09.11.2022
L'administration du président Joe Biden est soupçonnée d'intensification de l'activité militaire sur le territoire des régions insurgées de la Syrie. Des médias arabes ont rapporté l'arrivée d'un grand renfort américain dans le nord-est du pays ainsi que l'aspiration du Pentagone à regrouper les unités de l'opposition loyale à la base d'al-Tanf, située près de la frontière irakienne et jordanienne, et à renforcer la garnison locale.
Plusieurs médias arabes ont annoncé que la coalition étrangère menée par Washington avait récemment envoyé un grand convoi militaire à travers la frontière irakienne. 100 camions se dirigeraient en direction des bases américaines situées dans le nord-est de la Syrie. Les observateurs l'ont interprété comme un signe de renforcement de la présence militaire. D'autant que, selon eux, le Pentagone procède à un "rebranding" des groupes loyaux d'opposition syrienne dans le sud-est, à la base d'al-Tanf. Ces hommes armés opposés au gouvernement syrien ont été réorganisés et ont reçu un soutien militaire et financier supplémentaire.
D'après les sources du journal libanais Al Akhbar, en transformant la garnison d'al-Tanf les États-Unis ont l'intention d'augmenter ses effectifs d'au moins 2.000 hommes. Des exercices avec la participation des forces de la coalition sont souvent organisés dans cette région, indiquent des témoins. De cette manière les États-Unis comptent renforcer la sécurité du site, car en un an il a fait l'objet de multiples frappes à la roquette lancées par des groupes militaires chiites loyaux envers l'Iran.
L'intensification des États-Unis est également constatée dans le secteur diplomatique. Une délégation interministérielle de l'administration Biden s'est récemment entretenue avec l'aile politique des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance militaire multinationale avec une dominante kurde, évoquant non seulement ses besoins en matière de sécurité, mais également un projet de déplacement des proches de combattants neutralisés de Daech (État islamique). Le camp d'al-Hol prévu pour de telles familles se trouve dans la zone de responsabilité des FDS, sous la tutelle des forces armées américaines. Ce camp représente la cible la plus attirante pour des recruteurs islamistes. Washington juge important de réinstaller au maximum ses habitants pour réduire les risques.
En dépit des discours sur le retrait des États-Unis de Syrie, sous la présidence de Joe Biden la plupart des sites militaires dans les provinces de Hassaké et de Deir ez-Zor ont été améliorés. Leur superficie a augmenté, leur équipement de fortification a été amélioré, la couverture aérienne a été renforcée, des pistes d'atterrissage ont été construites pour accueillir des avions de transport. En mai 2022, les États-Unis ont rétabli leur présence à la base de Kharab Ashak, au sud de Kobané, d'où les forces ont été retirées en novembre 2019, et un troisième site a été déployé en septembre à Kamychli.
Le processus de restructuration de l'opposition syrienne à al-Tanf est naturel. L'Iran attaquait ces fractions et contribuait ainsi à ce que le contingent sur place soit augmenté. L'interaction de cette opposition avec les FDS a lieu depuis longtemps, et des unités tactiques procédaient même à un redéploiement dans l'intérêt mutuel. La présence d'anciens combattants de Daech au sein des FDS ou de l'opposition à al-Tanf pourrait offusquer seulement ceux qui ne sont pas familiers avec les réalités de la Syrie, sachant qu'une telle intégration d'anciens partisans du "califat" est observée même dans les rangs des partisans de Bachar al-Assad.
Alexandre Lemoine
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