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Le gouvernement américain est indigne de confiance, même pour les alliés

Le 8 janvier, le site d'information grec Defence-point.gr a annoncé: les États-Unis ont notifié la Grèce, Chypre et Israël qu'ils ne soutenaient plus le projet de construction du gazoduc de la Méditerranée orientale (EastMed) "aussi bien pour des raisons écologiques qu'économiques". L'administration américaine estime que ce projet "provoque des tensions dans la région". 

L'accord de construction de EastMed a été signé par la Grèce, Chypre et Israël en janvier 2020 à Athènes. Il était censé permettre d'entamer l'acheminement d'hydrocarbures du gisement israélien Leviathan et du gisement chypriote Aphrodite via les îles de Chypre et de Crète vers la partie continentale de la Grèce, et à terme probablement livrer du gaz jusqu'en Italie. Le gazoduc devait être long de 1.900 km, dont 1.300 km sous l'eau. La capacité prévue du gazoduc EastMed s'élève à 10 milliards de mètres cubes par an. Ce projet est soutenu par l'UE et les compagnies internationales, qui effectuent des travaux d'exploration en Méditerranée orientale. 

La Turquie s'y est immédiatement opposée. Ankara recherche actuellement du gaz dans les eaux territoriales chypriotes, affirmant que ces eaux appartiennent aux Turcs chypriotes au même titre qu'aux Grecs. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a décidé de contrarier les Grecs en signant un accord avec la Libye, puis a déclaré que désormais la Grèce, Chypre et Israël ne construiraient pas EastMed sans l'autorisation d'Ankara et de Tripoli. 

Pourquoi la position des États-Unis a-t-elle changé? Le communiqué du site grec note que la Grèce et Chypre "restent des alliés fidèles des États-Unis et n'ont jamais causé de problèmes à Washington, contrairement à la Turquie". Defence-point.gr estime que le changement de la position de Washington est lié à la décision d'éviter des conflits avec le président turc jusqu'aux élections dans ce pays en juin 2023. "Les Américains espèrent que le président sortant perdra… Cependant, dans le contexte de cette mauvaise politique d'impasse, ils mettent en péril leurs relations avec trois alliés fidèles: Israël, Grèce et Chypre", écrit le média grec. 

En 2019, le congrès américain a approuvé un projet de loi sur la coopération avec les pays de la Méditerranée orientale dans le secteur énergétique, considérant cette coopération comme un contrepoids aux revendications énergétiques de la Russie et de la Turquie en Méditerranée. La nouvelle loi cherchait à faire des États-Unis un acteur clé sur le marché gazier en Méditerranée orientale, à renforcer les liens avec la Grèce dans le secteur militaire et à lever l'embargo sur les livraisons d'armes à Chypre en vigueur depuis quatre décennies. Cette loi a confirmé l'intention des États-Unis de contenir les ambitions de la Turquie en Méditerranée. Et voilà que maintenant Washington fait marche-arrière. 

Les autorités grecques n'ont pas encore réagi publiquement. Elles sont perdues et ne savent pas quoi répondre. 

"Évidemment, nous allons vers un triomphe d'Erdogan et une lourde défaite diplomatique et de défense de la Grèce", déclare le porte-parole du parti grec Mouvement vert Nikos Karabasis, rappelant que conformément au nouvel accord de défense la Grèce met à disposition des Américains de nouvelles bases, notamment le port d'Alexandroupolis, lequel, selon les représentants américains, sera utilisé pour projeter du matériel militaire et du personnel en Europe de l'Est et en Ukraine. D'après Nikos Karabasis, le gouvernement grec "n'a pas expliqué pourquoi nous nous ingérons dans la crise ukrainienne en refroidissant nos relations avec la Russie ou pourquoi nous avons envoyé des missiles Patriot en Arabie saoudite en affaiblissant notre défense alors que les Américains en sont partis". 

Il faut dire que certains pays de l'UE avaient toujours douté de l'utilité de la construction du gazoduc EastMed. Comme l'a écrit en 2020 le quotidien allemand Die Welt, "l'utilité pour la sécurité énergétique de l'UE est minimale à cause d'une faible capacité du gazoduc EastMed, de seulement 10 milliards de mètres cubes. Ce n'est même pas un cinquième du gazoduc Nord Stream via la mer Baltique et n'aura pas d'impact significatif sur la sécurité énergétique de l'Europe". 

Quoi qu'il en soit, après l'accord de la Grèce de mettre à disposition son territoire pour de nouvelles bases américaines, les États-Unis ont "laissé tomber" leur allié de l'Otan. Ils ont laissé démonstrativement comprendre que la Grèce n'était pas aussi importante pour Washington que la Turquie. 

Les États-Unis ont montré une fois de plus qu'aucun gouvernement, même un allié, ne pouvait lui faire confiance.

Alexandre Lemoine

Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs

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