En juin 2018 E. Macron faisait voter une loi réformant la loi électorale dont l’objectif était de réformer l'organisation de l’organisation de l’élection au Parlement européen et plus largement de réformer l’organisation des campagnes officielles à la radio et à la télévision pour les élections européennes et législatives. C’est ainsi que les articles 2 et 3 de la LOI[1]n° 2018-509 du 25 juin 2018 relative à l'élection des représentants au Parlement européen ont modifié le temps d'antenne des candidats à la radio et à la télévision en niant totalement le principe d’égalité des citoyens et entraînant de fait que les « petites listes » et les nouveaux partis soient quasiment exclus de l’antenne.
La Loi « macronienne » précise que durant la campagne des élections européennes, le temps d’antenne des listes dont la candidature a été régulièrement enregistrée, a été modifié pour être réparti en trois fractions :
Donc les partis ayant des députés et des sénateurs sont amplement favorisés, en particulier le parti majoritaire au pouvoir, cela au détriment des nouveaux partis qui si on comprend bien la loi n’afficheraient pas suffisamment participation à la vie démocratique de la Nation. Tout nouveau parti ou mouvement politique ou d’idées est exclu de la vie politique si on comprend bien le mode d’appréciation du CSA : « de la représentativité des listes de candidats, appréciée, en particulier, en fonction des résultats obtenus lors du dernier renouvellement général du Parlement européen et aux plus récentes élections par les candidats de la liste ou par les partis et groupements politiques qui les soutiennent et en fonction des indications de sondages d’opinion ainsi que de la contribution de chacune des listes de candidats et des partis et groupements politiques qui les soutiennent à l’animation du débat électoral ». Il s'ensuit que ceux des candidats qui n’auront pas de députés élus le 26 mai ne bénéficieront que de la portion congrue de temps d’antenne. Par ailleurs comment apprécier « des indications de sondages d’opinion ainsi que de la contribution de chacune des listes de candidats et des partis et groupements politiques qui les soutiennent à l’animation du débat électoral » ?
Le CSA[2] se livre à un calcul alambiqué pour donner l’impression que chacun est traité dans un esprit d’égalité : « Il appartient ainsi au Conseil supérieur de l’audiovisuel de la[1h30 prévue par l’alinéa IV de l’article 19 de la loi révisée] répartir afin que chaque liste bénéficie, en additionnant les durées prévues aux II, II et IV de l’article 19 précité, d’un temps d’antenne qui ne soit pas hors de proportion avec la participation à la vie démocratique de la Nation des partis et groupements politiques qui les soutiennent ». Ainsi le CSA peut déterminer le temps d’antenne et sa répartition entre les listes, voici quelques exemples :
LA FRANCE INSOUMISE
Une durée totale de 18 minutes 37 secondes est attribuée et répartie de la façon suivante :
RENAISSANCE SOUTENUE PAR LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE,
LE MODEM ET SES PARTENAIRES
Une durée totale de 55 minutes 53 secondes est attribuée et répartie de la façon suivante :
ENVIE D’EUROPE ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE
Une durée totale de 19 minutes 43 secondes est attribuée et répartie de la façon suivante :
PRENEZ LE POUVOIR, LISTE SOUTENUE PAR MARINE LE PEN
Une durée totale de 48 minutes 11 secondes est attribuée et répartie de la façon suivante :
PARTI RÉVOLUTIONNAIRE COMMUNISTES
Une durée totale de 3 minutes 33 secondes est attribuée et répartie de la façon suivante :
Est-ce que le fait que la liste du Rassemblement National bénéficie de 48mn d’antenne suffit à faire oublier l’indigence du temps d’antenne accordé aux autres listes ? Cette loi macronienne et le calcul technocratique du CSA sont en contravention avec les Constitution qui dit dans son article 4 que « La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation. » Le travail du CSA a-t-il abouti à ce les candidats puissent exercer « participation équitable à la vie démocratique de la Nation. » et pouvons-nous considérer en présence de telles hégémonies de temps d’antenne qu’il y ait « une expression pluraliste des opinions » ?
Si nous ajoutons à cette analyse de la façon dont le temps d’antenne est attribué aux listes en présence, l’omniprésence d’E. Macron dans la campagne électorale et surtout sa prise de position contre le Rassemblement National, transformant cette élection en un duel semblable à celui du deuxième tour de l’élection présidentielle de 2017, force est de constater que, non seulement la Constitution n’est pas vraiment respectée, mais surtout qu’E. Macron nous vole l’élection en bafouant nos droits fondamentaux de citoyen et en transformant l’élection des représentants au Parlement européen en véritable plébiscite. Contrairement à 2017, le 26 mai nous n’aurons pas à choisir entre Macron et Le Pen, 32 autres listes nous permettent d’émettre un choix d’opposition à la politique conduite par E. Macron et de lui signifier de démissionner par un vote négatif à ce plébiscite.
[1]https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000037102048&dateTexte=&categorieLien=id