22.08.2024
L'Union européenne a décidé de réduire les droits de douane sur les voitures électriques chinoises, qui sont importées en grand nombre dans l'UE et prennent une part de marché de plus en plus importante aux constructeurs automobiles européens. Ainsi, Bruxelles, confronté à des problèmes économiques croissants, envoie à Pékin un signal indiquant sa volonté d'éviter une guerre commerciale totale entre l'Europe et la Chine.
Cependant, cette concession conciliatrice de la Commission européenne sur une question essentielle pour la Chine, à savoir l'exportation de voitures électriques, n'est survenue qu'après une réaction dure des autorités chinoises face aux intentions annoncées par les Européens d'augmenter les tarifs sur les voitures chinoises à 37,6%. Bruxelles justifiait ces droits de douane pratiquement prohibitifs en invoquant les prétendues subventions d'État accordées aux constructeurs automobiles chinois, ce qui plaçait leurs concurrents européens dans une situation désavantageuse.
Selon l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), en 2023, près de 440.000 voitures électriques, d'une valeur de 10 milliards d'euros, ont été exportées de Chine vers l'UE, tandis que seulement 11.000 voitures électriques produites en Europe, d'une valeur inférieure à 850 millions d'euros, ont été expédiées en Chine. Par ailleurs, la part de marché des voitures électriques fabriquées en Chine en Europe est passée de 3% à plus de 20% au cours des trois dernières années. Cette situation a poussé Bruxelles à envisager de limiter les importations de produits chinois concurrentiels en augmentant drastiquement les droits de douane. En outre, d'autres produits technologiques chinois, qui inondent le marché européen, tels que les panneaux solaires et les turbines éoliennes, sont également dans le collimateur des responsables européens.
En réponse, la Chine, rejetant fermement les accusations de concurrence déloyale, a engagé une procédure contre l'UE auprès de l'Organisation mondiale du commerce. De plus, en guise de réponse symétrique, Pékin a lancé au début de cette année sa propre enquête antidumping sur un certain nombre de produits importés depuis l'UE en Chine, y compris le brandy. Étant donné que 99% de cette boisson alcoolisée sont achetés par des entreprises chinoises en France pour une valeur de près de 2 milliards d'euros, la réaction ne s'est pas fait attendre. Les principaux producteurs européens de spiritueux, principalement les Français Martell, Rémy Martin et Société Jas Hennessy & Co, craignant de perdre le marché chinois vaste et extrêmement lucratif, ont immédiatement commencé à faire pression sur les eurocrates pour qu'ils renoncent à l'escalade des relations commerciales avec la Chine.
Il semble que la stratégie chinoise visant à contraindre l'UE à renoncer à intensifier le conflit commercial, par des actions juridiques internationales et la menace de mesures de rétorsion, ait porté ses fruits. Comme l'a rapporté mardi dernier le média Euractiv, le 20 août, la Commission européenne a annoncé une réduction modeste mais démonstrative des droits de douane sur les voitures électriques chinoises. Ainsi, les droits en vigueur sur les voitures électriques de la société BYD ont été réduits de 17,4% à 17%, de Geely de 19,9% à 19,3%, et de SAIC de 37,6% à 36,3%.
Les nouveaux tarifs douaniers plus bas proposés par la Commission européenne pour les voitures chinoises devraient être approuvés par les États membres de l'UE d'ici le 30 octobre.
Le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, estime qu’une guerre commerciale entre l’UE et la Chine est presque inévitable. "Nous ne devrions pas être naïfs, nous ne sommes pas intéressés par une guerre commerciale [avec la Chine], mais elle est peut-être inévitable", a indiqué le diplomate, cité par le journal South China Morning Post. M. Borrell a estimé qu’une éventuelle escalade dans les relations commerciales entre l’UE et la Chine "suit la logique des événements". Il a ajouté que l’Europe ne devrait pas s’engager dans une confrontation systématique avec la Chine ni freiner la croissance de cette dernière. "Nous ne pouvons pas résister à la montée en puissance de la Chine", a conclu le chef de la diplomatie européenne.
Alexandre Lemoine
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