20.06.2022
Selon la presse grecque, l'Ukraine a reçu de la part de la Grèce plus de 100 véhicules de combat d'infanterie BMP-1, 60 missiles Stinger ainsi que d'autres armements. En avril, les autorités grecques ont annoncé qu'elles ne fourniraient plus d'armes à l'Ukraine afin de ne pas affaiblir leur propre sécurité face aux nouvelles menaces émanant de la Turquie.
Néanmoins, le site d'information grec Pronews a écrit que le gouvernement grec prévoyait de transférer à l'Ukraine un "nombre incroyable" d'armes, comme avait décrit les livraisons initiales le ministre de la Défense Nikos Panagiotopoulos. Les armes ont été transférées à Kiev à partir des entrepôts sur des îles grecques dont la souveraineté est contestée par la Turquie plus que jamais.
Les médias ont rapporté que ces livraisons incluaient 122 BMP-1 avec des munitions, 15.000 obus de 73 mm, 20.000 AK-47, 3,2 millions de cartouches de calibre 7,62 mm, 60 missiles antiaériens FIM-92 Stinger, 17.000 projectiles d'artillerie de 150 mm et 1.000 lance-roquettes antichars RPG-18.
En avril, Nikos Panagiotopoulos a déclaré qu'Athènes ne comptait plus envoyer à Kiev du matériel militaire, car cela affaiblirait la défense de la Grèce. À ce moment, les autorités grecques avaient déjà envoyé en Ukraine deux avions C-130 avec des fusils automatiques Kalachnikov et des vecteurs portatifs.
Cependant, en dépit de cette affirmation, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré en mai que Berlin avait conclu un accord avec Athènes: la Grèce remettra à Kiev des chars des pays d'Europe de l'Est pour recevoir en échange des blindés allemands plus modernes. Ce qui a suscité une immense critique, car cette initiative n'a pas été annoncée aux citoyens grecs par le premier ministre du pays Kyriakos Mitsotakis, mais par le chancelier Scholz, qui a bafoué une fois de plus la neutralité laquelle la grande majorité des Grecs veut que le gouvernement respecte vis-à-vis de la guerre en Ukraine.
Moscou condamne les livraisons d'armes à l'Ukraine par les pays occidentaux et accuse ces derniers d'essayer d'atermoyer le conflit. Début juin, Dmitri Peskov, porte-parole du président russe, a répété que les objectifs de l'opération militaire seraient atteints malgré l'envoi à Kiev d'armes étrangères, ce qui causera forcément à l'Ukraine "encore plus de souffrances".
Actuellement, le gouvernement grec a dissimulé une partie des armes et l'information sur leurs quantités envoyées en Ukraine. Au 27 février, la Grèce avait envoyé en Ukraine via la Pologne 40 tonnes de matériel militaire à bord de deux avions C-130. Les Grecs ont appris l'envoi de nouvelles armes, cette fois, de la part du chef du Pentagone Lloyd Austin, et non de leur gouvernement. Seulement après cela Nikos Panagiotopoulos a définitivement reconnu la livraison d'armes à l'Ukraine.
Il est rappelé qu'avant l'opération militaire russe les pays occidentaux avaient commencé à livrer à l'Ukraine une grande quantité d'armes, notamment des missiles antichars. Ces derniers temps, ils fournissaient également du matériel lourd, notamment des chars, des obusiers et des lance-roquettes multiples. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a noté que tout chargement contenant des armes pour l'Ukraine deviendrait une cible légitime pour la Russie.
Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que les pays de l'Otan jouaient avec le feu en fournissant des armes à Kiev. Cela pourrait être parfaitement vrai dans le contexte grec, car Kyriakos Mitsotakis aurait pu livrer des armes aux néonazis ukrainiens tels que le bataillon Azov, qui terrorisait depuis 2014 la minorité grecque de Marioupol et des villages voisins, dont la population est estimée à 120.000 habitants.
Alexis Tsipras, chef du parti d'opposition Syriza, a critiqué Kyriakos Mitsotakis pour la livraison d'armes, déclarant qu'il existait de nombreux groupes extrémistes nazis en Ukraine. La même critique a été exprimée par d'autres partis d'opposition, rappelant qu'un sondage avait révélé que plus de 70% des Grecs voudraient que leur gouvernement adopte une politique de neutralité.
Bien qu'il ne soit pas encore confirmé que du matériel de défense a été envoyé directement depuis les îles, la sortie de toute arme de toute région de la Grèce est une politique irréfléchie, notamment en sachant que la Turquie a durci ses revendications des îles grecques et compte tenu de la hausse de la tension militaire.
La décision de Kyriakos Mitsotakis d'opter pour les militaires ukrainiens au détriment des besoins défensifs de la Grèce lui a déjà valu des critiques, car désormais la Turquie est non seulement plus disposée à une escalade du conflit, mais aussi et surtout cela a mis en colère de nombreux électeurs en réduisant la popularité du parti au pouvoir Nouvelle démocratie.
Paul Antonopoulos, analyste géopolitique indépendant
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