Dans trois dossiers distincts, le premier ministre israélien affronte des accusations de corruption, de fraude et d'abus de confiance.
Neuf mois après sa première comparution, Benjamin Netanyahou repasse lundi 8 février en face de la justice pour se défendre devant les accusations de corruption avant de nouvelles élections importantes pour sa survie politique. Le premier ministre de l'Etat hébreu avait dénoncé des charges «ridicules» pour le début de son procès en mai 2020, le premier de l'histoire d'Israël ciblant un chef de gouvernement en fonction. Ses avocats avaient demandé à la justice plusieurs mois pour étudier les éléments de preuve contre le premier ministre de 71 ans.
Après un assouplissement des mesures sanitaires pour combattre la pandémie liée à la Covid-19 et après un report de l'audience prévue au départ en janvier, Benjamin Netanyahou et ses avocats sont attendus lundi matin à la Cour de Jérusalem pour présenter leur défense contre les accusations de corruption, fraude et abus de confiance dans trois dossiers.
Dans le dossier Bezeq, aussi nommé «Affaire 4000», Benjamin Netanyahou est accusé d'avoir essayer d'obtenir une couverture favorable par le site Walla en échange de faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des millions de dollars à Shaul Elovitch, alors patron du géant israélien des télécoms Bezeq, dont Walla fait partie. Dans le centre de l'affaire, on a la fusion en 2015 de Bezeq avec le distributeur de télévision par satellite Yes, qui devait obtenir le feu vert des autorités de contrôle. Mais, Benjamin Netanyahou détenait à l'époque également le portefeuille des Communications. S'il a soutenu que la fusion Bezeq-Yes était pertinente, il a aussi maintenu ne pas avoir cherché à obtenir une couverture favorable du site Walla en échange de son approbation.
Dans le deuxième dossier, Mediagate ou «Affaire 2000», le premier ministre est accusé d'avoir tenté de s'assurer une couverture favorable via le quotidien payant le plus lu en Israël, Yediot Aharonot, contre une possible loi limitant la diffusion du journal gratuit Israel Hayom, concurrent principal du Yediot. D'après la justice, Benjamin Netanyahou a évoqué cet échange (couverture favorable contre loi) avec le patron du Yediot Aharonot, Arnon Moses. Aucun accord n'a été, en fait, conclu.
Dans le troisième dossier, «l'affaire 1000», le premier ministre de l'Etat juif et des membres de sa famille sont soupçonnés d'avoir obtenu des cadeaux - cigares de luxe, bouteilles de champagne et bijoux - pour plus de 700.000 shekels (environ 175.000 euros) venant de personnalités, en particulier du producteur Arnon Milchan, contre des faveurs financières ou personnelles. Benjamin Netanyahou a précisé avoir reçu une opinion légale d'experts indiquant qu'il avait le droit d'accepter des cadeaux d'amis proches, dont Arnon Milchan, et réfute avoir donné des faveurs.
Pendant sa première comparution, Benjamin Netanyahou, qui ne profite d'aucune immunité, venait de mettre sur pied un gouvernement d'union avec son rival Benny Gantz. Mais, les manifestations contre le premier ministre – nommées par les protestataires le «Crime minister» (ministre du crime) - se sont multipliées et la coalition au pouvoir a explosé. Ainsi, le procès de Benjamin Netanyahou est remis au goût du jour à 45 jours de nouvelles élections (23 mars) - les quatrièmes en moins de deux ans - ce qui provoque des craintes quant à un possible impact sur le vote.
Le président de la Knesset (Parlement), Yariv Levin, et proche de Benjamin Netanyahou, a déclaré dans le Israel Hayom de dimanche craindre une «interférence sans précédent du système judiciaire dans les élections» si la cour présentait «dès à présent» ses éléments de preuve contre le premier ministre. Cette nouvelle bataille électorale est loin d'être gagnée pour le premier ministre qui est depuis quinze années au pouvoir et qui espère gagner une majorité de sièges pour tenter de faire voter une immunité judiciaire par la suite.