20.01.2023
Les experts de l'Institut international d'études stratégiques (IISS) de Londres ont analysé le potentiel de l'armée ukrainienne. Selon eux, Kiev a besoin d'une centaine de chars occidentaux pour organiser une offensive à part entière. Cet avis a été soutenu par Phil Osborn, ancien chef du renseignement militaire britannique.
Il est également indiqué que la situation dépendra de la préparation des cadres militaires, de l'équipement en pièces détachées et de l'élaboration d'un plan militaire de l'Ukraine pour le printemps 2023. Sachant que les militaires ukrainiens pourraient avoir besoin de trois à six semaines pour obtenir des compétences de base pour utiliser des chars allemands Leopard 2 et britanniques Challenger 2.
Selon l'IISS, l'Otan dispose actuellement d'un peu plus de 2.300 Leopard. Bien qu'ils ne soient pas tous opérationnels à l'heure actuelle, la réserve nécessaire est suffisante pour livrer à Kiev une centaine de blindés. Sachant que d'autres modèles pourraient également être fournis. Reste à savoir quels pays occidentaux sont effectivement prêts à livrer des chars à l'Ukraine.
Royaume-Uni
Le premier ministre britannique Rishi Sunak a officiellement annoncé le 15 janvier 2023 la décision de transférer à l'Ukraine des réserves des forces britanniques 14 chars Challenger 2 et près de 30 obusiers automoteurs AS90 de 155 mm calibre 39. Il a dit qu'un escadron (compagnie) de 14 chars Challenger 2 serait envoyé en Ukraine d'ici quelques semaines et que dans les jours à venir le Royaume-Uni entamerait la formation de militaires ukrainiens pour utiliser des chars et des armes d'artillerie.
La Russie a critiqué cette décision. D'après le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov, cela ne changera pas mais fera durer les hostilités.
Londres est le dernier pays à avoir annoncé son intention de livrer des chars à l'Ukraine. Cette déclaration du Royaume-Uni devrait durcir la pression sur l'Allemagne pour autoriser les exportations de chars allemands aux autorités ukrainiennes. À l'heure actuelle, plusieurs pays européens attendent l'approbation des réexportations de la part de Berlin.
Pologne
Le 11 janvier 2023, le président polonais Andrzej Duda a déclaré que son pays avait décidé d'envoyer en Ukraine des chars Leopard au sein de la coalition internationale.
"Une compagnie de chars Leopard sera transférée dans le cadre de la formation d'une coalition", a indiqué Andrzej Duda lors de sa visite à Lvov, dans l'ouest de l'Ukraine. Une "compagnie" représente 14 blindés, sachant qu'on étudie la possibilité d'envoyer des chars Leopard 2A4 ou A5.
Sachant que le dirigeant polonais a plaidé pour la création d'une coalition internationale pour livrer à l'Ukraine des armes lourdes modernes. Il s'est également dit certain que la pression des partenaires de l'Otan et du public forcerait au final les autorités allemandes à accepter le transfert de chars Leopard à Kiev. Formellement la Pologne doit obtenir l'aval de Berlin pour envoyer son matériel à l'Ukraine, car ces blindés ont été fabriqués en Allemagne.
Finlande
Le 6 janvier, le président de la commission de la défense du parlement finlandais Antti Häkkänen a déclaré que son pays devrait fournir à l'Ukraine des chars Leopard 2 si d'autres États européens commençaient à les transférer aux forces armées ukrainiennes.
"Si l'Europe commence à donner des chars à l'Ukraine, la Finlande doit y participer. Avec une contribution réduite, bien sûr, cas sa propre capacité de défense est une priorité pour nous en tant que pays frontalier avec la Russie", a déclaré Antti Häkkänen. Actuellement, la Finlande dispose de 139 chars Leopard 2A4 et de 100 Leopard 2A6NL.
États-Unis
Le 5 janvier, la revue américaine Politico a annoncé des livraisons prévues à l'Ukraine de véhicules de combat d'infanterie M2 Bradley et de missiles guidés antiaériens Sea Sparrow. Se référant à des sources au sein du gouvernement américain, les auteurs notent que cette démarche fait partie d'un avancement progressif des États-Unis vers la fourniture de chars M1 Abrams à l'Ukraine.
La Maison Blanche a annoncé la livraison de M2 Bradley à Kiev au moment où l'Allemagne a fait part de son intention d'envoyer en Ukraine des véhicules de combat d'infanterie Marder. Ces annonces ont été faites le lendemain de la déclaration de la France concernant la fourniture à l'Ukraine de ses chars AMX-10 RC à roues.
Les auteurs de l'article soulignent que la décision d'envoyer des véhicules de combat d'infanterie modernes en Ukraine pourrait ouvrir la voie à la livraison de chars américains plus puissants.
Slovénie et chars soviétiques
Formellement les pays européens livraient déjà des chars à l'Ukraine en 2022. Cependant, il s'agissait de différentes modifications d'anciens modèles fabriqués en URSS. Jusqu'à présent, l'Ukraine comptait principalement sur des versions soviétiques T-72.
En septembre 2022, Berlin est convenu avec Ljubljana que la Slovénie enverrait à l'Ukraine 28 chars M-55S en échange de véhicules allemands. Les M-55S sont des chars soviétiques T-55 modernisés en Slovénie avec l'aide israélienne dans les années 1990. Les médias slovènes ont parlé du transfert de matériel à l'Ukraine fin octobre 2022.
Sachant que les plus grands pays d'Europe continentale ne se sont toujours pas décidés au sujet de l'envoi de chars à l'Ukraine. L'Allemagne s'opposait jusque-là à une telle décision déclarant que des chars pourraient être fournis à Kiev seulement en cas de position commune parmi les principaux alliés, y compris les États-Unis.
Un autre acteur clé, la France, n'a toujours pas fait de déclarations officielles pour savoir si elle serait prête à mettre à disposition de l'Ukraine ses chars Leclerc.
Alexandre Lemoine
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