La bombe coronavirus se trouve aussi dans les camps de réfugiés. Le 1er mars, la Grèce a fermé avec le soutien de la Commission européenne ses frontières aux réfugiés. Les îles grecques ont été pourtant réquisitionnées1 pour importer des populations en direction de l'Europe avant la décision d'Angela Merkel d'ouvrir les frontières en 2015.
Les camps grecs en 2020 sont surpeuplés à l'heure où le coronavirus frappe tous les pays qui ferment leurs frontières. L'état sanitaire était déjà très mauvais dans ces camps avant l'épidémie. Aujourd'hui, les réfugiés enfermés les uns sur les autres dans des camps, alors que l'état sanitaire y était déjà très mauvais avant l'épidémie, sont menacés d'être contaminés et de provoquer une catastrophe sanitaire en Grèce et dans leurs pays d'origine avec leur expulsion alors que le coronavirus est déjà présent au Proche et Moyen-Orient.
Médecins Sans Frontières a écrit le 12 mars qu' «actuellement, plus de 40 000 personnes sont enfermées dans cinq centres d'accueil prévus initialement pour 6 000 personnes au maximum, soit presque sept fois la capacité d'accueil. Les conditions de vie y sont horribles et plus d'un tiers sont des enfants». La menace du coronavirus ajoutée à celle du président turc d'envoyer des migrants, dont parmi lesquels des djihadistes pouvaient s'y trouver, a poussé à la fermeture de la frontière grecque. Médecins Sans Frontières explique que «les mesures d'urgence annoncées le 1er mars par le gouvernement grec ont entraîné: la suspension temporaire du droit de demander l'asile pour les personnes entrant dans le pays, l'expulsion rapide des nouveaux arrivants sans que ceux-ci soient enregistrés, le renforcement des frontières avec le déploiement de personnel militaire et de sécurité supplémentaire».
L'UE en expulsant les réfugiés des camps grecs menace d'aggraver la situation au Proche et Moyen-Orient. Le coronavirus, en effet, semble s'être installé dans cette région du monde au 16 mars là où les cas augmentent chaque jour2.
Au Qatar, on 401 cas . Avec 238 contaminés, toutes les écoles et universités ont été fermées, les événements publics et les vols vers 14 pays ont été annulés.
Au Koweït, 112 cas ont été enregistrés. Depuis le 13 mars tous les vols commerciaux ont été annulés. Pour toutes les organisations qui ne fournissent pas de services essentiels, la période du 12 au 26 mars a été déclarée jour de congé. Les visites sont interdites dans des lieux publics. Le ministère des Affaires islamiques informe les croyants sur les mesures de protection contre l'infection dans les mosquées.
Bahreïn compte 214 personnes touchées par le coronavirus.
En Egypte,126 cas ont été recensés. 45 touristes infectés qui se trouvaient sur le bateau de croisière A -Sara ont été rapatriés le 11 mars. Les touristes n'étaient pas autorisés à visiter l'ancienne ville de Louxor. Les équipes médicales ont vérifié sélectivement les employés et les clients des hôtels, des restaurants et des bateaux de croisière.
L'Arabie saoudite compte 118 malades. Les écoles et les universités sont fermées. Le travail de toutes les institutions, à l'exception des institutions vitales, est arrêté. Le trafic aérien vers les pays touchés par la pandémie est arrêté. Après une déclaration du ministère de l'Intérieur selon laquelle les derniers cas provenaient d'Al-Qatif, la ville a été mise en quarantaine. Il convient de noter qu'à Al-Qatif, la majorité de la population est chiite et que des manifestations contre les politiques discriminatoires du royaume contre la minorité chiite se sont déroulées à plusieurs reprises dans la ville, ce qui permet d'aggraver la situation
Israël a 251 cas confirmés. Tous les événements de masse ont été annulés et une quarantaine de deux semaines est instaurée pour tous les arrivants dans le pays. Tsahal continue de mobiliser des réservistes.
L'Irak a 124 cas. Les prières du vendredi dans la ville sainte de Karbala ont été annulées.
La Palestine a plus de 30 cas confirmés. La ville sainte de Bethléem est fermée.
En Iran, le nombre de contaminés est de 13 938.
En Jordanie, il y a 12 cas. Au premier cas confirmé, les autorités du pays ont fermé la frontière avec la Palestine, l'Égypte et l'Irak, et ont également interdit les voyages au Liban et en Syrie.
Les pays ont pris des mesures sérieuses face à la pandémie. Mais, en raison des guerres, des révolutions et des révoltes, l'état déplorable des systèmes de santé, comme au Yémen qui a été détruit par la coalition saoudienne, la question de l'efficacité de ces mesures reste ouverte d'autant plus que l'UE est en train de renvoyer les réfugiés des camps grecs dans leur pays.
(1) http://www.comite-valmy.org/spip.php?article4480
(2) https://gisanddata.maps.arcgis.com/apps/opsdashboard/index.html#/bda7594740fd40299423467b48e9ecf6
Olivier Renault