Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, a annoncé sa démission dans une intervention télévisée, filmée au camp militaire de Kati où il avait été emmené après avoir été arrêté par des militaires, mardi soir, précise Jeune Afrique.
Ibrahim Boubacar Keïta seul, face à la caméra en portant un masque de protection contre le coronavirus qui lui cachait la moitié du visage, a annoncé sa démission vers minuit, dans la nuit de mardi à mercredi en direct à la télévision, ainsi que la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée nationale: «Je voudrais à ce moment précis, tout en remerciant le peuple malien de son accompagnement au long de ces longues années et la chaleur de son affection, vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions, à partir de ce moment. Et avec toutes les conséquences de droit: la dissolution de l'assemblée nationale et celle du gouvernement».
Son intervention, filmée dans un bureau du camp militaire Soundiata-Keïta de Kati, a été retransmise sur l’ORTM, la télévision nationale, dont le bas de l’écran montrait un bandeau «président de la République sortant».
Mardi, des coups de feu ont été entendus et des militaires maliens ont pris, dans les environs de Bamako, le contrôle d'une caserne à Kati. C'est dans ce même camp militaire qu'avait débuté, en 2012, le coup d'Etat contre le président Amadou Toumani Touré.
Un médecin de l'hôpital de Kati avait déclaré: «Ce matin, des militaires en colère ont pris les armes au camp de Kati et ont tiré en l'air. Ils étaient nombreux et très nerveux». Les soldats séditieux avait annoncé en fin de journée l'arrestation du président Ibrahim Boubacar Keïta et du premier ministre Boubou Cissé, une information confirmée mardi soir par le directeur de la communication du chef du gouvernement: «Ils ont été conduits par les militaires révoltés dans des véhicules blindés à Kati où se trouve le camp Soundiata Keïta, à une quinzaine de kilomètres de Bamako». L'insurrection semble être mené par l'imam conservateur Mahmoud Dicko.
Dans la soirée de mardi, l'Union africaine avait appelé à la «libération immédiate» du président Keïta pendant que l'Union européenne condamnait une «tentative de coup d'État». Le ministère des Affaires étrangères à Paris avait aussi condamné la mutinerie «avec la plus grande fermeté». Quelque 5100 militaires français sont déployés au Sahel, notamment au Mali, dans le cadre de l'opération antidjihadiste «Barkhane».
Ce mercredi, le Conseil de sécurité de l'Onu, à la demande de la France et du Niger, se réunira en urgence à huis clos dans l'après-midi. La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest a sur le champ suspendu le Mali de tous ses organes de décision «avec effet immédiat» et a décidé «de la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes ainsi que l'arrêt de tous les flux et transactions économiques, commerciales et financières entre les autres pays membres de la Cédéao et le Mali», invitant «tous les partenaires à faire de même». Une conférence par vidéo se tiendra jeudi entre ses États membres.
Peter Pham, l'émissaire américain pour le Sahel, a déclaré que «les États-Unis s'opposent à tout changement extraconstitutionnel de gouvernement».