Le Général français (2S) Dominique Delawarde – Ancien chef «Situation-Renseignement-Guerre électronique 19» à l’état-major interarmées de planification opérationnelle, expert de la guerre cybernétique, avait annoncé la débâcle américaine en Afghanistan et en Afrique pour la France dès le début de la pandémie.
Les événements actuels confirment son analyse et lui permet de se demander: Quelle crédibilité reste-t-il au président des Etats-Unis et à la coalition occidentale qu’il dirige (Etats-Unis, UE, Otan?
Dominique Delawarde fait remarquer une différence entre les déclarations du président US et celles du Pentagone en publiant une vidéo des propos de Biden et une autre vidéo qui montrait une différence entre les déclarations du président US et celles du Pentagone. Dès le début de la crise sanitaire, l'expert avait analysé les grands changements qui sont en train d'arriver. Observateur Continental a repris des passages de son analyse.
L’après Covid-19: Evolution des problématiques de défense. Analyser l’évolution post-Covid-19 des problématiques de défense, c’est d’abord partir de ce qu’elles étaient au début de l’année 2020, trente années après le dernier événement majeur qui a changé considérablement la donne sur la planète: la victoire du camp occidental dans la Guerre froide en 1990. C’est, ensuite, voir comment la pandémie a impacté les paramètres principaux qui conditionnent directement ou indirectement ces problématiques de défense sur la planète. C’est mettre l’accent sur les plus grandes puissances, seules à pouvoir vraiment influer sur ces problématiques: les cinq puissances nucléaires membres du Conseil de Sécurité de l’Onu, auxquelles on peut ajouter l’Inde, le Pakistan, l’Iran, la Turquie et Israël. Le camp occidental sortira, à n’en pas douter, perdant de cette pandémie. Son bras armé, l’Otan, devra très probablement modérer son activisme et son agressivité. Si ambitieux soit-il, son nouveau concept stratégique 2021 qui désignera nommément les deux menaces prioritaires, Chine et Russie, sera de plus en plus compliqué à mettre en œuvre.
Une situation pré-pandémique mondiale, européenne et française de plus en plus tendue. A la veille de la pandémie, les tensions nationales et internationales se sont développées à un niveau rarement atteint depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’horloge de l’apocalypse symbolisant l’imminence d’un cataclysme planétaire, qui doit se produire quand elle atteindra minuit n’est désormais plus qu’à 100 secondes de cette heure fatidique et continue d’avancer. Comme la Covid-19 aujourd’hui, ces tensions concernent l’ensemble de la planète et sont liées à des rivalités et des affrontements de toutes natures entre Etats membres de la communauté internationale, entre alliances concurrentes, entre cultures et visions du monde différentes. (…) On retrouve, bien sûr, les tensions traditionnelles entre l’Est et l’Ouest, entre le Nord et le Sud. La volonté obstinée d’extension hégémonique à l’Est de la coalition occidentale se heurte à une résistance de plus en plus déterminée et efficace de la Russie, de la Chine et de leurs alliés, ainsi qu’à des appareils de défense de plus en plus puissants et organisés (…). Les mesures unilatérales prises par les Etats-Unis pour tenter de faire plier tous les Etats, alliés compris, et toutes les grandes organisations qui refusent de se soumettre à leurs diktats, n’arrangent évidemment pas les choses. (Interventions ou gesticulations militaires, sanctions économiques, utilisation comme arme du dollar et de l’extraterritorialité de leur législation, retrait de traités et d’organismes internationaux de toutes natures: commerciaux, climatiques, diplomatiques, culturels…).
Des tensions sont également observables au sein même des alliances qui s’opposent et des Etats qui les composent. Au sein de l’Otan, les Etats-Unis reprochent aux Européens la faiblesse de leurs efforts budgétaires de défense. Ces derniers reprochent aux Etats-Unis leur unilatéralisme dans les prises de décision et dans la définition des objectifs de l’Alliance, leurs excès dans l’application de l’extraterritorialité de leur législation, l’utilisation du dollar comme une arme utilisée à leur profit, l’application de sanctions abusives entre alliés (North Stream 2) et le pillage de leur appareil industriel et de leurs technologies.
Les Etats de la composante européenne de l’Otan sont eux-mêmes divisés, notamment sur trois sujets importants: celui de l’indépendance nationale abandonnée par la plupart des Etats membres, mais revendiquée par d’autres (Brexit) ; celui des modalités de règlement de la crise migratoire, et celui des attitudes à adopter à l’égard de la Russie, des Etats-Unis et de la Chine. Il ne faut pas occulter les relations conflictuelles entre certains pays membres de l’Otan: Turquie versus France et Grèce en Méditerranée par exemple (...).
Le choc économique découlant de la pandémie affectera plus durement le camp occidental et ses capacités de défense. Il ne peut y avoir de défense solide sans un appareil militaire puissant et une société unie et solidaire pour le mettre en œuvre et le soutenir dans l’action. C’est ce que la pandémie va remettre en cause dans le camp occidental (...). Reposant sur cet océan de dette et sur une économie US en difficulté, le dollar, monnaie universelle imprimée sans la moindre retenue par les planches à billets US, sera fragilisé et devrait perdre, plus rapidement que prévu, son statut hégémonique sur la planète. Dans ces conditions, les militaires occidentaux comprendront très vite que les dépenses de défense ne seront plus prioritaires dans les prochaines années. Les budgets prévus dans les plans pluriannuels ne pourront pas être tenus. Les objectifs de financement de l’Otan ne le seront pas davantage. Les outils de défense de chacun des Etats membres de la composante UE de l’Otan, dont les financements avaient déjà été divisés par deux ou trois depuis la chute du mur de Berlin (...) vont finir de se déliter. La supériorité militaire va très vite changer de camp. Le choc social et sociétal post-pandémique affectera davantage le camp occidental et donc ses capacités de défense (...). Les déploiements militaires à l’étranger et les opérations extérieures des pays occidentaux devraient évoluer à la baisse.
Exemple, l'Afghanistan. Ainsi, au début de la crise sanitaire, Le Général français (2S) Dominique Delawarde avait bien vu: «Les très nombreuses implantations militaires à l’étranger qu’elles soient US ou d’un autre pays membre de l’Otan (France et Royaume-Uni) coûtent cher à entretenir dans la durée. Dans le contexte de restrictions économiques post-pandémiques, il est peu probable que ce type de déploiement et d’actions tous azimuts, initié par la coalition occidentale, se développe davantage. Au contraire, il ne serait pas surprenant que le retrait de forces US de certains pays (Afghanistan, Syrie, Irak) ou de forces françaises (Afrique) soit annoncé dès 2021. Cela dépendra du président US élu en Novembre et des bilans économiques dressés en fin d’année».
Source: https://reseauinternational.net/biden-et-lafghanistan-quelques-courtes-infos-sur-lequilibre-du-monde/
Dominique Delawarde
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