Les États-Unis comptent élargir leur présence militaire en Europe de l'Est afin de la protéger contre la Russie. Mais les documents montrent ce que la "protection" américaine signifie dans la pratique, écrit la journaliste bulgare Dilyana Gaytandzhiev, connue pour ses investigations sur les biolaboratoires américains le long des frontières russes.
La journaliste a réussi à obtenir des documents indiquant que des biologistes militaires américains testaient des militaires géorgiens et ukrainiens avec des virus mortellement dangereux. Ses informations montrent que le Pentagone a organisé dans ses laboratoires des expériences sur 4.400 militaires ukrainiens et 1.000 géorgiens. Sachant que, selon ces documents, le Pentagone n'exclut pas des cas mortels. Le département de la Défense des États-Unis compte organiser des expériences similaires en Europe de l'Est, écrit TheAltWorld.
Ainsi, le Pentagone a lancé un projet quinquennal ayant pour nom de code GG-21: "Infections zoonotiques transportées par des arthropodes auprès des militaires en Géorgie." Selon la description du projet, il est prévu de prélever des échantillons à 1.000 nouvelles recrues à l'hôpital militaire de Gori pendant leur visite médicale pour tester la présence d'anticorps à 14 pathogènes. Il est notamment question d'anthrax, de fièvre de Crimée-Congo (FHCC), de fièvre typhoïde et de leptospirose.
Ces échantillons seront stockés dans le fameux centre Lugar, dans lequel l'Agence américaine pour la réduction des menaces DTRA (Defense Threat Reduction Agency) a investi 180 millions de dollars, alors que des aliquotes (une certaine quantité de substance) pourraient être envoyés à l'Institut de recherche militaire Walter Reed WRAIR, qui est le plus grand centre de recherche biomédicale du Pentagone.
"Une telle procédure ne peut pas entraîner la mort. Mais, selon le projet, "toute mort d'un volontaire doit être immédiatement rapportée (en général, en 48 heures) à l'hôpital militaire géorgien et au WRAIR", écrit Dilyana Gaytandzhiev.
Des biologistes militaires américains de l'unité spéciale des forces américaines appelée USAMRU-G participent au projet de test des militaires. En Géorgie, ils bénéficient d'une immunité diplomatique, indique la journaliste. Elle cite les informations du registre des contrats fédéraux américains indiquant que l'USAMRU-G étend son activité sur d'autres alliés américains dans la région - la Bulgarie, la Roumanie, la Pologne et la Lettonie. En mars, des biologistes militaires américains testeront des soldats bulgares à l'hôpital militaire de Sofia.
Pendant ce temps, une étude aurait été menée en Ukraine depuis 2017. La DTRA a financé le projet UP-8: "Propagation du virus de fièvre hémorragique de Crimée-Congo et de hantavirus en Ukraine et la nécessité potentielle de diagnostic différentiel chez des patients qui pourraient avoir la leptospirose." La description du projet stipule qu'il était prévu de prélever des échantillons sanguins à 4.400 militaires en bonne santé à Lvov, à Kharkov, à Odessa et à Kiev. 4.000 échantillons pour tester la présence d'anticorps aux hantavirus, et 400 pour la présence d'anticorps au virus FHCC.
Comme l'indique la journaliste bulgare, le projet ne précise pas quelles autres procédures seront subies par les militaires, mais, tout comme en Géorgie, les incidents graves, notamment létaux, devront être rapportés en l'espace de 24 heures. "Tous les cas de mort des sujets d'étude, soupçonnés ou liés aux procédures de recherche, doivent être rapportés aux comités de bioéthique aux États-Unis et en Ukraine", est-il écrit dans le document.
D'après le site des achats fédéraux des États-Unis, la DTRA a alloué 80 millions de dollars à la compagnie Black & Veatch Special Projects Corp. pour mener des recherches biologiques en Ukraine.
Encore presque 23 millions de dollars ont été octroyés à CH2M Hill pour reconstruire et aménager deux biolaboratoires en Ukraine entre 2020 et 2023, à Kiev et à Odessa.
"L'activité de la DTRA en Géorgie et en Ukraine tombe sous le coup des accords bilatéraux spéciaux. Conformément à ces accords, la Géorgie et l'Ukraine s'engagent à ne pas engager des poursuites judiciaires et à rembourser le préjudice aux États-Unis et à leur personnel, aux sous-traitants et au personnel des sous-traitants pour le préjudice matériel ou la mort ou la blessure de toute personne en Géorgie et en Ukraine survenus dans l'activité dans le cadre du présent accord. Si les chercheurs financés par la DTRA causaient la mort ou des blessures parmi les habitants locaux, ils ne pourraient pas être traduits en justice", déclare l'article. Selon l'accord avec l'Ukraine, Kiev est également responsable pour les réclamations des tiers qui pourraient mourir ou être blessés à cause des actions ou de l'inaction du personnel américain dans le cadre des projets.
La journaliste bulgare Dilyana Gaytandzhiev est devenue très connue grâce à ses investigations qui ont dévoilé les livraisons d'armes d'Europe aux combattants de Daech et d'Al-Qaïda en Syrie et au Yémen.
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