Le livre d'Oswald Spengler intitulé Le Déclin de l'Occident est paru juste après la Première Guerre mondiale. Il y écrit que la civilisation européenne n'est que l'une des nombreuses civilisations, qu'elle ne possède aucune supériorité intellectuelle sur d'autres civilisations.
En parlant du déclin de l'Occident, il a décrit ses signes en détail: des villes gigantesques, des guerres, la tyrannie. Il a également qualifié de catastrophe le pouvoir illimité de l'argent qui n'a rien à voir avec l'état de l'économie et la quantité des ressources.
Il indiquait également que "prochainement nous aurons trois ou quatre journaux mondiaux qui contrôleront les opinions des journaux provinciaux et, à travers eux, la "volonté du peuple". Le philosophe ne doutait pas que l'Occident était condamné.
La prophétie d'Oswald Spengler se réalise-t-elle? Des villes gigantesques, le pouvoir de l'argent, le diktat des médias. Tout cela est présent. Sachant qu'il n'existe pratiquement pas de médias indépendants. Tout le monde regarde dans la même direction.
Mais Oswald Spengler n'imaginait pas que la plupart des pays d'Europe perdraient leur souveraineté d'ici le XXIe siècle.
L'Allemagne économiquement forte peut-elle être considérée comme indépendante? En 1954, la RFA a adhéré à l'Otan. L'accord de Paris signé la même année, réglementant le déploiement des forces de l'Otan sur le territoire allemand, reste en vigueur à ce jour.
En 1990, près de 400.000 militaires étrangers se trouvaient en Allemagne, dont la moitié était des Américains.
Suzerain et vassaux
Les États-Unis est le suzerain de l'Europe, alors que pratiquement tous les pays sont leurs vassaux. En 2020, le contingent américain comptait 52.000 hommes en Europe. Rien qu'en Europe de l'Est en rotation étaient déployées la 1ère brigade blindée et la 3e division d'infanterie (trois bataillons en Pologne, en Roumanie et dans les pays baltes). Par la suite, le nombre de militaires se réduisait.
Mais le nombre de bases militaires de l'Otan s'est remis à grandir en rapport avec les événements autour de l'Ukraine. Les États-Unis ne sont pas très préoccupés par la situation des vassaux. Ainsi, il a été annoncé en automne dernier que l'Australie rompait avec la France le contrat de construction de sous-marins.
Canberra a opté pour la coopération avec Washington et Londres, annonçant un nouveau partenariat sécuritaire appelé Aukus. Leur première initiative a été la dotation de la flotte australienne en sous-marins à propulsion nucléaire. Il n'y a pas eu de place pour la France dans ce projet.
Outre le préjudice économique subit par la France après la perte de ce contrat de 66 milliards de dollars, il convient également de prendre en compte les facteurs politiques. Les Français l'ont qualifié de "coup de poignard dans le dos". Sans qu'il y ait pour autant un anti-américanisme particulier dans le pays.
Point d'ébullition
Il existe également d'autres points d'ébullition en Europe. Ainsi, la Pologne exige périodiquement des réparations à l'Allemagne pour le préjudice causé pendant la Seconde Guerre mondiale. Qui s'élèverait, d'après les Polonais, à 850 milliards de dollars. Le gouvernement allemand a rappelé plusieurs fois qu'en 1953 déjà la Pologne avait officiellement renoncé aux réparations. Mais Varsovie estime que cet engagement avait été signé sous la pression de l'URSS.
Autre problème, le conflit de Bruxelles avec la Pologne et la Hongrie. L'UE bloque l'allocation de fonds du budget européen commun aux membres "récalcitrants", ce qui est précisément le cas de Varsovie et de Budapest.
Le fait est que la Pologne insiste sur la primauté de son droit sur le droit de l'UE, tandis que la Hongrie a adopté des lois contre la propagande LGBT. Les pays baltes critiquent également l'UE, dont la politique a entraîné la dégradation de ces pays et un exode colossal de la population.
C'est aussi le cas des Grecs, qui rêvent d'en sortir. La Grèce a critiqué la réaction de l'Allemagne à la capture de facto d'une partie du plateau continental en Méditerranée par la Turquie. Athènes a également déclaré que les autres pays de l'UE faisaient de plus en plus pression sur lui par rapport à la crise d'afflux de migrants clandestins en Europe. La Grèce est le premier pays touché par le flux de réfugiés.
Faut-il s'attendre à un effondrement?
Certes, tous ces litiges et revendications mutuelles existent tout simplement pour l'instant. Mais peuvent-ils entraîner un effondrement de l'UE?
Probablement pas si la situation économique était stable en UE. Or la situation se dégrade. Elle fait face à une crise énergétique, qui a commencé en 2021. Les prix du gaz en Europe sont montés en flèche sur fond de passages aux énergies renouvelables et de réduction des livraisons de Norvège, de Russie et de gaz naturel liquéfié (GNL) des États-Unis, ainsi que de hausse de la demande.
L'UE manquait d'abord de gaz, et maintenant de pétrole. La situation deviendra tout simplement catastrophique après les sanctions imposées à la Russie. Car l'Allemagne a suspendu la certification du gazoduc Nord Stream 2. Difficile à dire quelle sera la situation sur les marchés du pétrole et du gaz dans une semaine, mais la crise a déjà porté préjudice à l'économie de l'UE.
La situation autour de l'Ukraine a également impacté la foi en la possibilité d'une protection par les pays de l'Otan. Pourquoi l'Europe aurait-elle besoin de l'Otan alors que dans le cas de l'Ukraine elle s'en est lavée les mains? Et les Européens ordinaires ne veulent ni sanctions ni confrontation. Ils veulent avoir du gaz bon marché et du chauffage à la maison. Personne n'a besoin d'une guerre.
Les États-Unis ont clairement pris conscience du fait qu'une UE puissante était une menace pour Washington. C'est pourquoi le contingent de l'Otan en Europe remplit purement une fonction policière: empêcher le renforcement de l'UE. Quant à son effondrement - aucun problème.
Par conséquent, le déclin de l'Occident n'est plus très loin.
Alex Castroneves
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