Le titre de «Blitzkrieg» est sorti du magazine français Le Point. Observateur Continental, intrigué par le choix de ce vocable nazi et liant une terminologie de guerre pour envahir un espace vital (Lebensraum), a décidé de jeter un œil plus proche sur cette guerre éclaire annoncée.
Déjà au début de la pandémie, Emmanuel Macron avait lancé que nous étions en guerre. Une volonté de conquête se trouve dans la stratégie de ce leader français qui adore parler en anglais au lieu du français et qui n'hésite par à employer le mot «guerre». Il se trouve que cet Blitzkrieg s'engage sur des chenilles voulant «construire une voie européenne entre le contrôle d’Etat à la chinoise et la liberté totale à l’américaine».
Macron veut rebondir sur la présidence de l'UE? Le Point explique que derrière cet Blitzkrieg se trouvent «les thèmes, la stratégie et l’équipe d’un président en campagne et qui entend tirer profit de son passage à la tête de l’UE». Les divisions de Macron sont, donc, lancées pour gagner et aussi écraser. Sa campagne est aussi celle de la France tout en étant celle de l'UE. Pour un Blitzkrieg, il faut des divisions de soldats et des moyens. Le journaliste du Point voit Emmanuel Macron tel Napoléon tenant le drapeau de l'UE sur le pont d'Arcole. Est-ce que Emmanuel Macron se prend pour Napoléon 1er?
La réponse se trouve du côté de Renew Europe (RE) ou Renaissance qui est le successeur direct de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE). Rejointe par les élus français de La République en marche (LaREM) et leurs confrères roumains de la liste USR-PLUS (Union Sauvez la Roumanie et Parti de la liberté, de l’unité et de la solidarité), la nouvelle formation centriste créée le 12 juin 2019 s’impose comme la troisième force politique du Parlement européen. Renew Europe forme aujourd'hui les Panzerdivisionen sur l'UE de 22 Etats européens. Le groupe défend une vision fédéraliste de l’Europe, favorable à un approfondissement de la construction européenne et dit partager la défense des libertés individuelles. Le 1er janvier prochain, Emmanuel Macron prendra la présidence tournante de l'UE à quatre mois de la présidentielle.
Du lundi 6 au mercredi 8 septembre, Renew Europe a participé à une série de réunions à Paris, à l'initiative de la délégation Renaissance France. La visite du groupe et de ses députés européens -90 eurodéputés du groupe qui avaient rendez-vous dans les jardins de l’Elysée pour rencontrer le président français- a été l'occasion de discuter des priorités stratégiques du groupe mais aussi de renforcer les relations avec les autorités françaises, à six mois de la présidence française du Conseil européen.
Observateur Continental apprend que «Renew Europe combat pour la renaissance européenne en mettant fin à la domination des Conservateurs et des Socialistes afin d’améliorer l’UE» et qu' «à l’issue de son séminaire de rentrée à Paris, Renew Europe a adopté la Déclaration de Paris qui sera la feuille de route de notre famille politique [d'Emmanuel Macron] pour les prochains mois». Le leitmotiv de Renew Europe est, «à l’heure où l’état de droit et la démocratie sont menacés dans certaines régions d’Europe», de défendre «les personnes qui souffrent des tendances illibérales/autoritaires et nationalistes qui ressurgissent dans un trop grand nombre de pays». Ce qui surprend, en paraissant contradictoire, à voir le contenu du Blitzkrieg. «Notre mission est de renouveler l’Europe», a déclaré le président de Renew Europe, Dacian Cioloș, député EU du Partidul Libertate, Roumanie. L'idée d'une France forte, souveraine et indépendante n'est, donc, pas l'objectif.
Selon les députés européens du groupe Renew Europe, «il est indispensable qu’Emmanuel Macron soit réélu en France». L'ancienne sénatrice et eurodéputée, Fabienne Keller, a été subjuguée par le «le président de la République» qui «a une conviction européenne très forte». Pour Emmanuel Macron, «l'Europe [est] plus unie et plus solide depuis la crise sanitaire en matière de santé, grâce à la stratégie vaccinale mise en place, mais aussi sur le volet économique, via le plan de relance avec une réponse européenne à la crise beaucoup plus rapide qu’en 2008».
La feuille de route - le Blitzkrieg - établie lors de la rencontre entre les 90 députés de Renew Europe et le locataire de l'Elysée a été précisée: «Elle devrait s’articuler autour des dossiers suivants: la mise en œuvre du green deal (le pacte vert), le renforcement de l’Etat de droit en Europe, l’indépendance de la justice, la liberté de la presse, la séparation des pouvoirs». Renew Europe fait référence à «une vigilance qui fait suite aux dérives populistes et autoritaristes constatées en Hongrie ou en Pologne». L' autre priorité de cet Blitzkrieg est «la régulation du numérique avec la mise en place d’un modèle européen et la lutte contre la désinformation et la manipulation des réseaux sociaux». Fabienne Keller de Renew Europe explique qu' «en matière de numérique, il y a une voie européenne à construire entre le contrôle d’Etat à la chinoise et la liberté totale à l’américaine».
Olivier Renault
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