Le directeur de la CIA William Burns s'est rendu en Israël. Le but de sa visite, selon la presse, consiste à rassurer dans la mesure du possible son allié et de faire en sorte que les Israéliens ne fassent pas obstacle aux négociations avec l'Iran.
La perspective du retour des Etats-Unis dans le Plan d'action global commun sur le nucléaire iranien et, en conséquence, l'assouplissement des sanctions américaines contre l'Iran effrayent sérieusement les autorités israéliennes.
Le service de presse du premier ministre israélien Naftali Bennett n'a pas annoncé le programme de la visite du directeur de la CIA. Cependant, d'après les médias, William Burns a l'intention de visiter à la fois le territoire israélien et palestinien. Selon la chaîne Al-Arabiya, le directeur de la CIA compte s'entretenir avec les hauts responsables israéliens, notamment Naftali Bennett et le chef du Mossad David Barnea. Le site israélien Walla News rapporte que pendant la rencontre avec ces deux représentants William Burns compte essentiellement parler de l'Iran. "Israël espère entendre davantage concernant la politique américaine par rapport au gouvernement iranien et à l'éventuel retour de Washington dans l'accord nucléaire de 2015", écrit le site Axios se référant à des représentants israéliens.
L'administration du président américain Joe Biden a déclaré à plusieurs reprises que son intention d'améliorer les relations avec l'Iran n'était pas dirigée contre Israël. Afin de prouver que la politique américaine au Moyen-Orient ne changera pas foncièrement le nouveau chef de l'Etat n'est pas revenu sur la décision de son prédécesseur Donald Trump de déménager l'ambassade américaine à Jérusalem et de reconnaître la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan.
Cependant, à présent les relations israélo-américaines ont été de nouveau mises à l'épreuve. Car la "guerre de l'ombre" bat son plein. Il est question d'une série d'incidents avec des navires dans le golfe Persique et dans les eaux attenantes. L'Iran nie son implication dans l'attaque du 29 juillet au large d'Oman contre le pétrolier Mercer Street, appartenant au Japon mais contrôlé par une compagnie israélienne. Toutefois, les autorités israéliennes, britanniques (l'un des membres d'équipage tués est britannique) puis américaines ont accusé les Iraniens de cette attaque. Sachant que la réaction israélienne à cet événement était la plus controversée. Ainsi, le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab s'est contenté de dire que la réaction de son pays à cette attaque serait convenue avec les alliés. Mais Naftali Bennett a été plus ferme. "Nous espérons que la communauté internationale fera comprendre au régime iranien qu'il a commis une grave erreur", a-t-il déclaré. Le journal koweïtien Al Jarida, se référant à ses sources, affirme qu'Israël possède une liste de cibles iraniennes pour riposter à l'attaque du Mercer Street. Soi-disant le Mossad serait prêt à lancer une attaque contre l'une de ces cibles à tout moment. Si cela arrivait, cela ferait échouer le prochain cycle des négociations sur le retour à l'accord nucléaire, qui devrait avoir lieu quand le nouveau président iranien Ebrahim Raïssi constituera le gouvernement qui sera approuvé par le parlement local. C'est-à-dire fin août ou début septembre.
William Burns semble convenir pour le rôle de celui qui persuadera Israël au moins de retarder la riposte contre les Iraniens. Même s'il a travaillé au département d'Etat américain sous la présidence de Barack Obama, il n'est pas associé à l'équipe de cet ancien président qui est revenue en grande partie à la Maison blanche après l'élection de Joe Biden. William Burns s'occupe depuis longtemps de la politique étrangère des Etats-Unis au Moyen-Orient. Il a été ambassadeur des Etats-Unis en Jordanie, puis conseiller du secrétaire d'Etat pour cette région dans l'administration de George W. Bush. Par conséquent, William Burns est prêt à parler aux Israéliens non pas en tant qu'émissaire de l'administration démocrate, mais avant tout en tant que professionnel qui connaît bien la situation au Moyen-Orient.
Alexandre Lemoine
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