Le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung confirme dans un article du 27 novembre que «le président français pousse à abandonner la stratégie menée par l'Otan pour examiner l'offre faite par la Russie qui vise à imposer un moratoire sur les missiles nucléaires à moyenne portée (FNI).
Au cours de la conférence de presse du 28 novembre faite conjointement avec le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, le président français a déclaré, «nous n'avons absolument pas accepté le moratoire proposé par la Russie ou l'offre de moratoire» mais a cependant montré sa volonté de tendre la main à la proposition du Kremlin sur le FNI.
Dans une lettre écrite au Kremlin, Emmanuel Macron explique qu'il «ne veut plus suivre la directive officielle de l'Otan car il veut aller vers la Russie pour trouver des accords sur les missiles nucléaires à moyenne portée, une volonté profonde du président russe», une demande confirmée dans les milieux diplomatiques bruxellois. «À cette fin, le président français propose des discussions bilatérales et multilatérales avec tous les États ayant des réserves sur le contenu spécifique du moratoire russe. Il a expressément souligné que des «mesures de contrôle crédibles, robustes et réciproques» devraient être établies», confirme le quotidien allemand https://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/macron-will-putins-angebot-fuer-raketen-moratorium-pruefen-16506811-p2.html.Le président français a confirmé cette position hier dans la conférence de presse avec Jens Stoltenberg: «Le monde a changé. Le rideau de fer est tombé. Cela implique aujourd'hui de revenir sur quelques sujets essentiels en la matière, par un dialogue lucide avec la Russie, robuste et exigeant» et «assume d'avoir porté la volonté de redonner une dynamique à ce dialogue» car il est « impérieux d'aborder de front ce sujet au sein de l'Alliance d'abord et avant tout dans le dialogue entre l'Europe et la Russie pour recréer les conditions de notre sécurité dans le monde réel c'est à dire dans celui d'aujourd'hui» pour «une souveraineté européenne plus forte», car «il nous faut aussi construire une nouvelle architecture de confiance et de sécurité en Europe qui passe par la clarification de nos relations avec la Russie en posant nos conditions».
Le président français accuse les Etats-Unis d'avoir «annulé le contrat sur les missiles nucléaires à moyenne portée en début du mois de février de cette année» et dit que «la France et l’Allemagne ont déploré que le plus important traité de désarmement pour l’Europe ait expiré en août dernier». «Macron a, comme écrivent les journalistes du Frankfurter Allgemeine Zeitung, immédiatement saisi cette occasion pour avertir de la menace d'une course aux armements nucléaires aux dépens de l'Europe». Il faut se rappeler que pour la première fois à la mi-août, Emmanuel Macron a plaidé publiquement pour l'implication de la Russie dans une nouvelle architecture de sécurité européenne. Dans son bulletin de campagne «Révolution», le président français avait déjà indiqué en novembre 2016 qu'il visait une «politique européenne indépendante» à l'égard de la Russie, qui ne soit pas dictée par les idées américaines. «Nous devons repenser nos relations avec la Russie», a-t-il écrit». Après l'expiration du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire le média allemand explique qu' «Emmanuel Macron a envisagé le moment opportun pour lancer une initiative politique» en argumentant qu'«il a invité Poutine à Fort Brégançon où il s'est vanté d'une «Europe de Lisbonne à Vladivostok». Il est à remarquer que le Frankfurter Allgemeine Zeitung critique le président français car «il n'a pas mentionné les violations par la Russie de l'accord du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire», une volonté du président français qui s'est de nouveau vue hier à la conférence avec Jens Stoltenberg.
Selon les informations des milieux diplomatiques occidentaux, Vladimir Poutine a soumis la proposition de moratoire à tous les pays de l'Otan et que, comme l'écrit le Frankfurter Allgemeine Zeitung «le 26 septembre, le ministère français des Affaires étrangères avait officiellement confirmé son intention de «vérifier» l'offre» et que «l'Alliance transatlantique a déclaré ne pas avoir voulu répondre à la menace posée par le flanc oriental de l'Otan en Europe par l'emploi de ses propres systèmes de moyenne portée équipés par un armement nucléaire». Cette demande a lieu dans un contexte où ni les Américains, ni l'Otan, n'ont exclu avoir recours à un réarmement conventionnel car, comme expliqué par le Frankfurter Allgemeine Zeitung «les États-Unis testent actuellement un missile de croisière pouvant bénéficier de ce mouvement».
Jens Stoltenberg a décrit à plusieurs reprises le moratoire comme incroyable. Jens Stoltenberg semblait crispé hier à la conférence de presse et avait déjà décrit à plusieurs reprises le moratoire comme incroyable. Le secrétaire général de l'Otan a d'ailleurs rappelé hier le rôle de l'Otan dans «la lutte contre le terrorisme, la réponse face aux menaces venant de la Russie et de la Chine», déclarant que «l'Otan a mis en place un certain nombre de mesures depuis la fin de la guerre froide et nous déployons des troupes dans les pays qui peuvent se trouver menacés» et en insistant que «l'Union européenne ne peut pas remplacer l'accord atlantique qui a été conclu»: «Une Union européenne forte et un Otan fort sont les deux aspects d'une même médaille» et se voulant rassurant a déclaré: «Ce n'est pas la première fois qu'il y a des désaccords mais il est très important que nous nous défendions les uns les autres».
Olivier Renault