04.05.2022
Le gouvernement français a invité les Français à s'occuper des réfugiés ukrainiens en les faisant vivre chez eux, notamment en les nourrissant. Mais, les habitants en France, qui les ont accueillis, commencent à se sentir fatigués et déçus.
Ce constat amer intervient alors que le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a informé ce mercredi, durant le compte rendu du Conseil des ministres, les Français que «la France a déjà fait parvenir 100 millions d'euros d'aide humanitaire en Ukraine et plus de 100 millions d'euros de matériels militaires».
En France aujourd'hui, selon l'Office de l'immigration et de l'intégration (Ofii), environ 70 000 réfugiés ukrainiens perçoivent l’allocation pour demandeurs d’asile (Ada) en France qui est de 6,80 euros par jour et par personne. Ces derniers n'ont pas besoin de demander l'asile car ils bénéficient de la «protection temporaire» enclenchée par l'Europe.
Dans le même temps, les Français, qui fournissent des logements aux réfugiés du territoire ukrainien, ne reçoivent aucun paiement de l'Etat français pour leur aide. Comme le notent de nombreux Français, hébergeant des Ukrainiens, ils ne s'attendaient pas à devoir dépenser sans cesse leur temps et leur argent pour les aider. Beaucoup espéraient qu'avec le temps, les réfugiés gagneraient leur indépendance et commenceraient à gagner eux-mêmes de l'argent.
Mais sans connaître la langue, il s'est avéré difficile pour les Ukrainiens de trouver un emploi, comme le rapporte Le Figaro au titre révélateur: «''Je suis à bout'': pour les familles qui hébergent des réfugiés ukrainiens, le revers de la solidarité».
Les Français, qui ont accueilli des réfugiés ukrainiens, doivent passer leur temps à accompagner ces personnes jusqu'aux magasins, aux services administratifs et vers d'autres lieux. De nombreux Français ont avoué qu'en offrant des logements aux réfugiés ukrainiens, ils comptaient sur l'Etat pour leur offrir une alternative sur le long terme. Sans cette aide étatique, cette situation de crise, qui a débuté en Ukraine et qui a été déplacée en France, continue de persister. Ces Français, qui ont ouvert la porte de leur maison, doivent, à leur tour, en subir les conséquences. Ces habitants, qui ont répondu à l'appel de l'Etat français de s'occuper de réfugiés ukrainiens, doivent changer leur mode de vie habituel, en prenant soin des réfugiés car les services publics en France ne veulent pas s'immiscer dans la situation actuelle.
Pourtant, le gouvernement français a, en effet, invité les élus français à «faire connaître» à leurs préfets les «solutions et alternatives possibles, en lien avec le secteur associatif». Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a incité les élus qui souhaitent aider des réfugiés ukrainiens à transmettre à la préfecture les lieux susceptibles de pouvoir héberger des réfugiés (hôtels, centres de vacances), mais aussi les habitations privées. Les drapeaux ukrainiens ont, alors, fleuri sur les frontons des mairies françaises. Plusieurs maires en France ont lancé des appels pour mobiliser la population.
L’Ofii a déployé d’importants moyens organisationnels, humains et matériels. «Afin de faire face à un premier flux d’arrivée, un grand centre «Accueil Ukraine», a été installé à Paris. Situé au Parc des expositions de la Porte de Versailles, ce grand hall de 5.000 m2 accueille plusieurs centaines de personnes par jour», indique l'Ofii ce 27 avril dernier sur son site tout en revendiquant que «toutes les directions territoriales de l’Ofii sont mobilisées»: «De Lille à Toulouse, de Rennes à Grenoble, de Metz à Bordeaux, d’Orléans à Montpellier… chacune des directions territoriales de l’Ofii s’investit et se mobilise pour faciliter l’accueil des déplacés ukrainiens». L’Ofii oriente «ce public souvent vulnérable vers des organismes de droits sociaux». «L’esprit d’équipe et de solidarité bravent les amplitudes horaires», souligne l'organisme aidant les réfugiés.
L'Etat français laisse les habitants français. Pourtant deux mois après le début du conflit, Valeurs actuelles fait savoir le 29 avril que «les Français, ayant accueilli des réfugiés ukrainiens à leur domicile, se sentent dépassés par les frais et le travail que cela génère» car «les hébergeurs français ne perçoivent aucune aide financière pour leur acte de solidarité». Un Français habitant à Bordeaux a relaté son désarroi au Figaro. Il héberge cinq Ukrainiens, depuis la mi-mars, dans son appartement de 95 m². Le montant des courses alimentaires a très vite augmenté, passant de 300 euros à 1.600 euros par mois.
Pourtant en mars dernier, l'Etat français a déclaré vouloir débloquer 400 millions d’euros pour l’accueil des réfugiés ukrainiens. Emmanuel Macron a indiqué que «la France était en situation d’accueillir au moins 100 000 Ukrainiens». Ces réfugiés bénéficient du statut de protection temporaire, qui ouvre des droits plus étendus que la demande d’asile. Il permet par exemple de travailler immédiatement ou de bénéficier d’aides au logement.
Comme indiqué par Ouest-France en citant le ministère de l'Economie, «l’enveloppe de 400 millions financera l’accueil, l’aide alimentaire ou encore le logement». Mais, dans la réalité, les Français qui hébergent ces réfugiés ukrainiens doivent tout financer et tout gérer.
Pierre Duval
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