst «devrait signer l'acte de vente d'une maison située à Mamaroneck, ville cossue au nord de New York, la semaine prochaine et se montrant «au summum de l'enthousiasme» ce «Californien d'origine» est maintenant heureux car «rien de ce qui fait que New York est New York ne fonctionne actuellement» et «donc il est plus facile de la quitter». Les théâtres, les bars, les cinémas, les salles de concert, ou les musées n'ont pas rouvert.
Même si l'auteur est dans le scénario de la peur, il met la pointe de son stylo dans ce qui touche tous les habitants de l'Occident avec la grande crise économique qui suit la crise sanitaire: guerre civile, famine, chômage de masse, faillites de masse, suicides. Les prix montent dans les zones encore jugées protégées du virus et des conséquences de la dystopie sanitaire. Les «maisons» sont, par exemple, «autour de la ville prisée de Montclair, dans le New Jersey, vendues (à) plus de 20% au-dessus du prix affiché».
Un ami de Nick Barnhorst, explique Le Figaro, est «parti en week-end chez ses beaux-parents début mars dans le Massachusetts» et «a fait beaucoup plus radical encore» car «il n'est jamais revenu habiter à New York». Avec «sa femme enceinte de huit mois, il a vendu son appartement et acheté à Bronxville, commune située immédiatement au nord du quartier du Bronx».
La crise touche le marché de l'immobilier et celui-ci «ne laisse aucune place à la négociation». On comprend que l'harmonie de la société américaine, si elle existait encore, avant ce qui ressemble aujourd’hui à un début d’Armageddon, a totalement explosé car l’Américain, même celui civilisé de New-York, se comporte en carnassier dans le scénario post-apocalyptique que l’Occident est en train de traverser.
L'auteur du Figaro n'insiste pas trop dans les détails de cette métamorphose. Il ne parle pas, par exemple, des émeutes Black Lives Matter qui ont explosé à travers tout le pays. Crise sanitaire, crise économique, émeutes, revendications racialistes, sont en train de briser la nuque des Etats-Unis. Cependant, Nick, le New-Yorkais, «a dû batailler pour trouver la maison qu'il cherchait», explique le journaliste du Figaro. Finalement, les New-Yorkais n’ont pas besoin d’aller au cinéma, il leur suffit de rester assis devant leur fenêtre et de regarder le film de la réalité se dérouler devant leurs yeux.
Olivier Renault
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