La ministre française des Armées, Florence Parly, avait beau s'agiter à travers des déclarations sur la solidité du projet, notamment, franco-allemand Scaf, sans oublier l'Espagne, les signes extérieures ne pouvaient pas tromper notre rédaction. Un rapport secret allemand a été découvert concernant le projet Scaf et confirme notre analyse.
Observateur Continental avait écrit ce 30 avril dernier, «même si la ministre française des Armées, Florence Parly a montré une position rassurante lors de la conférence de presse conjointe du 20 avril dernier avec Annegret Kramp-Karrenbauer, la ministre allemande de la Défense, en parlant, «d’une grande confiance mutuelle et d’un partenariat opérationnel éprouvé entre nos deux pays» ou que «nous poursuivons depuis 2017 un objectif extrêmement ambitieux: doter nos armées respectives d’un nouvel avion de combat commun (…) le Scaf», le général Eberhard Zorn a, lui, bien envisagé le Scaf pas avant 2040».
En fait, Eberhard Zorn, évoquait une date lointaine car il devait certainement savoir que l'objectif de Berlin était de ralentir le projet car celui-ci ne plaisait tout simplement pas aux services allemands. Il ne fallait pas le dire ouvertement aux Français. De nouveau, la France est ridiculisée. On peut se poser des questions sérieuses sur la position rassurante de Florence Parly déclamant le succès du projet Scaf. Selon nous, la position du général allemand sentait l'arnaque. Et nous ne sommes pas trompés. Car, voilà que le Spiegel a révélé que les services secrets allemands avaient rédigé un rapport sur l'intérêt du projet Scaf, expliquant aux responsables politiques de Berlin que cela n'était pas du tout dans celui de l'Allemagne de s'y engager.
Berlin indique clairement que le travail franco-allemand n'existe pas. Les désaccords sont trop forts entre Paris et Berlin pour construire cet avion de combat du futur. Officiellement, la Bundeswehr indique en interne que ce projet est dominé par Paris et que les deux autres pays, l'Allemagne et l'Espagne, sont censés le payer. L'autre argument allemand est de dire qu'il n'y a pratiquement pas d' «approches technologiques innovantes», comme l'indique NTV. Le Spiegel souligne que, selon les experts allemands, le contrat avec la France et l'Espagne «doit être renégocié d'un point de vue technique et économique».
Du côté allemand, comme rapporté par NTV, les «approches technologiques innovantes» sont de toute façon «difficilement reconnaissables». Cela signifie qu'il existe un risque «que les technologies essentielles ne soient pas du tout envisagées ou ne le soient que dans des phases ultérieures et ne soient alors pas financièrement viables». Berlin voulait, donc, connaître la technologie française? Paris, aurait , donc, agi par méfiance vis-à-vis de son partenaire ayant eu la crainte que Berlin souhaite prendre la technologie avancée de la France des constructeurs Dassault, Thales et Safran?
Deux semaines avant la déclaration commune du président français et de la chancelière allemande du 31 mai dernier sur le Scaf, Eric Trappier, durant une audition de la commission des Affaires étrangères et de la défense du Sénat, a déclaré être inquiet par «l'enchainement des phases et la rapidité de décision du Bundestag allemand».
Cinq jours avant la déclaration conjointe franco-allemande à l'Elysée, Challenges indiquait que «plusieurs sources industrielles contactées démentaient tout accord sur le Scaf, et s’étonnaient d’une annonce jugée totalement prématurée. «Il n’y a aucun accord sur le budget, ni sur la propriété intellectuelle», assurait un industriel. Challenges évoquait «une autre source, passablement énervée» qui indiquait «une posture de communication» et un «communiqué mensonger» des trois Etats, précisant que «ni Airbus, ni Dassault Aviation, ni Thales, ni Safran n’avaient publié de communiqué».
«Dans sa forme actuelle, les experts [allemands] considèrent que le contrat «n'est pas prêt d'être signé». Officiellement, on évoque du côté allemand «des structures et des règles» qui ne sont pas dans l'intérêt allemand et tout en favorisant «presque exclusivement les positions françaises». L'objectif de «développer un avion de chasse de sixième génération» serait manqué. Pour Berlin, le projet deviendrait plutôt une «approche Rafale, avec des fonds budgétaires allemands et espagnols».
Emmanuel Macron et Angela Merkel ont voulu entretenir l’illusion devant les caméras que cette idée de collaboration entre l'Allemagne et la France serait parfaite. Le 31 mai dernier, les deux figures politiques ont déclaré avoir obtenu un accord sur le projet Scaf, en le déclarant dans une conférence ce presse à l'issue du 22ème Conseil des ministres franco-allemand et publiée par l'Elysée.
Le Spiegel de la semaine dernière a finalement indiqué le refus de Berlin de participer au projet Scaf, en accusant la France de le dominer. En fait, la confiance n'existe pas entre les deux partenaires et ce projet semble bien être déjà en train de sombrer. Plus que jamais, l'attitude de Berlin et la méfiance des industriels français montrent que l'idée d'une armée européenne ne peut pas fonctionner.
Olivier Renault
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