16.09.2022
La crise actuelle entre Bamako et Abidjan dépasse le cadre strictement régional ouest-africain. Il s’agit en effet et avant tout d’une confrontation entre deux visions diamétralement opposées. L’une misant sur la souveraineté nationale et les valeurs panafricaines, l’autre restant dans une posture de sous-traitance en faveur du néocolonialisme occidental. Et le cadre à proprement dit «régional» prend de plus en plus une tournure continentale.
Depuis l’arrestation, en juillet dernier, de près d’une cinquantaine de mercenaires ivoiriens par les autorités maliennes, la crise ne cesse de s’envenimer entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Ceci étant dit, nombreux sont les citoyens ivoiriens qui soutiennent le positionnement du voisin malien dans ce dossier.
Au-delà de l’efficacité à travers laquelle a eu lieu cette arrestation des dits mercenaires, dont l’objectif visait fort vraisemblablement à tenter un énième coup d’Etat pro-occidental en terre malienne, ou du moins à créer des problèmes sécuritaires pour l’Etat malien, la fermeté avec laquelle le pouvoir du Mali a maintenu sa ligne jusqu’à maintenant – a été approuvée non seulement par des millions de Maliens, mais également un très grand nombre d’autres citoyens de pays africains.
Pendant ce temps, le président ivoirien et l’un des principaux représentants restants du système néocolonial de la Françafrique, tente à nouveau de mobiliser un front anti-malien, notamment au niveau de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Bien qu’il soit nécessaire de reconnaitre – avec de plus en plus de difficulté, à l’heure où de nombreux chefs d’Etat de la région, tout comme à l’échelle continentale, sont de plus en plus à l’écoute des aspirations pro-panafricanistes et pro-multipolaires de leurs citoyens. Avec en prime le rejet des schémas si longtemps entretenus par l’establishment occidental sur le continent.
D’autant plus que les méthodes de déstabilisation, y compris à travers l’implication de mercenaires, sont fort loin d’être nouvelles et représentent aujourd’hui un défi non plus seulement pour les Etats africains ayant ouvertement coupé le cordon «ombilical» avec l’Occident collectif, mais également tous les pays qui sont en voie de le faire ou du moins qui adoptent un positionnement de plus en plus équilibré, en s’éloignant progressivement du diktat occidental.
Faudrait-il à ce titre rappeler l’implication de mercenaires français, notamment en République centrafricaine dans un passé récent? Depuis, Paris et d’autres capitales nostalgiques de l’unipolarité tentent par tous les moyens de maintenir cette méthode d’interférence et de déstabilisation à l’encontre des Etats libres d’Afrique, mais avec une mise à contribution plus active des principaux sous-traitants. Comme celui du régime ivoirien.
Néanmoins, il est important de constater qu’au-delà de l’approche patriotique et ferme avec laquelle agissent des Etats africains souverains comme la RCA ou le Mali, on assiste depuis assez récemment à une augmentation nette de l’efficacité en matière de sécurité et des services de renseignement dans le cadre de ces pays. Rendant ainsi la tâche des déstabilisateurs traditionnels et de leurs forces sous-traitantes – de plus en plus difficile.
De manière générale et dans la crise qui oppose le Mali au régime ivoirien actuel – la vérité et la dignité semblent prendre le dessus sur le mensonge et les méthodes criminelles. Et cela est connu aussi bien des citoyens maliens qu’ivoiriens, ainsi que des autres peuples du grand continent africain. La confrontation entre les deux visions prend désormais ouvertement une tournure réellement continentale. Et au vu des processus en cours, aussi bien en Afrique qu’à l’échelle internationale, il devient beaucoup plus facile de comprendre les vives inquiétudes des régimes occidentaux et affiliés.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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