D'après le journal La Repubblica, le couple Macron-Philippe ne pourrait pas survivre au déconfinement car le torchon semble brûler entre le Premier ministre et le président de la République. La crise liée au virus aurait ébranlé les piliers de ce couple car le Premier ministre a porté le costume du porteur de mauvaises nouvelles pendant qu'Emmanuel Macron se protégeait derrière lui comme d'un paratonnerre durant la gestion de la crise liée au virus.
Pour La Repubblica, le lien entre le Premier ministre et le Président fonctionne toujours en France sur le même modèle de la rivalité car «c'est une constante de la Ve République». Le journal italien a décodé les raisons de ce conflit entre les deux figures principales de l'Etat français. Courrier International explique en reprenant l'analyse de ce quotidien qu' «après son élection, Macron avait promis de se démarquer par rapport au passé et, en ce sens, il a souvent vanté l’osmose prévalant entre lui et son Premier ministre», que «les deux dirigeants ont d’ailleurs surmonté ensemble plusieurs crises, comme celle des Gilets jaunes ou l’épreuve de la réforme des retraites, mais qu'aujourd’hui, le couple semble vraiment en crise». L'osmose tant vantée par le président français a finalement retrouvé le chemin habituel de la rivalité connu sous la Ve République.
Selon Courrier International toujours en citant le média italien, «les deux hommes auraient souvent eu des différends de fond à des moments cruciaux, comme par exemple en ce qui concerne le maintien du premier tour des municipales le 15 mars car selon La Repubblica ce fut «un choix de Philippe, qui était candidat au Havre». On se souvient aussi du moment fort où Emmanuel Macron a décidé, en se contentant de dire que «je mesure le choc massif économique», «non, je n'ai pas ces grands mots», de se désolidariser de son Premier ministre quand celui-ci avait déclaré le 28 avril lors de la présentation de son plan de déconfinement à l'Assemblée nationale que le pays était face à un «risque d'écroulement» économique en cas de confinement prolongé. Les journalistes italiens évoquent aussi un contentieux plus récent pour soutenir leur analyse sur la fin proche d'Edouard Philippe comme Premier ministre: «Il y a quelques jours Macron a téléphoné à des journalistes pour souligner qu’il n’était pas d’accord avec le choix de Philippe de refuser d’accorder un temps de discussion supplémentaire sur le vote du décret pour la phase 2».
Pour La Repubblica, Édouard Philippe a dû endosser le costume de policier qui va au-delà de celui de Premier ministre: «Le Premier ministre est devenu une sorte de policier. Depuis le début de l’urgence sanitaire, il est celui qui doit annoncer les mauvaises nouvelles, demander des sacrifices, justifier les retards et le manque de moyens». Avec l'arrivée de la phase de déconfinement, le président de la République semble vouloir se débarrasser de la figure de celui qui incarnait les mauvaises nouvelles en le faisant sauter comme un vulgaire fusible.
La Repubblica constate que les divergences entre les deux hommes ont de plus en plus de mal à rester secrètes même si Edouard Philippe a démenti la semaine dernière des tensions avec Emmanuel Macron: «Depuis trois ans qu'il m'a été donné de pouvoir travailler avec le président de la République en tant que chef de gouvernement, j'ai toujours constaté dans nos relations une confiance et une fluidité qui, je crois, a peu de précédents. […] C'est toujours le cas et j'espère que ce sera toujours le cas et je crois que ce sera toujours le cas». Et en rajoutant: «Je pense que nos concitoyens s'en contrefichent dans des propensions que les journalistes politiques ne mesurent pas. Et je dois dire que, de ce point de vue là, je me sens très Français». «Tous ces indices, ne constituent pas une preuve bien sûr», écrit le journal italien tout en concluant que «nombreux sont ceux qui pensent que Macron pourrait procéder à un remaniement du gouvernement dès cet été. Et parmi les candidats au poste d’Edouard Philippe, il y aurait, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie».