Le journal Guardian a pris connaissance du pronostic de l'établissement Public Health England, qui stipule que l'épidémie de coronavirus perdurera dans le pays jusqu'au printemps 2021, jusqu'à 7,9 millions de personnes peuvent être hospitalisées, la maladie pourrait affecter 80% de la population. Alors que la revue Independent publie un avertissement effrayant d'un médecin: "C'est une guerre, une crise nationale".
Les Britanniques critiquent fortement les actions du gouvernement de Boris Johnson, qui ne prend pas les mesures nécessaires. Plus de deux cents chercheurs et médecins ont adressé une lettre ouverte au premier ministre pour l'appeler à agir avec fermeté.
Le Guardian s'est joint à cette campagne en publiant des extraits de cette lettre présentée lors d'un briefing à huis clos pour la direction du NHS (Service national de la santé du Royaume-Uni) par le Public Health England (PHE) – organe exécutif du Département de la santé et de la sécurité sociale. Les experts prédisent que le coronavirus sévira pendant encore un an, le système de la santé éprouvera des surcharges gigantesques. Le Covid-19 pourrait contaminer 80% des Britanniques.
Ce document signé par une haute responsable du PHE, la docteure Susan Hopkins, affirme également que jusqu'à 7,9 millions de personnes pourraient avoir besoin d'une hospitalisation au Royaume-Uni.
Le rapport du PHE indique: près de 0,5 million de gens parmi les 5 millions de Britanniques, qui assurent le fonctionnement de l'infrastructure publique vitale (y compris tous les collaborateurs du système de la santé et 1,5 million de travailleurs du secteur social), pourraient tomber malade en même temps.
La santé britannique n'est pas à même de gérer un tel flux d'individus présentant des symptômes de coronavirus et nécessitant un examen, constatent les experts – les laboratoires sont surchargés. L'affluence est telle que même les médecins et les infirmières ne passeront pas de tests tant qu'ils sont en état de travailler. Les examens sont nécessaires uniquement pour les malades graves hospitalisés, les résidents des maisons de retraite et les détenus.
Les analystes divergent pour l'instant dans l'estimation de la mortalité, en prédisant le décès entre1% et 0,6% des malades réels (pas seulement testés positifs). Ce qui représente respectivement entre 531.000 et 318.660 décès au Royaume-Uni.
Le professeur Chris Whitty, conseiller en chef du gouvernement dans le secteur médical, se référant à des simulations mathématiques, affirme: le nombre de cas grandira rapidement d'ici 10-14 semaines, en d'autres termes le point culminant sera atteint fin mai-début juin.
Le journal Independent a publié les propos d'un médecin qui se bat contre le coronavirus, qui a souhaitait garder l'anonymat:
"En suivant le parcours de l'Italie, d'ici deux semaines nous n'aurons plus de place en réanimation. Permettez-moi de dire en tant que médecin qui travaille avec des patients contaminés par le Covid-19: vous n'imaginez pas à quel point tout va mal.
Je ne veux pas passer pour un paniqueur, mais les chiffres parlent d'eux-mêmes. Il y a une semaine, on comptait 40 cas confirmés au Royaume-Uni. Nous n'avons pris aucune mesure globale hormis les tentatives de contenir l'infection entrante et le suivi des contacts des malades.
Quand le nombre de cas a soudainement augmenté, les critères de dépistage du coronavirus n'ont pratiquement pas changé. Seulement les patients en réanimation sont soumis aux tests – il n'est pas question de tester les individus présentant tous les signes de coronavirus mais qui n'ont pas voyagé ou n'ont pas été en contact avec des infectés testés.
En Angleterre on compte seulement 4.000 places en réanimation, 80% sont déjà occupées. En ayant la même courbe de la maladie qu'en Italie, où 10% des patients ont besoin de soins intensifs, d'appareils de ventilation artificielle, la semaine prochaine nous aurons besoin de 200 lits supplémentaires. Et d'encore mille dans une semaine, or c'est notre potentiel total. Tous les deux jours après ce moment le besoin en lits doublera.
Sachant qu'il existe des malades sans coronavirus qui ont besoin de soins intensifs. Ils ne pourront pas bénéficier de soins et ne survivront pas.
Si l'épidémie continuait de se propager à ce rythme, dans un mois nous compterons un million, voire plus de cas de Covid-19. J'ignore ce qui arrivera après cela. Mais une chose est sûre: le taux de mortalité en Italie est largement plus élevé qu'en Chine (7% contre 4%), et cela s'explique par la surcharge du système de la santé italien. Les rapports des médecins italiens ressemblent aux comptes rendus des champs de bataille.
La Chine a été capable de construire des hôpitaux immenses, de bloquer 750 millions d'individus et de faire appel à des milliers de travailleurs médicaux. Hélas, nous ne disposons pas des capacités chinoises ni même du niveau du système de la santé italien.
Le gouvernement est obligé de mettre à disposition de la population tout le nécessaire pour contenir l'infection: des zones publiques pour se laver les mains, des réserves alimentaires, désinfecter en masse les transports publics. Chaque seconde perdue peut coûter des vies humaines."