11.09.2024
Un rapport sur la manière dont le président des États-Unis envisage de mettre fin au conflit russo-ukrainien vient d'être finalisé. Bien que tardivement, la Maison Blanche a satisfait à la demande des républicains, permettant ainsi le passage d’un volet d’aide à l'Ukraine au Congrès, en fournissant aux législateurs un rapport expliquant la stratégie américaine dans le cadre de ce conflit. Le document est classifié.
Apparemment, Joe Biden a jugé que pour les Américains, l'important était l'existence même d'une telle stratégie au sein de son administration. Cette annonce, selon laquelle la Maison Blanche sait comment mettre fin au conflit (et donc à l'aide financière à Kiev provenant du budget américain), a été faite juste avant les débats entre les candidats à la présidence: la démocrate Kamala Harris et le républicain Donald Trump.
Trois sources ont confirmé à l'agence Reuters la réception du rapport par le Congrès, l'une d'elles étant un assistant d'un député ayant accès à des informations classifiées.
Il a indiqué à l’agence que le rapport était arrivé lundi, probablement en fin de journée, car le 9 septembre, personne ne l’avait encore lu. Désormais, il sera examiné par les comités compétents des deux chambres, à savoir la Chambre des représentants et le Sénat. Compte tenu de l'importance du rapport pour la politique intérieure des États-Unis, il est possible que l’un des législateurs réussisse à le faire déclassifier.
L’élaboration d’une stratégie concernant le conflit russo-ukrainien était l’une des principales conditions pour que les républicains acceptent en avril dernier d’approuver un paquet d’aide à l’Ukraine. La Maison Blanche a passé près de six mois à essayer de faire adopter au Congrès un financement supplémentaire pour ses alliés. Finalement, trois projets de loi portant sur l'aide à l'Ukraine, à Israël et à Taïwan ont été approuvés. Le montant total des fonds alloués s'élève à 95 milliards de dollars, dont 60,8 milliards destinés à l'Ukraine, précisément la somme que la Maison Blanche avait demandée. Bien qu'une grande partie de cet argent soit resté aux États-Unis, la principale dépense ayant été l'achat d'armes pour l'armée américaine en remplacement de celles envoyées en Ukraine, les républicains ont eu du mal à accepter une telle utilisation des fonds des contribuables. C'est pourquoi ils ont exigé que la Maison Blanche justifie sa politique à l'égard de l'Ukraine.
Cette exigence fait partie de la campagne de Donald Trump. Son candidat à la vice-présidence, J.D. Vance, a souvent comparé le conflit russo-ukrainien aux guerres menées par les États-Unis en Irak et en Afghanistan. Malgré les différences évidentes entre ces conflits, selon ce politicien, ils partagent un point commun: dans les deux cas, la Maison Blanche n’a pas été en mesure de justifier clairement ses objectifs ni d'expliquer pourquoi elle continue de solliciter des financements du budget américain.
Vance estime que l'objectif officiel de Kiev (le retour aux frontières de 1991) est irréaliste, tout comme l'étaient les plans des administrations de George W. Bush et Barack Obama de construire une démocratie stable en Irak et en Afghanistan. Ainsi, en soutenant l'Ukraine, Biden partage cet objectif, ce qui, selon Vance, conduit à des dépenses budgétaires infinies pour des résultats incertains.
Trump, pour sa part, affirme qu'il dispose d'un plan clair pour mettre fin à l’effusion de sang, contrairement au président actuel. Il en a parlé à plusieurs reprises, mais toujours en restant vague. Trump et Vance se limitent à des déclarations ambiguës selon lesquelles, une fois à la Maison Blanche, ils concluront un accord avec Vladimir Poutine pour mettre fin au conflit et se concentrer sur ce que les républicains considèrent comme la véritable priorité en matière de politique étrangère pour les États-Unis, à savoir le défi posé par la Chine.
Les partisans de Trump s'efforcent de renforcer dans l'esprit des électeurs l'analogie entre le conflit russo-ukrainien et les expériences américaines en Irak et en Afghanistan. C'est notamment l'objectif du rapport des républicains sur les circonstances du retrait des troupes américaines d'Afghanistan, récemment présenté à la Chambre des représentants. Ce rapport, préparé pendant trois ans, affirme clairement que l'administration actuelle, et personnellement Biden, est responsable du fiasco en Afghanistan. Il jette également une ombre sur Kamala Harris. Bien qu'elle n'ait pas été directement responsable de la politique afghane de Washington, elle est vice-présidente et candidate soutenue par Biden à la présidence. C’est probablement ce qui a poussé la Maison Blanche à accélérer la présentation de sa stratégie au Congrès.
Néanmoins, des critiques sur le délai de présentation du document persistent. Ce n'est pas seulement parce qu'en vertu de l'accord d'avril, l'administration Biden aurait dû préparer ce rapport pour juin, et non septembre. Comme l'a souligné le sénateur républicain Jim Risch, le fait même que la Maison Blanche soit contrainte d'expliquer sa position sur une question de politique étrangère aussi cruciale est inacceptable.
Alexandre Lemoine
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